Espionnage via Pegasus
Une ex-ministre espagnole accuse formellement le Maroc
Une ex-ministre espagnole des affaires étrangères a accusé le Maroc d’avoir procédé à des « écoutes » en 2021 durant la brouille diplomatique avec Madrid provoquée par l’accueil en Espagne du chef des indépendantistes sahraouis pour raisons médicales. « Tout a été utilisé durant cette crise pour couvrir de boue cette aide humanitaire » envers Brahim Ghali, le chef du Front Polisario, a déclaré Arancha Gonzalez Laya dans un entretien publié, mardi, par le quotidien El Periodico de España. « Et quand je dis tout, c’est tout : des écoutes, des plaintes, des campagnes, et notamment des campagnes de presse », a-t-elle ajouté. Le gouvernement de gauche espagnol a assuré que ces piratages au moyen du logiciel israélien Pegasus étaient une « attaque externe », mais a toujours affirmé ne pas savoir qui en était à l’origine, alors que nombre de médias espagnols ont évoqué l’implication de Rabat.
Selon des médias espagnols, le portable de Mme Gonzalez Laya, qui a quitté le gouvernement lors d’un remaniement en juillet 2021, avait également subi une tentative de piratage au moyen de Pegasus. L’ancienne ministre a refusé dans l’interview de répondre aux questions sur ce point. Il y a lieu de rappeler que c’est après une grave crise diplomatique entre Rabat et Madrid en 2021 que le premier ministre Pedro Sanchez, en haut de la liste des personnes victimes de Pegasus, a annoncé le soudain revirement de Madrid sur le dossier du Sahara occidental. Il a mis fin à des décennies de neutralité de l’Espagne en reconnaissant publiquement le plan d’autonomie proposé par Rabat comme la base « la plus sérieuse, réaliste et crédible » pour résoudre ce « différend ». Depuis Sanchez a été désavoué par le parlement espagnol et fait face à d’énormes difficultés. Rappelons enfin que le Maroc avait été accusé à l’été 2021 d’avoir eu recours à Pegasus après une vaste enquête menée par un consortium de 17 médias internationaux, dont Le Monde, mais Rabat avait répliqué en dénonçant des « allégations mensongères et infondées ».
H.Y./agences