Alors que Donald Trump menace de se consacrer à d’autres dossiers internationaux, Vladimir Poutine considère que la trêve négociée il y a un mois avec son homologue américain ne tient plus. L’équipe de Donald Trump a passé la journée à envoyer des signaux contradictoires.
Après la réunion de l’Elysée jeudi – réunissant au cours de plusieurs rounds successifs Français, Américains, Ukrainiens, Britanniques et Allemands – Marco Rubio, le secrétaire d’Etat américain, s’est chargé d’administrer la douche froide, sur le tarmac, au moment de prendre l’avion du retour.
Alors que la présidence française avait salué « un excellent échange », le diplomate a laissé entendre que les Américains pourraient tout bonnement se retirer du processus de négociations. Il a menacé de « passer à autre chose » si les Etats-Unis venaient à établir que la paix « n’est pas possible ».
Donald Trump a confirmé cet état d’esprit vendredi soir. Il n’y a « pas un nombre précis de jours, mais nous voulons régler ça rapidement », a déclaré le président américain depuis la Maison-Blanche.
Alors que l’après-midi même, le vice-président JD Vance a déclaré depuis Rome qu’il était « optimiste » sur les négociations de paix. Pour compléter cette séquence qui donnerait le tournis à un acrobate, Kiev a annoncé que l’accord sur les minerais pourrait être signé jeudi prochain à Washington…
Du coup, on voit mal les Etats-Unis se retirer du dossier alors qu’ils auraient de nouveaux intérêts économiques en Ukraine. Le Kremlin n’utilise pas les mêmes circonvolutions que la Maison-Blanche. Dmitri Peskov a confirmé ce vendredi sans détour que Vladimir Poutine considérait comme terminée la trêve des frappes sur les infrastructures énergétiques décidée après son coup de fil historique avec Donald Trump.
« Pour le moment, il n’y a pas eu d’autres instructions de la part du commandant en chef suprême, le président Poutine », a précisé Dmitri Peskov. De toute façon, ce « moratoire » n’a jamais été respecté, les deux belligérants s’accusant régulièrement et mutuellement de le violer. 909. Le nombre de corps de soldats tués au front que l’Ukraine affirme avoir pu récupérer ce vendredi.
« Les corps de 909 défenseurs ukrainiens tombés au combat ont été ramenés en Ukraine », a indiqué sur Telegram le Quartier général ukrainien de coordination pour le traitement des prisonniers. La Russie a pour sa part récupéré les corps de 41 de ses soldats tués, selon Chamsaïl Saraliev, un député russe qui siège au sein d’une commission parlementaire chargée de l’offensive en Ukraine.
L’échange de corps de militaires, ainsi que de prisonniers de guerre, est l’un des rares domaines de coopération entre Moscou et Kiev. Volodymyr Zelensky avait indiqué mi-février que plus de 46.000 de ses soldats avaient été tués et quelque 380.000 autres blessés.
Divers médias, citant des sources occidentales, ont évoqué des bilans variant très largement, compris entre 50.000 et 100.000 morts au combat. De son côté, la Russie n’a pas communiqué sur ses pertes depuis l’automne 2022, lorsqu’elle avait reconnu moins de 6.000 soldats tués. Le site indépendant Mediazona et le service russe de la BBC disent avoir identifié jusqu’ici environ 100.000 soldats russes tués.
R.I.