Hausse des prix … expliquer l’inexplicable
Depuis quelque temps, personne n’arrive à comprendre, encore moins à expliquer ce qui se passe en Algérie concernant cette pénurie d’huile et cette hausse inédite du prix du poulet, pour ne citer que ces deux produits, stratégiques pour le couffin moyen.
Alors que les citoyens s’arrachent le moindre bidon d’huile apparu dans les magasins et que beaucoup d’entre eux se rabattent sur le s’men pour graisser un peu leurs cocottes, les responsables concernés se taisent ou affirment qu’il y a un surplus de production et de stock. Ils expliquent, plusieurs semaines plus tard, que la faute incombe aux commerçants qui ne veulent pas commercialiser l’huile avec une marge bénéficiaire dérisoire et, surtout, ne pas entendre parler de facturation, en plus d’une pratique spéculative apparue dernièrement.
Au regard de la loi, ce sont les commerçants qui ont tort, alors, quelles dispositions prendre ? Parce qu’il ne faut surtout pas oublier qu’il n’est plus permis de ne rien faire. Mais si nous analysons la situation sociale et politique en Algérie, nous arrivons à nous poser des questions.
Premièrement, notre pays se relève à peine d’une longue période de gabegie politique et sociale justement, des jalons pour une Algérie Nouvelle ont commencé à être posés, mais il faut l’adhésion de tous pour continuer. Deuxièmement, et ceci étant, pourquoi imposer cette facturation maintenant, avec les conséquences que nous savons alors que depuis la nuit des temps le commerçant algérien travaille sans ce document et déclare les revenus qu’il veut. Certes, il faut que l’autorité de l’Etat soit instaurée, mais quand et comment ? Du moment qu’il n’y a aucun moyen qui a été étudié pour contrer le refus des commerçants de se conformer à la loi, ne vaudrait-il pas mieux continuer dans la même ‘tradition’ et aller doucement pour changer surtout les mentalités et, aussi, ne léser personne.
On nous affirme aussi que les produits de première nécessité seront présents sur le marché en quantités très importantes durant le mois de Ramadhan, pourquoi attendre le mois de Ramadhan ? C’est un mois d’abstinence et de piété, pas un mois de bouffe et de dépenses. Hier, aujourd’hui et demain, le citoyen mange et utilise l’huile (et les autres produits) pour préparer ses plats, il faudrait que tous les produits soient disponibles maintenant, pas au mois de Ramadhan seulement, c’est une chanson que nous avons longtemps entendue et elle est passée de mode. L’huile est stockée chez les producteurs, il faut trouver le moyen le plus rapide pour la faire parvenir au consommateur, c’est cela qu’il faut, quitte à oublier pour l’instant cette histoire de facture, en attendant des moments plus propices.
Passons maintenant au prix du poulet qui nous est promis à moins de 250 DA d’ici … le mois de Ramadhan, la question revient d’elle-même : pourquoi pas maintenant ? Mais les causes de cette hausse subite et trop importante ne sont pas évoquées par les responsables concernés, là aussi. Si, il y a des voix qui se sont fait entendre, celles des producteurs qui dénoncent le prix de l’aliment de ces poulets qui a été multiplié par trois à cause de nouvelles taxes imposées dans la loi de finances, entend-on çà et là. De nombreux éleveurs nous ont déclaré qu’ils achetaient le quintal d’aliment entre 3000 et 4500 DA alors qu’il coute actuellement plus de 10 000 DA.
Si cela est la réalité, nous revenons encore à certains responsables qui prennent des décisions dans des moments non étudiés. En plus de tout cela, c’est le silence des autorités directement concernées qui augmente la tension chez les consommateurs. Nous ne parlerons pas des autres produits car nous risquons de ne pas nous arrêter.
Alors, devrons-nous rester jusqu’au mois de Ramadhan pour manger un peu moins cher ?
En outre, le timing choisi pour ces décisions et ces actions nous pousse à envisager d’autres explications, beaucoup plus graves, surtout quand le peuple est appelé à se rendre aux urnes dans pas longtemps pour choisir des représentants qui n’ont jamais été à la hauteur de ses aspirations. Que cherche-t-on en faisant subir cette fausse pénurie aux algériens durement éprouvés par une pandémie qui, espérons-le, tire à sa fin, par tous les scandales des anciens responsables et par toutes ces blessures que le président de la république tente de panser depuis son installation ?
Les ennemis de l’Algérie sont nombreux, ils sont partout et n’attendent que le moment propice pour s’abattre sur nous, tels des vautours qui attendent que leur proie soit affaiblie ou mourante pour la déchirer, mais les algériens ne se laisseront jamais faire, avis aux amateurs !
Tahar Mansour