Exclusif/Abderrahmane Mebtoul : « Nous risquons de nous retrouver avec moins de 15 milliards de dollars de réserves de change fin 2021 »
En cas de non-dynamisation de l’appareil productif, nous risquons de terminer l’année 2021 avec moins de 15 milliards de dollars de réserves de change.
C’est ce que nous a révélé, dans cette déclaration exclusive, le Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul. « Actuellement tout l’appareil de production est à l’arrêt, que ce soit les entreprises publiques ou privées, le taux d’intégration ne dépasse pas les 15%».
Ainsi 85% des matières premières sont importées de l’extérieur. Actuellement, 98% de nos exportations sont toujours constituées des hydrocarbures en incluant les produits dérivés. Là, il y a deux données, le gouvernement dit que nous allons terminer l’année en cours avec 44,02 milliards de dollars de réserves de change, mais il y a des statistiques qui le contredisent.
Les derniers chiffres du premier semestre 2020, publiés par l’ONS, révèlent que les importations dépassent les 18 milliards de dollars, alors que les services dépassent toujours les 10 milliards de dollars annuellement depuis 2010.
En se référant à ces deux chiffres, il sera impossible de terminer l’année avec 44 milliards de dollars de réserves de change. Et le FMI prévoit de terminer l’année avec 35 milliards de dollars. A ce rythme nous aurons 15 milliards de dollars fin 2021.
Donc nous allons tout droit vers le FMI début 2022 » met-il en garde. Dans le même ordre d’idée, notre expert rappelle que la valeur de dinar est tenue par les réserves de change, via les hydrocarbures. « Si demain nos réserves de change passent à 15 milliards, le FMI va obliger le gouvernement à dévaluer sa monnaie au moins de 50%.
Autrement dit, on se retrouvera à 300 DA pour un euro. La situation est très critique, espérons que le président rentre très rapidement, pour remettre de l’ordre, car actuellement le Premier ministre ne maitrise pas la situation. C’est une pagaille gouvernementale sur le plan économique. Le gouvernement actuel s’occupe uniquement de la gestion de la Covid » déplore Abderrahmane Mebtoul.
En somme, ces tensions budgétaires ne sont que le reflet d’un taux de croissance de secteurs productifs relativement faible. Pour 2019, le taux de croissance a été de 0,8% pour le gouvernement, 0,7% pour le FMI.
Pour les prévisions 2020, le Fonds monétaire international (FMI) dans son rapport sur les perspectives économiques mondiales publié le 13 octobre 2020 a révisé à la baisse ses prévisions de croissance de l’économie algérienne à -5,5% en 2020, contre -5,2% anticipée en avril 2020 tablant sur un taux de croissance de 3,2% en 2021, contre 6,2% dans son rapport d’avril 2020, soit la moitié de ce qui était prévu et ce, sous réserve de la maîtrise de l’épidémie du coronavirus qui impacte la croissance de l’économie mondiale.
Le projet de loi de finances 2021 est plus optimiste prévoyant une croissance économique nationale de 4,0%, malgré l’hibernation de la majorité des segments productifs une croissance hors hydrocarbures de 2,4% en 2021, 3,37% en 2022 et 3,81% en 2023 % , après un recul de 4,6%, suivant les estimations de clôture de l’exercice 2020.
Yahia Maouchi