France : Des ex-officiers de renseignement infiltrent la tribune des généraux
Si la lettre ouverte d’anciens militaires appelant entre les lignes à un coup d’Etat, publiée pour la première fois le 14 avril, a fait réagir la ministre des armées et le chef d’état-major des armées, les services de renseignement restent plus discrets.
Or la liste des milliers de signataires compte d’anciens agents de la DGSE, de la DRM et de l’ex-DPSD. Reprise le 21 avril par Valeurs actuelles, la « tribune des généraux » a été rendue publique une semaine plus tôt sur le site « Place d’armes », administré par l’auteur de la lettre ouverte, Jean-Pierre Fabre-Bernadac.
Rares sont les lettres ouvertes de militaires à la retraite qui font tant parler d’elles. Parmi les signataires, dont le nombre grossit de jour en jour, se sont glissés plusieurs anciens agents des trois services de renseignement du premier cercle qui emploient des militaires.
Actuellement mandatée pour vérifier les identités de l’ensemble des commanditaires du manifeste, la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense (DRSD, ex-Direction de la protection et de la sécurité de la défense, n’aura pas à aller enquêter sur des inconnus : le service chargé de surveiller les vulnérabilités auxquelles pourraient être soumis les militaires compte au moins deux de ses anciens cadres parmi les signataires.
Ainsi, aux côtés de l’adjudant-chef Jacques Keribin, Jean-Michel Régnier – lieutenant-colonel à la retraite depuis 1998 – a signé la publication alors qu’il alimente par ailleurs son propre site internet intitulé «Officier un jour».
A visée de « ré-information » ce site est utilisé comme plateforme de communication sur divers sujets d’actualité.
La lettre ouverte des militaires y a notamment été reproduite. Plusieurs agents de la DGSE cosignent également la tribune. C’est notamment le cas de Claude Cercleux, déployé en opération extérieure en tant qu’officier de renseignement de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), puis agent de contre-espionnage au Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE) – l’ancêtre de la DGSE – et recalé de l’école militaire de Saint-Cyr Coëtquidan pour son engagement pro-Algérie française, selon ses dires.
Ayant pris sa retraite militaire en 1990, il a ensuite opéré dans le privé. Régis Ollivier, vingt-cinq ans à la DGSE, était quant à lui le chef d’antenne à Djibouti pendant l’affaire Borrel, du nom du magistrat français retrouvé mort sur place en octobre 1995.
A sa retraite, en 2012, il a ouvert un blog dénommé « Résilience » et hébergé par le site » Le colonel.
Ancien militant du Rassemblement pour la République (RPR) et se présentant comme un « petit candidat » à l’élection présidentielle de 2022, il promet l’amnistie à tous les cosignataires de la tribune.
La Direction du renseignement militaire (DRM), n’est pas non plus en reste avec la signature d’un de ses anciens agents, le lieutenant-colonel à la retraite Jean-François Cerisier. Auteur du livre « Guerre à l’Occident – guerre en Occident » publié en 2015, il y expose « que le système islamique est un projet politique conquérant et guerrier, dont la finalité est l’anéantissement de tout ce qui n’est pas musulman ».
Si la ministre des armées Florence Parly et le chef d’état-major des armées François Lecointre ont vivement réagi à la tribune, appelant à la radiation de certains des signataires, les services de renseignement sont restés plus discrets.
A l’Elysée, le coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme (CNRLT) Laurent Nuñez est néanmoins sur la ligne de la ministre et rappelle que ces agents à la retraite ne représentent plus les services pour lesquels ils officiaient.
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