Henri Guaino, ancien conseiller de Sarkozy : « La France n’a aucun moyen de rétorsion contre l’Algérie »
La tension entre l’Algérie et la France va en s’exacerbant, entrainant dans ses sillages des dits et des non-dits, des mensonges de la part de ceux qui voudraient arriver à une rupture définitive avec, en face, ceux qui savent que cette crise est fabriquée de toutes pièces et qu’elle est contre les intérêts de la France, surtout.
Parmi ceux-là, Henri Guaino, un économiste français, ancien député et ancien conseiller du président Sarkozy n’y est pas allé de main morte pour dire la vérité crue, une vérité qui fait débat et qui fait couler beaucoup d’encre et de salive ces derniers jours.
En effet, invité de l’émission Punchline d’Europe 1, Guaino a affirmé, péremptoire : « L’Algérie peut faire ce qu’elle veut. Elle peut bloquer les relations économiques, humaines, les visas, tout ce qu’elle veut. Nous sommes dans une situation de dépendance», une déclaration qualifiée de véritable bombe par de nombreux observateurs et ‘ont choqué l’opinion publique française’, est-il aussi souligné.
Henri Guaino n’a pas parlé sans réfléchir, au contraire, économiste de formation et ayant occupé des postes de responsabilité dans le gouvernement, il sait très bien de quoi il parle. Ainsi, il rappelle les raisons qui font que la France n’ait aucun moyen de rétorsion contre l’Algérie et cite en premier lieu le fait que l’Algérie soit un fournisseur clé de gaz pour l’Europe et pour la France, une rupture quelconque pourrait causer des perturbations dans l’approvisionnement.
En deuxième position, il y a les restrictions de visas que pourrait mettre en œuvre la France mais cela touche directement la diaspora, un sujet très sensible dans l’hexagone. Il y a aussi l’histoire et les blessures du passé colonial qui font que les relations entre l’Algérie et la France soient si délicates.
Outre cela, si la France voudrait imposer des sanctions économiques, cela nuirait directement aux entreprises françaises qui sont implantées en grand nombre en Algérie, ce qui, bien entendu rend la marge de manœuvre très mince pour la France.
Cela explique aussi les termes du communiqué de l’Elysée annonçant l’expulsion de douze diplomates algériens en exercice dans les représentations consulaires en France mais affirme privilégier avant tout le dialogue, mais en défendant en même temps ses intérêts, ce qui est tout à fait normal.
La tension entre les deux pays risque de perdurer, avec des hauts et des bas, exacerbée par des cercles occultes qui cherchent à nuire de n’importe quelle manière à l’Algérie, en premier lieu le CRIF et, bien entendu, son acolyte le makhzen qui multiplie ces derniers temps les gestes de ‘bonne volonté’ et d’aplaventrisme devant certains courants français.
Cela explique aussi le double langage gouvernemental de la France : d’un côté, le président Emmanuel Macron qui essaie de jouer la carte de l’apaisement et de la reprise du dialogue et, de l’autre, son ministre de l’intérieur qui veut imposer la ligne dure à l’encontre de l’Algérie. Ces deux positions qui semblent à priori contraires, ne dupent que ceux qui veulent bien l’être car, comme l’a si bien souligné l’ancien ministre de la communication Abdelaziz Rahabi, dans un post sur Facebook : « je n’ai pas cru, depuis le début à une divergence de fond entre le président Macron et son ministre de l’intérieur, mais plutôt à une distribution avisée des rôles ».
Finalement, la crise actuelle entre les deux pays pourrait perdurer, sur fonds d’effervescence préélectorale, de volonté délibérée de mettre au pas l’Algérie qui présente une santé politique, économique et sociale de plus en plus forte et résiliente et d’une tentative de redessiner la carte du Maghreb où notre pays fait figure de leader, notamment avec le projet d’union avec la Tunisie, la Libye et la Mauritanie.
Tahar Mansour