HIZYA: Le dénouement tragique de l’Antilope des Zibans “
« HIZIA: LE DENOUEMENT TRAGIQUE DE L’ANTILOPE DES ZIBANS »
النھایة المأساویة لحیزیة رمز العفة في عروس الزیبان
« LA DOULEUR ET LE CHARME DE HIZYA DANS LA CHEVAUCHEE BEDOUINE VERS SIDI KHALED »
DU POETE MOHAMED BENGUITOUN
« LA FLUTE NAIVE ET NOSTALGIQUE OU LE FOU DE HIZYA, ANTILOPE DU DESERT »
*Par le Dr Boudjamâa HAICHOUR Chercheur universitaire
Mélomane du malouf j’ai été séduit pourtant par une poésie bédouine interprétée par Feu Abdelhamid Ababsa lorsqu’il descendait voir ses racines dans la région de Barika. Il est un chantre inégalé dans le genre bédoui. Il aura sa notoriété lorsque accompagné des membres de son orchestre il y ajoute une touche grâce l’introduction du ‘Oud en nous proposant en filigrane ce chant nomade durant la période de la transhumance. En ayant avec KhelifiAhmed , Bar Amor, Rabah Driassa etc… immortalisé le poème de Hizya à travers une transmission orale. J’avais eu un facsimilé du texte de Mohamed Benguitoun de 108 versrelevé aussi dans l’ouvrage « Chants arabes du Maghreb » de Constantin Louis SONNECK en arabe traduit en françaisparu à Paris en 1904 à la librairie orientale et américaine E.Eguilmoto Editeur Successeur de Maisonneuve.
Constantin Louis Sonneck était interprète de l’Armée d’Afrique en poste en Algérie qui traduisit en 1899 six chansons en dialect maghrébin puis celle de Hizya en 1904. Cette traduction a été revue en 1969 par le Pr Hadjiat que nous venons de perdre (Allah Yarhamou) et repris par Souheil Dib en 1987 dans son « Anthologie de la poésie populaire algérienne d’expression arabe. En 1977 l’histoire de Hizya a fait l’objet d’un long métrage par mon ami Mohamed Harzouli réalisateur à la RTA de l’époque. Quant aux romanciers on peut citer la romancière Maïssa BEY à travers un personnage du nom de Hizya, LabtarLazhar dans « Hizya l’amour interdit » a aussi écrit sur cette héroïne… Ce poème a été achevé en 1878 J.C soit 1295 de l’Hégire.Hizyadevat avoir 23 ans et serait donc née en 1855.
Malgré que le poète Benguitoun ne révèle en rien les circonstances de sa mort sauf ce mal qui l’a pris entre deux haltes à Oued Tell à 50 Km de Sidi Khaled au retour de la tribu de son séjour saisonnier dans le Nord. C’est trois jours après le décès que SaId son cousin eut recourt aux services du poète Benguitoun pour écrire un poème en hommage à la mémoire de sa bien-aimée. Plus tard Saïd son cousin s’exilera loin de sa tribu jusqu’à sa mort dans le désert des Zibans. Quant au corps de Hizya il repose au cimetière des Douaoudas à Sidi Khaled.
Quand aux propos exprimés à Constantine qui ont provoqué une polémique le 9 Mai 2023 à la bibliothèque feu Nattor poète de région de Skikda, par un romancier de renom dont la personne de WassiyLaaredj, son imaginaire romanesque nous clairera plus lorsque son roman sur Hizya paraitra. Auteur prolifique à son actif plusieurs romans « Kitab Al Emir », « Bayt al Andaloussi », un livre sur Cervantes et d’une encyclopédie du roman algérien en langue arabe. Wassily Laaredj passera dix ans pour parfaire son parcours académique à Damas. Menacé de mort il quitte le pays en 1994 et ira enseigner la littérature à la Sorbonne. Il est Dr Pr de conférences à l’Université d’Alger. La langue arabe est sa langue maternelle, il a un lien affectif. Son bilinguisme lui ouvre les horizons de porter le roman algérien à travers le monde.
Personne ne peut rester insensible à la poésie bédouine appelée chez nous “Ch’iir El Melhoun”. L’oeuvre d’un des poètes le célébrissime Mohamed Ben Guitoun, qui a su à la demande de notables de la tribu de Douaouda, écrire cette élégie en hommage et à la mémoire d’une jeune créature dont la beauté bédouine n’avait de rivale, il s’agit de Hizya morte à un âge précoce dans ses 23 printemps.
Il y a beaucoup de ressemblances dans la structure poétique de l’imaginaire arabe de la période antéislamiquedite “El Djahilia”. Dans cette “merthia” sorte de raison funèbre, le poète Mohamed Benguitoun tend à nous décrire les traits du portrait de la fine et douce Hizya. Si El Khansa pleure son frère Sakhr, dans ce poème, Benguitoun nous mène dansla profondeur des sentiments d’affection et d’affliction et tout le récit se résume à la volonté de Dieu et à la fatalité du destin.
Le poète pleure Hizya. L’élégie d’une litanie sentimentale. Voilà donc unpoème qui sera repris dans les chansons bédouines de Khilifi Ahmed et surtout Abdelhamid Ababsa dont il fera la préférée de son récital lui donnant toute cette intensité à la fois de mélancolie et du sens du destin. Dans le pur style sahraoui le poème de Benguitoun de Sidi Khaled comme d’ailleurs ceux de Abdellah Benkriou de Laghouat, on retrouve les mêmes similitudes dans la versification de la poésie populaire. Ces bardes du XIX siècle qui ont écrit Hizia et “Gamr El Leil”l’astre de la nuit, nous révèlent toute la dimension de l’univers magique du désert. Superbe description de leurs héroïnes. Hizia n’est-elle pas cette Madone qui a tant charmé, même dans son lit de mort ?Le poète lui donne un sens de l’immortelle créature de la beauté et de la sveltesse de son corps, alors que son âme est entre les mains de Dieu. Incantation d’une profonde émotion.
HIZYA OU LA PUDEUR CHEVALERESQUE
Voyons maintenant comment le poète Benguitoun avait écrit ce poème qui date depuis 1878. JC ≈ 1295 de l’Hégire, va nous restituer dans toute la pudeur chevaleresque Hizya. Benguitoun a tendance à psalmodier dans ses vers l’ardente flamme d’un amour consumé. Dans toute une méditation en une litanie religieuse, sorte de med’h dans le modèle élégiaque (Ritha’e), il met le lecteur dans un contexte psychologiqueen le soumettant à l’épreuve d’un destin en nous ramenant vers Sidi Khaled aux BenouHillal. Et par une analogie,Benguitoun nous conduit à partager ses émotions. Est-il celui qui a été chargé d’écrire cette élégie pour la famille de la défunte? Benguitoun parle de Said qui souffrant tant de la perte de sa bien-aimée. Said est-il l’ami de Benguitoun? Le poète Benguitoun écrivait-il pour Said qui voyait ses larmes couler sur ses joues? Le récit révèle toute une incantation, prélude à un appel, à une prière à la purification de l’âme. Description vivante dans la
profondeur de l’émotion, exaltant le parfum d’une âme éternelle. Doit-on comprendre que le héros Said est-il de la région de Sidi Khaled pour avoir ramené sa bien-aimée Hizya d’El Eulma? Celle-ci appartenant-elle à la puissante famille des Belbey, notabilité de l’époque? Y a-t-il un élan du coeur que le poète Med Benguitoun partage avec son ami Saïd? Cette douleur sentimentale était-elle partagée entre les deux personnages?
Dans l’infiniment grand du désert où Sidi Khaled n’en ai que le commencement de cet espace des Zibans où les traces sablonneuses renseignent sur le destin émouvant de Hizya. C’est aussi dans ces étendues de lumière, la séduction joue son rôle dans l’éblouissement de l’ambre. Tout est y pudique et le désert dans l’acoustique d’une couverture céleste vous envoie l’écho d’un chant d’amour courtois. Biskra la reine des Zibans nous montre le chemin de la chevaleresque histoire des Douaoudas au travers de ces palmeraies donne une image oasienne d’un Eden. Voluptueuse créature qu’est Hizya sous l’astre flamboyant qui réfléchit sa lumière reflétant le corps svelte de l’élégante Hizya. Blessure, brisure d’un destin qui finit dans une mystique du beau et de la transcendance. Elan lyrique et sublimation poétique dans le poème Hizya qui commence par un quatrain annonciateur d’une incantation, Benguitoun essaie de se frayer le chemin de la sublimation poétique en unvéritable élan lyrique dont ces extraits :
عزوني یا مالح في رایس البنات * سكنت تحت اللحود ناري مقدیا
یاخي أنا ضریر بیا ما بیا * قلبي سافر مع الضامرحیزیا
« Consolez-moi ô amis de la souveraine des madones Reposant sous terre, sa flamme ardente brûle en moi Ô frère je suis affligé de ce qui m’arrive Mon coeur s’en va avec l’élégante Hizya. Benguitoun essaie de réunir dans le portrait deHizyaoù toutes les vertus d’une beauté à la silhouette svelte et raffinée en psalmodiant les louanges d’une âme attendrie.
یا حسراه على قبیل كنا في تاویل * كي نوار العطیل شاو النقضیا
ما شفنا من دالل كي ظي الخیال * راحت جدى الغزال بالجھد علی ا
و إذا تمشي قبال تسلب العقال * أختي باس المحال راشنق كمیا
جات العسكر معاه و القمان وراه * طلبت ملقاه كل واحد بھدی ا
ناقل سیف الھنود غي یومي بالید * یقسم طرف الحدید و اال الصمیا
مشي العناد بالفنطازیا ما تشكو الباس جدد اغناي * بنت احمد * ما قتل من عباد من قوم الفساد
بالباي شكرو غنایا عزوني یا مالح في رایس البنات * سكنت تحت اللحود ناري مقدیا یاخي أنا ضریر بیا ما بیا
* قلبي سافر أمع الضامر حیزیا
HIZYA MAJESTUEUSE A DEMARCHE SEDUISANTE
Quel chagrin, quel regret lorsque nous fûmes heureux. Comme ces fleurs printanières tapissant les prairies. N’ayant vu de cette coquette une ombre passante (furtive) Telle cette gazelle disparaissant malgré moi Par sa démarche elle séduisait les plus avertis Telle la majestueuse marche d’un Bey du camp orné d’un cimeterre à la ceinture. Louanges à la fille d’Ahmed Bey Accompagné de soldats et de cavaliers par derrière Venus à sa rencontre chacun pour lui remettre un cadeau Il était armé d’un sabre des indes qui d’un geste de main Suffit pour couper un morceau de fer ou fondre un solide Que d’hommes furent tués, corrompus de lignage S’avançant avec fierté contre eux, ennemis Cessant de glorifier le bey, renouvelle ta chanson Louanges à la fille d’Ahmed Bey Consolez-moi ô amis de la souveraine des madones Reposant sous terre, sa flamme ardente brûle en moi Ô frère je suis affligé de ce qui m’arrive Mon coeur s’en va avec l’élégante Hizya
طلقت ممشوط طاح بروایح كي فاح * حاجب فوق اللماح فونین بریا عینك قرد الرصاص حربي في قرطاس *
سوري قیاس في یدین الحربیا خدك ورد الصباح و قرنفل وضاح * الدم علیھ ساح مثل الضوایا لفم مثل
عاج المضحك لعاج * ریقك سي الناج عسل الشھایا شوف الرقبة خیار من طلعت جمار * جع بة
بالر و العواقد ذھبیا صدرك مثل الرخام فیھ اثنین توام * من تفاح السقام مسوه یدیا یدیك كاغط یبان
القطن و الكتان * و االرھدان طاح لیلة ضلمیا طلقت شرور مال مخبل تخبال * على الجوف تدالل
ثنیة عن ثنیا شوف السیقان خالخل فتان * تسمع حسن القران فوق الریحیا عزوني یا مالح ف ي
رایس البنات * سكنت تحت اللحود ناري مقدیا یاخي أنا ضریر بیا ما بیا * قلبي سافر أمع الضامر
حیزیا
AU COEUR DU PALMIER UNE SALIVE GOÛT DE MIEL
Salive goût de miel Laissant flotter sa chevelure répandant un suave parfum Ses sourcils faisant du regard, dessinés comme deux arcs, telle la lettre comme message Son oeil telle une balle de fusil guerrier atteignant sa cible préférée Sa joue est cette rose de l’aubade épanouie et le girofle en brillance Et le sang l’arrosant lui donnant un éclat lumineux Sa bouche rayonnante et étincelante. Sa salive comme le lait doux des brebis, au goût miel qu’apprécient les gourmets Admirez ce splendide cou plus opale que le coeur du palmier Comme un être de cristal serti de colliers d’or Sa poitrine semblable à un marbre ou se promènent deux jumeaux Comme de belles pommes offertes aux malades que mes mains caressent Ses mains d’une blancheur comme le pli du papier
Du coton et tissu au lin fin pareille à une nuit enneigée Desserrant sa ceinture à la taille fine de Hizya. Laissant paraître ses sortis recourbant sur son flair Repli par repli (fronces par fronces) Contemplez ses chevilles et ses mollets séduisants Au cliquetis de leurs Khelkhals surmontant le brodequins (pantoufles) Consolez-moi ô amis de la souveraine des madones Reposant sous terre, sa flamme ardente brûle en moi Ô frère je suis affligé de ce qui m’arrive Mon coeur s’en va avec l’élégante Hizia
في بارز حاطین انصبح فالزین * واحنا متبسطین في خیر الدنیا نصبح فالغزال انصرش للفال * كالرساعي المال و
كنوز الدنیا ما یسواش المال نقحات الخلخال * كي نجي للجبال نلقا حیزیة تتسحوج فالمروج بخلخیل تسوج * عقل ي
من ھا یروج قلبي و اعصایا عزوني یا مالح في رایس البنات * سكنت تحت اللحود ناري مقدیا یاخي أنا ضریر بیا م
بیا * قلبي سافر أمع الضامر حیزی
LE CLIQUETIS DU KHELKHAL EN HARMONIE LES CHEVILLES
Le cliquetis des khelkhals. Nous campions à Bazer (près de Setif ) me rendant auprès d’elle le matin Nous savourons les délices de ce monde Au matin je rencontrais la gazelle observant les présages Heureux comme un fortuné possédant les trésors de ce monde Cette richesse ne valait le cliquetis des khelkhals Franchissant les montagnes à la rencontre de Hizya Dandinant ses hanches avec grâce en harmonie avec la résonance des khelkhals Mon esprit s’égare et mon coeur tremble envahissant tous mes organes Consolez-moi ô amis de la souveraine des madones Repesant sous terre, sa flamme ardente brûle en moi, Ô frère je suis affligé de ce qui m’arrive Mon coeur s’en va avec l’élégante Hizya.
فالمتال مصیفین جینا محدرین * للصحرا قاصدین نار الطوایا االجحاف مغلفین و البارود
ینین * األزرق بیمین ساحة حیزیا ساقوا جحاف الدالل حطوا في أزال * سیدي األحسن قبال
الزرقاھیا قصدوا سیدي سعید والمتكعول زید * و مدوكال الجرید فیھا غشیا رقاد مشاو الصباح كي ھب ت
الریاح * سیدي محمد شباح أرض معفیا منھ ساقوا األجحاف حطوا فالمخراف * األزرق لكن ساف
یتھوبیا بن صغیر قصار بموشم األعضاد * بعدان قطعوا الواد جاو امع الحنیا حطوا روس الطوال في
ساحة األرمال * و ابن جالل ھو قناق المشیا منھا رحلوا الناس حطوا في البسباس * بالھریمك ق یاس یاختي
حیزیا عزوني یا مالح في رایس البنات * سكنت تحت ال لحود ناري مقدیا یاخي أنا ضریر بیا ما
“بیا * قلبي سافر أمع الضامر حیزیا
HIZYA LA REINE DES GAZELLES DES DOUAOUDAS
Hizya, la reine des gazelles des Douaoudas” de Med Benguitoun. La route était longue. La chevauchée du cheval gris qui menait Said et Hizya vers la tribu des Douaouda, laissait dégager une poussière ocre annonçant le commencement du désert. En direction desZibans, la belle aux bras tatoués traverse l’oued sur une monture aux motifs de la région de Mdoukel … Le destin d’une vie tourmentée pèse sur l’âme de Hizya…. Hizya chez les Ben djellal Nous passons l’été dans le tell descendions le Sahara ensemble Les litières enveloppées et les coups de feu retentissent * mon gris cheval m’emmenant vers Hizya Conduisant les palanquins des belles campant à Azel * Face à Sidi Lahcene et Zerga Se dirigeant vers Sidi Said vers El MetkaouekArrivant le soir vers M’dukal Veillant jusqu’à l’aube à la brise du matin * vers Sidi Mohamed protecteur de cette paisible corvée Guidant nos litières à Al Makhref * Mon gris cheval tel un aigle (condor) m’emportant dans les airs. En direction de Ben Seghir avec la belle aux bras tatoués Après avoir traversé l’oued, ils passèrent à Hannaya Dressant leurs tentes à Rous Ettaoual en plein désert Chez les Ben Djellal sera notre ultime destination De là ils prirent le chemin Besbes et Al Hrimek le lieu de la belle Hizya Consolez-moi ô amis de la souveraine des madones Reposant sous terre, sa flamme ardente brûle en moi Ô frère je suis affligé de ce qui m’arrive Mon coeur s’en va avec l’élégante Hizya
*ماذا درنا عراس و األزرق فالمرداس * یدق بن خالص عنى روحانیا تاقت طول العالم جوھر فالتبسام
تمعني فالكالم و تفھم فیا بنت حمیدة تبأن كي ضي الومأن * نخلة بستان غنى وحدھا شعویا زند عنھا
الریح قلعھا فالملیح * ما نحسبھا اطیح دایم محضیا اترني فیھا الملیح دار لھا تسریح * حرفھا
المسیح ربي موالیا عزوني یا مالح في رایس البنات * سكنت تحت اللحود اناري مقدیا یاخي أنا ضریر بیا
ما بیا * قلبي سافر أمع الضامر حیزی
HIZYA SOURIRE RANGE DE PERLES
Que de fêtes avons-nous célébrés Mon cheval gris en pleine cavalerie Disparaissant à grand galop comme un fantôme Son corps élancé comme une hampe d’un étendard.
Son sourire comme une rangée de perles. Me parlant avec allusion, me faisant comprendre ce qu’elle voulait dire La fille de Hamida resplendissant de beauté comme une étoile du matin Semblable à un palmier seule dans un jardin éclipsant ses campagnes Les rafales d’un vent la déracinent en un clin d’oeil Ne croyant pas qu’elle puisse s’affaisser malgré sa protection Dieu notre seigneur souverainement l’avait rappelé à lui. Consolez-moi ô amis de la souveraine des madones Reposant sous terre, sa flamme ardente brûle en moi Ô frère je suis affligé de ce qui m’arrive Mon coeur s’en va avec l’élégante Hizya
في واد اثل نعید حاطین سماط فرید * رایسة الغید وادعتني یا خویا في ذا اللیلة وفات عادت في
الممات * كحال الرمقات وادعت دار الدنیا لضت اختي صدري ماتت في حجري * دمعة بصري على خدودي
مجریا یمكن رس اجذاب نجري في األعالب * ما خلیت شعاب من كاف و كدیا خطفت عقلي راح مصبوغة
األلماح * بنت الناس لمالح زادتنا كیا حطوھا فاكفأن بنت على الشأن * زادتني حمان نفضت
مخ حجایا حطوھا في نعش مصبوغة االخواص * راني ولیت باص واش اللي بیا
جابوھا في جحاف حومتھا تنظاف * زینة األوصاف سبنى طول الرایا في حومتھا خراب كي نجم الكوكاب
* زید قدح في سحاب صیف العشویا حوم تھا بالحریر كمخة فوق سریر * وانا یشیر ھلكتني حیزیا
كثرت عني ھموم من صافي الخرط وم * ما عدت شي نقوم في دار الدنیا ماتت موت الجھاد مصبوغة
األتماد * قصدوا بھا بالد خال د امسمیا عشات تحت األلحاد میشومة األعضاد * عین الشراد
غابت على عینیا أحفار القبور سایس ریم القور * ال تطیح شي الصخور على حیزیا قسمتك
بالكتاب و حروف الوھاب * ال تطیح التراب فوق أم مرایا لوان تجي للعناد ننطح تلث
* عقاد ندیھا بالزناد عن قوم العدیا وادا نحلف وراس مصبوغة األنعاس * ما
نحسبشي الناس لو تجي می ا عزوني یا مالح في رایس البنات * سكنت تحت اللحود ناري مقدیا
یاخي أنا ضریر بیا ما بیا * قلبي سافر مع الضامر حیزیا
HIZYA ET LA BARAQA DU SAINT SIDI KHALED
Surl’Oued Tell notre caravane s’installa La reine des jouvencelles me dit Adieu. En cette nuit la mort la surprit C’est en ce moment que la belle aux yeux noirs quitta ce monde. S’appuyant sur ma poitrine et elle mourut dans mes bras. Mes larmes coulèrent sur mes joues J’ai cru que mon esprit brouillé était en train Je n’ai laissé ni colline ni ravins ni monticules Elle a envoûté mon esprit celle aux cils teintes d’antimoine Cette fille de nobles accentuait ma douleur Ils l’on mise dans un linceul cette noble fille Me donnant la fièvre jusqu’à ma cervelle La déposant dans un cercueil celle à la belle parure Je suis devenu fou et que m’est-il arrivé On l’a porté sur une litière Par sa piété elle purifie son quartier Celle aux beaux atouts comme une hampe d’un drapeau Elle illumina son entourage comme une fresque Elle resplendissait comme des étoiles et des astres Hizya Aussi belle qu’un arc en ciel Comme le firmament du coucher Son cercueil couvert de soie et de dorure de son lit Et moi comme un chérubin Je suis peiné par la mort de Hizya. Les tourments s’amoncèlent en moi De cette belle au nez aquilin Rien ne m’intéresse maintenant dans ce monde d’ici-bas Elle est morte comme au Djihad Celle aux paupières maquillées d’antimoine
HIZYA LA BELLE AUX YEUX DORMEURS
La ramenant dans la contrée du saint Sidi Khaled Enterrée sur la pierre tombale Celle aux bras ornés de tatouages Les yeux de mon antilope et de son regard Que je ne reverrai plus O fossoyeur, ménage la gazelle du désert Gagner les rivales compétitions Ne laisse point tomber de pierres sur la belle Hizya Je te conjure par le Livre Saint et les écritures sacrées De ne point laisser tomber de terre sur la resplendissante beauté Ah s’il fallait la disputer à ses rivaux Je combattrai les trois troupes de guerriers Je l’arracherai par la force des armes aux tribus ennemies.
Et si je jurerai par la tête de la belle aux yeux dormeurs Je ne compterai par le nombre de mes adversaires Même s’ils atteignent la centaine Consolez-moi ô amis de la souveraine des madones Reposant sous terre, sa flamme ardente brûle en moi Ô frère je suis affligé de ce qui m’arrive Mon coeur s’en va avec l’élégante Hizya
لوا أن تجي للذراع نحلف ما تمشي ذراع * ننطح صرصور قاع باسم حیزیا لو أن تجي للنقار نسمع كان و صار *
لن ندیھا قمار و الشھود علیا لو أن تجي للزحام نفتن عنھا اعوام * ندیھا بالدوام نابو
سھمیا كي عاد أمر الحنین رب العالمین * ال صبت لھا من این نقل H ب ھذیا صبري صبري
علیك نصبر أن ناتیك * نتفكر فیك یا ختي غیر انتیا عزوني یا مالح في رایس البنات * سكنت
تحت اللحود ناري مقدیا یاخي أنا ضریر بیا ما بیا * قلبي سافر مع الضامر حیزیا
SAID SE REMET A LA SEULE VOLONTE DE DIEU
Si cela tenait à la force des bras je jugeraique personne ne peut me la ravir Je combattrai toute une armée que pour défier quiconque au nom de Hizya Si cela dépendra des luttes, vous entendez de mes exploits Je ne tomberai pas comme aux jeux du hasard, et la maintenais devant témoins Si sa vie tenait à des rivales compétitions, je combattrai pour elle des années Je me l’appropriai au prix d’efforts mérité Mes flèches sont là pour rappel. Est-il un moment fort que de se souvenir d’une relation chaste et pure entre Hizya et Saîd? La volonté de Dieu seule est à même de décider d’un dénouement. Une profonde quiétude de l’âme dans un existentialisme que seule la nature écrite renvoie à l’état d’âme des amants. Hizya l’éternelle va-t-elle mourir? La lune rayonne en ce mois de Ramadhan. Hizya nous quitte sous la voûte céleste dans un décor d’une mystique que seuls les gens de Sidi Khaled en connaissent la profondeur d’un message au regard des litanies religieuses qu’on entonne le 27èmejour du mois sacré.
SAID SE REMET A LA SEULE VOLONTE DE DIEU
Mais comme cela relève de la seule volonté de Dieu, maître des mondes Je n’ai trouvé d’issues et me suis remis à l’ordre divin Patience, je te languis en attendant de te rejoindre Mes pensées et souvenirs se bousculent pour revenir vers toi seule.
Consolez-moi ô amis de la souveraine des madones Reposant sous terre, sa flamme ardente brûle en moi Ô frère je suis affligé de ce qui m’arrive Mon coeur s’en va avec l’élégante Hizya
ھلكني یا مالح األزرق كي یتالح * بعد اختي زاد راح و انصرف اعلیا عودي في ذا التلول رعى كل خیول * و
اذا والى الھول شاو المشلیا ما یعمل ذا الحصان في حرب المیدان * یخوح شاو القران امھ
ركبیا ما لعب في الزمول اعقاب المرحول * انا عنھ نجول بیا ما بیا بعد شھر ما
نھار ثالثین یوم بورا حیزیا توفى ذا الجواد ولى فاالوھاد * * یدوم عندي ذا الملجوم
بعد اختي ما زاد یحیا في الدنیا صدوا صد الوداع و اختي قاع * طاح من یدي سراح االزرق آه دیا
ربي اجعل الحیاة وراھم مماة * م نھوم روحي فنات االثنین آرزیا عزوني یا مالح في رایس
سكنت تحت اللحود ناري مقدیا یاخي أنا ضر یر بیا ما بیا * قلبي سافر مع *البنات
الضامر حیزیا
Amis, mon gris cheval me fendit le coeur En prenant son élan attristé par la défunte Il s’éloignait de moi pour disparaître à jamais Les images anciennes ici présentes sont la propriété absolue de leurs auteurs et dont nous sommes infiniment reconnaissants.Hizya nous quitte sous la voûte céleste dans un décor mystique que les gens de Sidi Khaled en saisissent la portée religieuse d’un adieu éternel. Un siècle et demi bientôt, Hizya reste immortelle dans la mémoire de ceux qui ont écouté cette élégie chantée. Dans l’attente d’une rencontre éternelle Said médite. Il est devenu le Fou de Hizyaimmortalisé par le long poème de Mohamed Benguitoun. Le sort d’une cruelle séparation comme si chaque pays recèle des « Majnoun Leila », des « Roméo et Juliette ». Le poème de Mohamed Benguitoun traduit dans une langue populaire de la région, à la fois joie et douleur, espoir et désespoir. Une profonde sentimentalité de l’âme, troublée par la relation chaste de Said et de Hizya dans le secret du code de conduite d’une société pudique où l’honneur est centre de la psychologie tribale.Hizya paraît être une héroïne chaste que l’amour platonique décrit avec tant de délicatesse. Elle demeure pure et pleine de grâce qu’un artiste aurait peint la Joconde de Sidi Khaled, ce village où on naît poète. Ces vers composés en souvenir de ceux qui l’ont connue vivante cette svelte Hizya.
TOUS LES TRESORS N’EGALENT PAS HIZYA
Elle vaut deux cent chevaux pur-arabe et cent cavaliers descendant de Rakbya
Elle vaut mille chameaux et dix fois semblables et une palmeraie forêt des Zibans.
Elle vaut tout le pays des Djerid le pays de l’Afrique noire et les Houassas.
Elle vaut les arabes du tell, du désert et ceux des Zmouls.
Elle vaut tous les nomades et les sédentaires parcourus par les caravanes.
Elle vaut ceux qui sont installés et devenus des citadins.
Elle vaut tous les trésors la charmante fille aux beaux yeux.
Elle vaut toute la fortune et ces troupeaux et l’or serti.
Elle vaut les palmiers des oasis et des chaouias.
Elle vaut tout ce que renferme les mers, les campagnes et les cités.
Vivant au-delà du Djebel Amour jusqu’à Ghardaïa.
Elle vaut le Mzab et le Zab hormis les Saints et les Marabouts.
Elle vaut les chevaux les plus parés et l’étoile du soir.
Et c’est trop peu pour cette beauté toute la médecine et ses remèdes.
Je demande à Dieu qu’il soit avec elle Miséricordieux.
Que mon Seigneur et Maître pardonne celui qui souffre.
Consolez-moi Ô amis de la souveraine des madones reposant sous terre,
Ô frère je suis affligé de ce qui m’arrive, mon coeur s’en va avec l’élégante Hizya.
EPITAPHE DE HIZYA REINE DES GAZELLES CHARME DE BISKRA
Vingt-trois ans d’un âge nubile pour cette belle à l’écharpe de soie
D’elle est parti à jamais tout amour et ne renaîtra plus.
Consolez-moi ô paisible de cette reine des gazelles
Elle habite la demeure ténèbres de l’éternel séjour.
Consolez-moi ô jeunes de cette antilope
Elle me laissa qu’une épitaphe écrite sur sa tombe,
Consolez-moi ô bonnes gens de celle parée de khelkhals d’argent pur.
On l’a inhumé sur un voile de tertre sans bâtir de stèle
Consolez-moi ô amis des cavaliers du Dhieb
Personne par filiation ne s’est approché exepté moi ;
De mes propres mains j’ai tatoué des motifs sur la belle
L’ayant poinçonné comme un sceau aux poignets de la belle
Bleu comme un col qui ravise et que rien n’altère ses traits.
Tout étant si bien tracé sans avoir à utiliser la plume
Tout était l’oeuvre de mes mains en dessinant avec soins ce tatouage
J’avais écrit mon nom gravé aux poignets au-dessus des bracelets,
Même aux mollets j’ai apposé des motifs du Djerid.
Que ma main a dessiné, n’est-ce pas- là la vie
Consolez-moi ô amis de la souveraine des madones
Reposant sous terre, sa flamme ardente brûle en moi
Ô frère je suis affligé de ce qui m’arrive
Mon coeur s’en va avec l’élégante Hizya.
Said ne te révérait plus lorsqu’il se souviendrait de toi
Le malaise le prendrait Pardonne-moi ô Dieu le clément
Pardonne à ceux des présents Saïd est triste et chagriné ;
Pitié pour eux et réunit-les dans la demeure éternelle
Ne souffrant qu’à sa belle
Pardonne aussi l’auteur qui a composé ce poème.
Son nom est formé de « Mim » « Ha » « Dal » (Mohamed)
Celui qui a narré cette élégie.
Ô Toi qui est omniscient et prédit l’avenir
Soulage cet homme douloureux.
Je pleure l’exilé et apitoie mes ennemis.
J’ai perdu l’appétit et tout est fade dans ma bouche ;
Je vis l’insomnie et mes paupières ne connaissent plus le sommeil
Cette élégie a été composé trois jours seulement après la mort
De celle qui me fit ses adieux que je ne recevrais plus
Ô vous qui m’écoutez, ce poème a été achevé en l’an 1295 de l’Hégire (1878 J.C)
Le fis de Séghir a écrit cette chanson au mois de l’Aïd el Kébir
A Sidi Khaled Ben Sinan, BenGuitoun a composé ces vers
En souvenir de ceux qui l’ont vu vivante
Mon coeur est parti avec la svelte Hizya.
Amis mon cheval gris me fendit le coeur en prenant son élan attristé par la défunte ; I l s’éloignait de moi pour disparaître dans ces tells. Mon cheval plus rapide que ces étalons. Que d’exploits rapporterait ce prodigieux cheval sur le champ de bataille. Son trot ressemble à la jument de Raqbiya, nom d’un étalon ramené du Maroc par Sidi Ahmed Tidjani d’Aïn Madhi. Après un mois mon cheval me quitta le trentième jour après l’adieu de Hizya.Ce pur-sang arabe mourut au profond du précipice. Il ne put survivre après elle.Le soleil qui éclaire s’en va au couchant, s’est éclipsé après avoir touché la voûte céleste. La lune qui apparaît rayonne au mois de Ramadhan, disparait du ciel en faisant ses adieux. Benguitone dédie cepoème à la reine de sa génération, fille d’Ahmed et descendante de la lignée illustre des Daouadas. C’est le jugement qui émane de la volonté de Dieu, notre maître le Tout Puissant qui a rappelé à Lui Hizya. Donnez-moi la patience, mon coeur meurt de son mal, emporté par l’amour de la belle qui nous a quittés.
Consolez-moi ô amis de la souveraine des madones. Repose sous terre, sa flamme brûle en moi ;
Ô frère je suis affligé de ce qui m’arrive. Mon coeur s’en va avec l’élégante Hizya.
(*) Traduit et commenté
Dr Boudjemâa HAICHOUR,
Chercheur Universitaire