Financement du terrorisme : la France prise la main dans le sac
Quoiqu’imagé, le titre est douloureusement, et dangereusement, proche de la réalité. En témoigne, entre autres preuves, cette hallucinante somme de 80.000 euros découverte par des éléments de l’ANP dans une casemate terroriste à la suite d’une opération de qualité.
Cet argent, en effet, ne peut provenir que de l’importante rançon, versée par Paris avec l’aide de nombreux intermédiaires, et estimée par des sources sécuritaires à pas moins de 3 millions d’euros. Pas moins de 200 terroristes, détenus au Mali, avaient été libérés en même temps que l’otage française, Sophie Pétronin. L’un des terroristes, dénommé Mustapha Derrar, libérés à la suite de cette transaction douteuse, avait été interpellé à la fin du mois d’octobre passé par les services de sécurité, toujours en état d’alerte. L’armée algérienne a mis la main sur une “tranche de la rançon” qui, selon elle, aurait été versée pour la libération d’otages au Sahel en octobre, dans le cadre d’une opération antiterroriste menée à Jijel (nord-est), a annoncé lundi le ministère de la Défense.
La somme « s’est avérée être la première tranche de la rançon, objet du marché conclu au Sahel le mois d’octobre passé, et supposée être versée au profit des résidus des groupes terroristes traqués par les services de sécurité » algériens dans le nord du pays, est-il précisé sans autre détail. Cette opération a pu être menée grâce aux informations obtenues après la capture le 16 décembre, dans la même localité à Jijel, du “terroriste Rezkane Ahcene », selon le communiqué. L’armée algérienne a ainsi déjoué un plan de redéploiement de l’organisation Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) après la mort de son chef, l’Algérien Abdelmalek Droukdel, tué en juin par les forces armées françaises dans le nord du Mali.
Un jihadiste relâché au Mali en échange des otages et arrêté fin octobre en Algérie avait évoqué le versement d’une rançon de « millions d’euros », dans une vidéo diffusée sur la télévision publique algérienne. Début décembre, dans une référence implicite à la France, le Premier ministre algérien, Abdelaziz Djerad, avait indiqué que l’Algérie prenait « acte, avec une grande préoccupation, de la poursuite des transferts, au profit de groupes terroristes, de fonds colossaux au titre de rançons pour la libération des otages ». Cette “démarche sape nos efforts de lutte antiterroriste », avait-il ajouté.
Le versement de rançons aux groupes terroristes est assimilé par Alger, à juste titre d’ailleurs, à une forme de financement direct de e fléau. La mort, ce lundi, de trois militaires français, peut donc être indirectement imputée aux plus hautes autorités politiques et sécuritaires de ce pays.
K.Z.