Hasna Amina Messaïd, vice-présidente du CNESE, pointe la gestion « anarchique » des entreprises algériennes
En conférence de presse, Hasna Amina Messaïd, vice-président du Conseil national économique social et environnemental (CNESE) et professeure à l’Ecole nationale supérieure de management (ENSM), a déploré « le manque de visibilité des entreprises algériennes ».
« Les entreprises algériennes n’avaient pas de stratégies claires et bien définies. Par conséquent, quelqu’un qui n’a pas de visibilité, comment pourrait-il disposer d’informations pertinentes bénéfiques à l’entreprise ? Et comment pourrait-il les rassembler et dans quel but », s’est-elle interrogée.
Somme toute, cette méthodologie indispensable pour la gestion d’une entreprise, et qui relève de l’intelligence économique, n’est appliquée nulle part en Algérie. « Les responsables des entreprises algériennes avaient des idées rudimentaires et anarchiques en ce qui concerne la gestion », a-t-elle asséné.
La chercheuse énumère, à ce titre, ce qu’elle qualifie d’irrationalités en termes « de production, d’organisation et de gestion ». « Comment peut-on penser (dans ce cas) à l’intelligence économique », s’est-elle interrogée une nouvelle fois.
Pour étayer ses propos, la vice-présidente du CNESE cite l’exemple « des Japonais qui sont armés d’ outils nécessaires à l’intelligence économique ». « Ce sont des logiciels qui coûtent très chers », a-t-elle ajouté.
Lesquels logiciels qui sont inconnus des responsables des entreprises algériennes. « Il y avait quelques tentatives des grandes entreprises, comme la Sonatrach, mais qui n’ont pas donné les résultats escomptés. Parce qu’il n’y avait pas de stratégie, ni de formation », a-t-elle expliqué.
Vraisemblablement inspirée du modèle japonais – une référence dans le monde en la matière -, Mme Messaïd donne un deuxième exemple édifiant. « Au Japon, ils utilisent ces moyens techniques mais aussi ils investissent dans l’humain. A titre d’exemple, ils paient des stages aux étudiants pour faire d’une pierre deux coups : l’étudiant fait son stage et ramasse des informations sur le domaine dans lequel il se spécialise », a-t-elle détaillé.
Bien que les entreprises en Algérie soient très en retard, il y a toujours des progrès à faire. Par conséquent, Mme Messaïd se permet d’espérer. « Peut-être que nous serons à la hauteur dans un avenir proche », a-t-elle déclaré. Et d’ajouter, « en Algérie, nous avons toutes les compétences ».
Du reste, le CNESE œuvre pour une nouvelle méthode travail qui « sera basée sur la compétence des Algériens ». « Les compétences existent mais elles se font discrètes », a-t-elle affirmé. Et de prévoir, « ce nouveau moyen fera en sorte que les compétences se manifestent d’enrichir notre travail grâce à leurs idées et leurs analyses ».
Skander Boutaiba