Financiers du G20 : Pas mal d’eau dans le gaz…
Les ministres des Finances et banquiers centraux du G20 ont jeudi leurs réunions à Washington sans parvenir à un communiqué commun, dans un contexte de nombreuses divergences liées à la guerre en Ukraine et sur fond de montée de tensions entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite au sujet d’une baisse de la production de pétrole en pleine crise énergétique. Il s’agit de la troisième réunion de suite du G20 Finance à l’issue de laquelle les grands argentiers de ce club échouent à s’entendre sur une conclusion après les réunions d’avril et de juillet, organisées cette année sous la présidence indonésienne. “Les réunions sont compliquées, la guerre structure beaucoup les débats”, a confié à l’AFP une source proche des discussions jeudi. Moscou était représentée physiquement aux débats mercredi et jeudi par un représentant du FMI, et à distance par le ministère de l’Economie et la banque centrale russe. Selon cette source, “on pourrait faire un communiqué sans parler de la guerre en Ukraine, mais on ne veut pas d’un communiqué qui mette la poussière sous le tapis”. La guerre en Ukraine infuse sur de nombreux sujets abordés par le G20, au premier rang desquels la menace de récession mondiale l’an prochain. Le G20 a tenté malgré tout d’avancer sur les dossiers liés à la réforme sur la fiscalité internationale, le secteur financier, le climat, ainsi que la régulation des cryptoactifs, ou la dette des pays pauvres. L’ampleur des blocages vient poser la question de l’utilité même d’un forum comme le G20. “Il est préférable d’avoir un lieu d’échange que de ne pas en avoir”, a défendu le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, lors d’une conférence de presse à Washington, “même si nos opinions divergent, et qu’il y en a parfois que nous ne comprenons pas, cela reste un bon format de discussion”. La secrétaire d’Etat au Trésor, Janet Yellen, a estimé lors d’une table ronde que “le G20 reste un groupe qui obtient de bons résultats, même si la situation de la Chine et de la Russie rend son fonctionnement plus difficile”. Le prochain sommet du G20 en novembre doit cette fois rassembler les chefs d’Etat et de gouvernement à Bali. Mais le président américain Joe Biden a affirmé mardi n’avoir “pas l’intention” de rencontrer Vladimir Poutine, dont la présence est encore très incertaine. A défaut d’obtenir un consensus au sein du G20, “le G7 a un vrai rôle à jouer”, a dit le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire mercredi au cours d’une réunion des sept démocraties les plus développées à Washington mais que le ministre français suivait depuis la France. Le G7 a tenté à cette occasion d’avancer sur la proposition d’un plafonnement des prix du pétrole russe, et continue de discuter sur l’architecture de la mesure.
R.E.