Faute de soignants
Les urgences ferment leurs portes en France
Par manque de soignants, les services des urgences de nuit ferment les uns après les autres. Selon les syndicats français, quelques 66 services d’urgence seraient aujourd’hui fermés ou menacés de fermeture au moment où l’association des médecins urgentistes de France réclame une revalorisation des rémunérations. Résultat des courses : « La moitié des soignants sont en arrêt de maladie et une épidémie de démission a alourdi le bilan de cet établissement. Les patients attendent des heures sur des brancards, d’autres sont refoulés et à 18 heures, le rideau tombe. Seuls les cas les plus critiques, acheminés par les pompiers et le Smur, sont pris en charge», s’alarme TF1. « Comme à Orléans (Loiret), les urgences du CHU de Bordeaux (Gironde) vont être fermées la nuit. De nombreux autres établissements hospitaliers sont concernés », rapportent en effet ce jeudi, des médias locaux. « Le plus important centre hospitalier de la Gironde étouffe. La fréquentation a augmenté de près de 50 % depuis le début de la crise sanitaire, mais de nombreux médecins urgentistes ont quitté leur poste », analyse notamment FranceInfo. Ce système de régulation pourrait réduire le nombre d’entrées d’une trentaine de patients chaque jour, et pourrait s’inscrire dans la durée, explique-t-on encore. La situation n’est pas singulière. Elle est similaire dans le Vaucluse, où les « urgences fermeront la nuit, faute de personnels », non sans susciter l’inquiétude des habitants. Aussi, après la fermeture la nuit des urgences de Sisteron, Manosque ou encore Draguignan, c’est au tour de l’hôpital de Cavaillon dans le Vaucluse d’être touché par manque de personnel. « Nous estimons que cela concerne à peu près une centaine de services d’urgences sur les 690 que compte la France », déplore Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes hospitaliers de France. « La situation est catastrophique. Je n’accuse pas les personnels mais les pouvoirs publics qui veulent créer une situation de chaos pour fermer des structures. Il y a un phénomène de grand renoncement avec des personnels qui sont totalement désabusés et qui n’adhèrent plus à l’idée collective et fédérative qu’est l’hôpital public », déplore-t-il en effet dans un entretien à Ouest France. Pour lui, les jours à venir risquent d’être encore plus compliqués. « Cela va être atroce, du jamais vu. Nous allons avoir des décès inopinés et involontaires dans les structures. Cela va être renforcé par l’afflux massif de touristes dans des zones balnéaires où les hôpitaux ne fonctionnent plus, ou seulement avec des médecins intérimaires. Pour l’instant, nous n’avons plus de ministre de la Santé, nous sommes entre deux élections et nous savons qu’aucune décision ne sera prise. C’est terrifiant », a-t-il soutenu.
Y.Y