Gestions des Assemblées locales : Au gré du jeu des alliances
Les résultats préliminaires des élections locales anticipées, livrés hier après-midi par le président de l’Autorité nationale indépendante des élections augurent d’une situation compliquée dans la majorité des Assemblées communales et dans toutes les Assemblées de wilayas. La raison : la majorité absolue (50% + 1 voix des électeurs dans une circonscription électorale) est atteinte dans 391 communes sur un ensemble de 1541 à l’échelle nationale. A peine 25% des conseils communaux seront gérés par des élus partisans ou des indépendants largement gagnants. L’élection des exécutifs des 1150 autres APC sera forcément tributaire du jeu d’alliances au gré des intérêts et des accointances des élus. Les tractations ont déjà commencé dans les Etats Majors des partis politiques. Les enjeux sont certes plus grands pour ceux qui ont une nette avance dans un nombre élevé de circonscriptions électorales, le FLN, le RND et les indépendants, essentiellement.
Dans une sorte d’échanges de bons offices, ils s’attèleront probablement à se céder mutuellement le contrôle des APC là où la majorité relative des suffrages exprimés est obtenue par l’un des « alliés ». Si les élus ne parviennent pas à désigner, de manière consensuelle, un maire et ses vice-présidents, le Conseil de la commune sera inhibé dans toutes ses actions.
Le phénomène a été durement vécu, en 2017. Des dizaines d’APC sont restées sans exécutifs, pendant des mois, car les élus n’ont pas concédé leurs voix à l’un de leurs pairs. La situation a retenti sur la vie quotidienne des résidents de la localité. Les budgets n’ont pas été voté et les projets de développement gardés dans les tiroirs. L’expérience sera inexorablement rééditée si les nouveaux membres de l’Assemblée populaire communale, d’obédiences politiques différentes voire opposées, ne s’entendent pas sur un chef et ses adjoints.
D’autant que selon l’article 65 de l’Ordonnance présidentielle portant révision du Code communal, dans les communes où la majorité n’est pas acquise, les deux listes ayant obtenu plus de 35 % des sièges ont la latitude de présenter un candidat à la fonction d’édile. Autrement, tous les élus sont en mesure de postuler à ce poste. Cette égalité des chances est susceptible de compromettre le scellé des alliances potentielles.
Le spectre de blocage plane aussi sur les APW puisque un élu, ayant engrangé le moins de voix des électeurs, peut prétendre se hisser au rand de président d’APW. Pour preuve, Mohamed Charfi, président de l’ANIE, a indiqué qu’aucun Conseil départemental ne prévaut par une majorité franche acquise par une liste électorale. Des formations politiques et des indépendants sont en ballotage dans 14 wilayas.
Par ailleurs, des résultats provisoires du scrutin municipal, se révèle une tendance des votants à ne point déroger fondamentalement à leurs choix de candidats. La configuration des conseils municipaux n’a presque pas changé. Le tandem FLN-RND et les indépendants y sont largement hégémoniques. Le Front Moustakbal, le parti El Bina, le MSP et le FFS confirment leur statut d’outsider. Cinq formations politiques (La voix du peuple, El Fadjr Djadid, Le parti de la Liberté et de la Justice, Front de l’Algérie nouvelle et Front de la bonne gouvernance) ont profité du vote des indécis. Ils ont grappillé entre trois et quatre APC
Soulef B.