Essais nucléaires français en Algérie : un ancien ingénieur témoigne
Jean Claude Hervieux était au cœur des essais nucléaires français à Reggane, dans le Grand sud algérien. Cet ingénieur électricien a assisté à neuf tirs sur un total de dix-sept. Son témoignage a été diffusé ce vendredi soir au journal télévisé de France 3.
L’ancien électricien a gardé des photos de son expérience à Reggane. « On a vu quand même au tour du point zéro tout un enchevêtrement de déchets : des chars, des carcasses d’avion, des camions », se rappelle-t-il.
Par peur d’être exposés à la radioactivité, Jean-Claude Hervieux et ses collègues n’ont jamais voulu s’approcher de cet amas de déchets. « C’était quand même risqué », avoue-t-il.
Avant de partir en 1966, les militaires français ont enfoui, à faible profondeur, dans le sable le matériel contaminé. La quantité des objets laissée, mais aussi les endroits d’enfouissement, demeurent inconnus jusqu’à ce jour.
Interrogé à ce sujet par France 3, le ministère français de la Défense n’a pas souhaité répondre. Car le dossier demeure classé « très secret » soixante ans après le début des essais nucléaires.
A Lyon, une ville située dans le sud de l’Hexagone, l’association ICAN France œuvre pour la déclassification de ces documents. Son porte-parole Jean-Marie Collin a indiqué avoir demandé au ministère français des Armées de rendre public « les listes des objets enfouis et de dresser un inventaire de ce qui reste sur place ».
Le travail de l’association et l’Observatoire des armements semble être payant à une certaine mesure. Un premier document a été obtenu. Il contient une liste de matériels laissés sur place.
Mardi dernier, la Cour administrative d’appel de Nancy, une ville du nord-est de la France, a reconnu trois victimes des essais nucléaires français.
Un quatrième homme a été débouté au motif qu’il n’y avait plus d’essais nucléaires effectués sur le site de Reggane quand il y a séjourné en 1962-63, selon le Figaro.
(Reportage à regarder à partir de la 17ème minute)
Skander Boutaiba