Fraîchement nommée, la jeune PDG de Tunisair déjà limogée
Olfa Hamdi, la nouvelle PDG de Tunisair, n’aura pas fait long feu. Nommée le 4 janvier dernier, la jeune patronne de la compagnie aérienne de ce pays voisin a été limogée ce lundi 22 février.
Dans un communiqué du ministère tunisien des Transports et de la Logistique, cité par plusieurs médias locaux, il est indiqué qu’Olfa Hamdi a été relevée de ses fonctions de présidente directrice générale de Tunisair.
Le même communiqué ne donne pas davantage de détails. En revanche, dans une intervention sur les ondes de la radio Shems FM, Moez Chakchouk, ministre tunisien des Transports, a dévoilé les raisons de ce limogeage.
Il précise, à ce titre, que la jeune PDG a multiplié les erreurs, notamment en publiant « des documents officiels de Tunisair sur Facebook ». « Mme Hamdi a refusé d’assister à une réunion aujourd’hui (ce lundi) au siège du ministère », ajoute-t-il.
Sur sa page Facebook, la trentenaire a réagi à son éviction. Elle s’en est prise directement à Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT).
Selon elle, l’homme fort de la principale centrale syndicale du pays (équivalent de l’UGTA en Algérie) a réclamé, début février, un acompte sur les adhésions des agents de la compagnie, qui chiffre à des milliards de dinars tunisien. « Chose qu’elle a refusée », assène-t-elle.
Mais, ce n’est pas sans doute la véritable raison de son limogeage. Depuis sa désignation à la tête du pavillon national tunisien, Olfa Hamdi a fait face à des critiques acerbes et des attaques taclant, tantôt son manque d’expérience, tantôt son CV, jugé gonflé.
Les choses ne se sont pas arrangées depuis sa première apparition devant les employés de la compagnie. Sur une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux, l’on voit la jeune femme, debout sur la table, en train de pousser un coup de gueule.
Elle a dénoncé, entre autres, des personnes étrangères qui sont venues camper à proximité de son de bureau, dix jours après sa nomination. « Pourtant, elle n’ont aucun lien avec Tunisair », avait-elle déploré.
« Faux ! Ces personnes étaient des contractuels », lui avait répondu le secrétaire général de l’UGTT. Ce dernier l’a accusée de populisme.
Lors de sa diatribe, la jeune patronne a affirmé qu’elle avait du payer de son propre argent pour sauver le catering. « Lorsque je suis venue, j’ai trouvé des avions au sol, j’ai trouvé des personnes effrayées, des personnes qui ne peuvent pas prendre de décisions. Une situation qui fait mal. J’ai commencé à 6h15 vendredi et j’ai travaillé 48 heures non stop. Je mets de ma poche pour que le catering continue de fonctionner », a-t-elle pointé, d’après Business News.
En somme, des déclarations qui ont amplifié l’intensité du brasier qui consume Tunisair chaque jour. La compagnie est frappée de plein fout par une forte crise, en effet. Une crise qui a été exacerbée par la pandémie de coronavirus.
Face à la polémique, Olfa Hamdi a enchaîné les tournées, les annonces et les rencontres. Dernière en date : celle avec l’ambassadeur des Etats-Unis à Tunis qu’elle a rencontré, jeudi dernier.
C’était peut-être la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Car, ses détracteurs ont interprété cette visite de courtoisie comme une menace de recours à une puissance étrangère pour que la jeune PDG conserve son poste.
Les virulents de ses opposants l’ont accusé de faire du lobbying pour les Américains. Certains sont allés jusqu’à dire que Mme Hamdi nourrit des accointances avec l’office marocain des phosphates (Office chérifien des phosphates). Elle qui ne manque pas une occasion pour se targuer d’être originaire du Bassin minier de Gafsa, une région riche en phosphate située à environ 70 kilomètres de l’Algérie…
Skander Boutaiba