Entretien :
Souhil Meddah, expert financier : les atouts qui expliquent la résilience de l’économie nationale
L’économie algérienne a montré «beaucoup de résilience », selon Mme Geneviève Verdier, Cheffe de Division au département Moyen-Orient et Asie Centrale du FMI. Quels sont les atouts qui ont permis à l’Algérie de réussir cette performance ?
Sur le plan de l’équilibre des finances publiques, le degré de résilience annoncé est conforté sur la base des mesures prises pour une limitation drastique des dépenses. Aussi, il est question de revenir sur l’ensemble des activités pendant la première période de confinement, avec le marché du détail qui était toujours actif dans des niveaux très réguliers par rapport aux autres périodes, du secteur privé exerçant dans les services et le commerce, qui sont restés dans des rythmes presque réguliers de fonctionnement.
Il faut aussi noter qu’on 2020, certaines importations n’ont pas fait l’objet d’ouverture libre et directe. D’autre part, il faut aussi compter sur les réserves de change de cette époque et aussi, sur les avantages indirects de la dette financière intérieure (financement non conventionnel) qui se sont cumulés durant les dernières années, notamment vis-à-vis des entreprises qui ont frôlé la faillite ou les risques de cessation de paiement.
Par contre, il faut aussi noter que sur le plan microéconomique et social, certains secteurs ont subi des longues périodes d’arrêt, provoquant des situations de mise en chômage pour certains ménages. Cette situation s’est soldée par une diminution importante des revenus, du pouvoir d’achat pour les ménages et de l’épargne pour l’ensemble des agents économiques.
La masse monétaire avait aussi subi des dysfonctionnements, surtout vis-à-vis de la part de la masse fiduciaire, notamment avec la crise des liquidités de l’été 2020, qui n’était que la résultante d’un arrêt dans la circulation des valeurs fiduciaires entre agents économiques suite à la suspension de quelques activités de services qui contribuaient aux fluidités des valeurs fiduciaires, entre circuit marchand et circuit financier
Aussi, le FMI recommande la qualification budgétaire des contingences en cas de non disponibilité de ressources nécessaires et pour anticiper sur les risques et faciliter les réponses à des chocs financiers extérieurs ». Par quels leviers ?
Notre situation actuelle évolue déjà sur les faveurs des contingentements précédents, qui ont été organisées au début des années 2000. Pour rappel Le Fond de Régulation des Recettes – FRR avait comme deux principales missions. La première étant d’accompagner le processus de remboursement de la dette par anticipation en réservant une partie de sa provision pour soutenir les écarts de cours de parité pendant le remboursement de la dette. La deuxième mission, c’était de collecter une épargne institutionnelle publique pour faire face à d’éventuelles situations difficiles ou crises sur les ressources intérieures. Le FRR n’a pu tenir que deux ans et demi entre fin 2014 et début 2017, à cause de la lourdeur de la dépense publique.
De ce fait, cette sollicitation demeure limitée dans son cadre budgétaire dépensier, alors que la question qui se pose chez nous est : quels seront nos futurs modèles ? quel sera le planning de leur mise en œuvre ? Comment les financer et les recycler ? Comment en tirer les meilleurs profits ? Et enfin, quels seront les rôles successifs que vont jouer l’Etat et tous les autres agents économiques !
Propos recueillis par Mohamed Ait Said