France : 27 décès suite à une intervention des forces de l’ordre en 2020
Qu’elles soient soit légitimes, discutables ou illégales, les violences policières en France sont de plus fréquentes et plus visibles. Basta, (un média français, d’information en ligne indépendant) poursuit son recensement des interventions policières létales. 27 décès sont survenus en 2020 dont onze tués par balles – deux lors d’opérations anti-terroristes – et sept suite à un « malaise » en détention ou asphyxiés lors d’une interpellation.
Basta ! actualise son recensement des décès liés à l’action de la gendarmerie et de la police nationale. Un décompte qui intègre l’ensemble des interventions létales des forces de l’ordre, quelles que soient les circonstances, que le recours à la force y soit légitime, discutable ou illégal.
Ainsi, au cours de l’année 2020, 27 personnes sont, selon, toujours le même média, décédées suite à une mission des forces de l’ordre.
À cela s’ajoute, une femme tuée par un agent en dehors de ses heures de travail.
L’année 2020 confirme ainsi la tendance à la hausse observée depuis 2016 (sans les décès liés à un agent en dehors de son service) : 24 en 2019, 26 en 2018, 24 en 2017, 22 en 2016.
Rien qu’en 2020, dix personnes ont été tuées par l’ouverture du feu d’un policier ou d’un gendarme. Parmi elles, deux interventions suite à une attaque classée « terroriste » : Abdoullakh Anzorov, l’assassin de l’enseignant Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine, Nathan C. qui a poignardé en début d’année deux personnes à Villejuif (Val-de-Marne) avant d’être abattu par des agents de la brigade anti criminalité (Bac).
Autre situation particulière, Pascale Casarre abattu par le GIGN en Gironde alors qu’il s’était retranché chez lui armé d’un fusil, après avoir agressé un de ses voisins. Dernièrement, Fabien Badaroux, est tué à Avignon après avoir agressé avec une arme de poing un chef d’entreprise d’origine maghrébine.
Lors d’interventions plus classiques, et parfois controversées, quatre personnes ont été tuées alors qu’elles étaient potentiellement armées (les versions policières et de certains témoins peuvent diverger), dont trois d’une arme blanche.
En février, à Mayotte, la Bac tire sur un homme muni d’une matraque qui agressait une tierce personne. L’agent auteur du coup de feu a été placé en garde à vue, puis sous le statut de témoin assisté.
L’année a tristement commencé en janvier avec l’agonie filmée de Cédric Chouviat. La mort de ce livreur de 43 ans, asphyxié suite une « fracture du larynx », a relancé la polémique sur les gestes et techniques d’immobilisation, comme la clef d’étranglement ou le plaquage ventral (Lire ici). Les derniers éléments dévoilent qu’il a répété sept fois « j’étouffe » avant de succomber.
Ce drame n’empêchera pas le décès, deux mois plus tard, de Mohamed Gabsi, dans des conditions similaires. Étouffé par des policiers municipaux de Béziers, ce père de famille, âgé de 33 ans, que les médias vont présenter comme sans-abri, est maintenu au sol, menotté, pendant plusieurs minutes avant d’être transporté au commissariat où, inconscient, les pompiers ne peuvent le réanimer.
L’autopsie, en partie occultée par les autorités, mentionne une « asphyxie » causée par la méthode d’interpellation.
Cinq « malaises » dans un commissariat ou une gendarmerie
Cinq personnes ont également péri alors qu’elles se trouvaient en cellule, dans des circonstances troubles. La plupart de ces affaires se sont déroulées pendant le premier confinement.
« Le fonctionnaire de police ayant la garde d’une personne dont l’état nécessite des soins doit faire appel au personnel médical et, le cas échéant, prendre des mesures pour protéger la vie et la santé de cette personne », précise le code déontologie de la police nationale française.
Le 15 avril, un sexagénaire placé en garde à vue pour état d’ivresse à Rouen, aurait fait un malaise lorsque les policiers seraient venus le chercher pour l’auditionner. Selon le procureur, l’autopsie « n’a pas mis en évidence d’intervention extérieure ». Circonstance similaire le 10 avril pour un homme dans une gendarmerie de Sorgues (Vaucluse).
Le 28 avril, Dine Benyahia, souffrant d’asthme, succombe dans une cellule de dégrisement du commissariat d’Albi. Son père a porté plainte. Le 1er mai, Romain B., interpellé en bas de chez lui en état d’ébriété à Saint-Denis, dans le nord de Paris, est emmené au commissariat et placé en cellule de dégrisement.
À 1 h 30 du matin, son corps est découvert inanimé. Sa famille porte plainte pour « non-assistance à personne en danger ». Une enquête est menée par les fonctionnaires du commissariat où est décédée la victime…
Le 23 août, Toufik Sahar, de nationalité algérienne, meurt dans des conditions troubles au commissariat central de Lille-Sud. Selon les informations du journal lillois La Brique, la famille aurait été contrainte de reconnaître le corps sur la base de photographies en raison du coronavirus.
12 décès pendant le confinement
L’année 2020 a été marquée par le premier confinement décrété du 17 mars au 11 mai pour lutter contre la propagation du Covid-19. Au total, 12 personnes (presque la moitié des morts de 2020) sont décédées dans le contexte de ces mesures de restriction de la liberté de circulation.
La plupart de ces morts ont eu lieu en avril, dont 3 le même jour (le 10 avril). Pour retrouver une telle fréquence, il faut remonter au printemps 1993 où neuf personnes sont décédées en l’espace de trois semaines, entre les 1er et 22 avril.
Le ministre de l’Intérieur d’alors s’appelait Charles Pasqua. Prenant pour la première fois ses fonctions Place Beauvau, en 1986, il avait alors déclaré que le gouvernement était décidé à « couvrir les policiers ».
Le mois suivant, six personnes mourraient entre les mains de la police en moins de quinze jours (du 9 au 22 juin 1986).
À ces interventions, s’ajoute un décès dû à un agent hors-service. À Toulon, une femme est assassinée par son compagnon, armé de son arme de dotation, alors qu’ils étaient en instance de séparation. Ce membre de la Bac a ensuite mis fin à ses jours en retournant son revolver contre lui.
En dix ans, ce type de scénario – succomber à des violences domestiques perpétrées avec l’arme de service d’un agent – a coûté la vie à au moins 16 personnes (sept ex-compagnes de policiers, un ex-compagnon, deux enfants et six voisins ou proches).
Dj. Am