Entretien
Yefri Bezerga président de l’association des Algériens de Charente Maritime : « Une réponse forte à la France s’imposait ! »
Fils de Moudjahid, issu d’une grande famille révolutionnaire, Yefri Benzerga, président de l’association des Algériens de Chatente-Maritime, et membre actif du réseau EUCOCO de défense du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, revient dans cet entretien sur les nombreuses affaires qui empointent les relations entre Alger et Paris. Si pour lui, la fermeté de notre diplomatie s’impose de facto, cette sévère détérioration est liée à la gestion désastreuse de la diplomatie française sous le règne « jupitérien » du président Macron. dans cet entretien notre interlocuteur parle sans fard de Sansal, Daoud, les complots français contre Alger et sa cinglante réplique. Bonne lecture. Et bons partages.
Propos recueillis par Mohamed Abdoun
La Patrie News : L’Algérie vient de convoquer l’ambassadeur de France chez nous pour une ultime et sévère mise en garde à cause des manœuvres en coulisses déployées tous azimuts par Paris en vue de nuire à Alger. Quel est votre commentaire sur ce sujet diplomatique sensible ?
Yefri Benzerga : Face à la récente convocation de l’ambassadeur de France à Alger par les autorités algériennes, et ceux suite à des accusations graves concernant l’ingérence française et la protection de mouvements déstabilisateurs, bien sûr qu’une réponse forte s’impose pour défendre les intérêts suprême de la nation et la souveraineté algérienne.
Cet épisode reflète et révèle encore une fois la gestion désastreuse de la diplomatie française sous Emmanuel Macron depuis 2017, marqué par des provocations répétées envers l’Algérie et des positions unilatérales, notamment sur le dossier du Sahara occidental, en violation du droit international allant jusqu’à balayer d’un revers de main une doctrine de la politique étrangère française initié par le général de Gaulle.
L’Algérie, fidèle à ses principes, ne peut accepter de telles atteintes à sa dignité. Les actions françaises, allant de leur soutien au Maroc sur le dossier Sahraoui à une supposée campagne de déstabilisation via des agents infiltrés, montrent une tentative flagrante de détourner l’attention des profondes crises sociales et politiques qui secouent actuellement profondément la France 4 premiers ministres en 1 an du jamais vu dans les anales de la République française.
L’instabilité croissante, les manifestations récurrentes et les tensions communautaires en France, la forte baisse du pouvoir d’achat, reflètent une gestion interne chaotique, tandis que le pouvoir jupitérien tente de détourner l’attention par des manœuvres qui ne trompent personne.
L’Algérie, avec fermeté et maturité, rappelle que son indépendance et sa souveraineté ne sont pas et ne seront jamais négociables. En réaction, elle a déjà pris des mesures, comme le rappel de son ambassadeur cet été, et se tient prête à renforcer ses positions pour protéger ses intérêts nationaux. Il est évident que la stratégie française s’inscrit dans une politique erratique et inefficace qui fragilise ses propres relations internationales et met en lumière une perte de crédibilité à l’échelle mondiale.
L’arrestation de Boualem Sansal a rapidement déclenché un torrent de réactions haineuses et d’anathèmes contre l’Algérie. à croire que tout était prémédité d’avance. Quel est votre avis et votre réaction sur cette affaire ?
L’Algérie est un État souverain qui applique ses lois sans aucune ingérence ni considération pour les pressions ou les polémiques et là en est la preuve criante de notre indépendance nationale. L’arrestation de Boualem Sansal doit être replacée dans le cadre légal et factuel qui a motivé cette décision, et non dans le cadre des interprétations biaisées ou des campagnes orchestrées contre notre pays.
Les réactions hostiles qui ont suivi cet événement révèlent, malheureusement, une tendance systématique de certains cercles à diaboliser l’Algérie dès qu’elle agit pour préserver ses principes et ses institutions n’allons pas chercher loin ces cercles sont principalement et essentiellement ceux des nostalgiques de l’Algérie Française.
Ces campagnes ne cherchent pas à établir la vérité mais à nuire à l’image d’un pays fort et indépendant. Ce n’est pas la première fois que Boualem Sansal, par ses propos ou ses actions, alimente des discours contraires à l’intérêt national, ce qui ne peut être ignoré ni toléré.
Nous appelons à un respect total des procédures judiciaires en cours, qui se déroulent en conformité avec les lois de la République algérienne. Par ailleurs, il est primordial que cessent les discours haineux et les manipulations extérieures qui visent à déstabiliser notre pays. L’Algérie continuera à défendre sa souveraineté, sa dignité et les valeurs qui font sa force et surtout l’indépendance de l’institution judiciaire.
Si Boualem Sansal était en mission commandée, est qu’il ya un lien de causalité entre son affaire et celle de Kamel Daoud ?
Il est évident que les affaires Sansal et Daoud ne sont pas des cas isolés, mais s’inscrivent dans un schéma récurrent visant à ternir l’image de l’Algérie sur la scène internationale. Bien que les contextes diffèrent, le dénominateur commun reste l’exploitation de figures « publiques » même si elles sont peu connues en Algérie à vrai dire, pour servir des agendas extérieurs hostiles à notre souveraineté et à notre cohésion nationale.
Dans l’affaire Kamel Daoud, nous avons vu comment un écrivain a été propulsé sur le devant de la scène médiatique internationale, souvent en contradiction avec les sensibilités et les valeurs de la société algérienne. Boualem Sansal, de son côté, a adopté des positions similaires qui ont suscité des controverses, non pas pour leur créativité ou leur contenu artistique, mais pour leur instrumentalisation dans des campagnes de dénigrement contre l’Algérie.
Ces deux cas illustrent une même logique : celle de chercher à utiliser des figures « culturelles et intellectuelles » pour affaiblir l’image de notre pays, semer la division et alimenter des narratifs déconnectés de nos réalités historiques, sociales et sociétales. Il est donc important de comprendre que la souveraineté de l’Algérie ne peut être remise en question par ces manœuvres. Nous avons des institutions solides, des lois claires et un cadre juridique qui protège à la fois la liberté d’expression et l’intérêt supérieur de la nation.
Plutôt que de se laisser distraire par ces polémiques fabriquées, nous devons rester unis et vigilants face à ces tentatives de manipulation. L’Algérie continuera de défendre ses valeurs et sa souveraineté, tout en appelant à un débat intellectuel constructif, exempt de toute ingérence ou exploitation politique.
En quoi l’Algérie dérange-t-elle autant ?
L’Algérie dérange, précisément parce qu’elle incarne une souveraineté inébranlable, un attachement à ses valeurs nationales et un refus catégorique de se plier aux diktats extérieurs. Depuis son indépendance, notre pays a toujours su affirmer sa place sur la scène internationale, en défendant des causes justes comme le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et en restant fidèle à ses principes. Ce positionnement dérange ceux qui voudraient voir l’Algérie affaiblie ou docile.
Il est particulièrement curieux de constater que des courants politiques, en particulier l’extrême droite, qui se sont toujours illustrés par leur hostilité envers l’Algérie, prennent soudainement fait et cause pour des « personnalités » comme Boualem Sansal ou Kamel Daoud. Pourquoi cet engouement soudain ? La réponse réside dans leur instrumentalisation de ces figures. Quand certains « Arabes » crachent sur leur pays, leur culture ou leur religion, ils deviennent des outils précieux pour des agendas idéologiques qui cherchent à diviser et à discréditer. Cette défense opportuniste n’a rien à voir avec une véritable adhésion à la liberté d’expression ou à la culture, mais tout à voir avec une stratégie visant à saper les fondements de notre nation et à affaiblir son unité. Pour quoi ceux-ci ne se sont pas levés au nom de cette même liberté d’expression pour le cas de Julian ASSANGE dans l’affaire des Wikileaks ou alors l’affaire Snowden.
L’Algérie, de par son histoire et sa trajectoire, ne se laissera pas déstabiliser par ces manœuvres. Elle reste debout, forte de son peuple et de ses institutions, face à ces attaques déguisées en défense de libertés. Nous refusons d’être le théâtre de luttes idéologiques importées qui n’ont pour seul but que de porter atteinte à notre souveraineté.
En définitive, l’Algérie dérange parce qu’elle est une nation libre, attachée à ses principes et immunisée contre les tentatives de manipulation. Nous appelons à la vigilance face à ces narratifs biaisés et à la solidarité pour préserver notre cohésion nationale contre toutes les formes d’instrumentalisation, qu’elles viennent de l’extérieur ou de ceux qui, de l’intérieur, ont choisi d’en être les relais.
Comment répliquer efficacement à ces attaques ?
Répliquer efficacement à ces attaques exige d’abord de comprendre leur véritable nature. Ces campagnes de dénigrement, souvent orchestrées depuis l’extérieur, cherchent à fragiliser l’Algérie en s’attaquant à ses symboles, ses institutions et à l’unité de son peuple. Face à cela, la meilleure réponse est de rester fidèle à nos principes et de nous appuyer sur ce qui fait la force de notre nation : l’héritage de notre lutte pour l’indépendance, notre souveraineté et notre unité nationale.
D’abord, nous devons nous rappeler que l’Algérie est née dans la dignité et le sacrifice. La Révolution de Novembre a forgé une conscience collective basée sur le rejet de toute domination et sur une solidarité indéfectible entre les fils et les filles de la nation. Ce même esprit révolutionnaire doit nous animer aujourd’hui face à ces attaques. Il nous appelle à défendre nos acquis, à protéger nos institutions et à renforcer notre cohésion nationale.
Ensuite, l’unité nationale est notre arme la plus puissante. Ceux qui critiquent l’Algérie cherchent à semer la division, en utilisant des relais, parfois internes, pour diffuser des discours de haine ou de mépris envers notre pays et ses valeurs. Il est essentiel de dépasser nos différences et de répondre collectivement à ces provocations. Notre peuple a toujours su se rassembler dans les moments critiques, et aujourd’hui encore, cette unité est notre meilleure réponse.
Enfin, nous devons valoriser nos réalisations. L’Algérie d’aujourd’hui, forte de ses progrès en matière de développement, d’éducation et de souveraineté économique, est bien différente de l’image caricaturale que certains tentent de projeter. Nous devons continuer à investir dans notre jeunesse, à soutenir notre culture et à promouvoir nos valeurs sur la scène internationale. C’est en avançant avec détermination et en montrant ce dont nous sommes capables que nous réduirons au silence les critiques infondées.
En résumé, répliquer efficacement, c’est défendre notre dignité avec calme et fermeté, consolider notre unité nationale et poursuivre l’œuvre de nos aînés avec confiance. L’Algérie est un pays fort, porté par un peuple fier et résilient, et nous avons toutes les raisons de croire en notre avenir, quelles que soient les tentatives pour nous freiner.