Humeur
Accords de Madrid, acte II
Par Mohamed Abdoun
Quel a été le prix de la trahison de Pedro Sanchez, le président du gouvernement espagnol ? La question mérite d’être posée, certes. Mais elle nécessite avant tout un petit moment de réflexion. Quelle qu’en soit la réponse. Les accords de Madrid, en effet, ne sont pas si loin dans les mémoires. L’Espagne franquiste avait trahi et abandonné sans état d’âme le peuple sahraoui. Aujourd’hui, l’histoire tend à se répéter. Dans la foulée, la presse ibérique révèle que Pedro Sanchez pourrait classifier sous le sceau du « secret-défense » les closes et les choses qu’il a négociées avec Mohamed VI. Cette révélation parait plausible à priori. Les arguments fournis par le PSOE (parti socialiste ouvrier espagnol) pour justifier sa trahison paraissaient en effet particulièrement bancals dans le document interne que La Patrie News avait réussi à se procurer. Partant, il devient possible et légitime de supposer que Pedro Sanchez a d’indicibles et sulfureuses choses à se cacher. Ce qui renforce ce postulat qui en devient carrément axiomatique, c’est ce fait que Rabat se soit permise de placer littéralement le couteau sous la gorge de Pedro Sanchez en rendant publique sa lettre annonçant son changement de position à l’adresse de la question sahraouie. De fait, s’il fallait que cette trahison soit rendue publique un jour, la bienséance diplomatique aurait voulu que ce fut Pedro Sanchez qui le fasse lui-même. Le fait que ce soit le Maroc qui l’ait fait en premier est une preuve suffisante que Pedro Sanchez est désormais pris en otage par les gens du Makhzen. Il ne nous reste qu’à spéculer sur le contenu de ces clauses secrètes. Or, si celles-ci abondaient dans le sens des intérêts de Madrid, nul doute qu’il se serait empressé d’en faire étalage. S’il rechigne à en parler dès lors, c’est qu’il en a forcément honte. Le peuple sahraoui est peut-être en train de vivre une sorte d’acte II des tristement célèbres accords de Madrid. Ce qui alimente ces craintes et ces supputations c’est qu’il est de notoriété publique que le Maroc est passé maitre dans l’art de faire chanter ses « partenaires ». De les corrompre et de les acheter aussi. En tous cas, si Pedro Sanchez espérait conclure un accord définitif sur le tracé de ses frontières maritimes avec son voisin du sud, il devrait déchanter dès maintenant. La nature belliqueuse et expansionniste de Rabat empêche en effet la conclusion de ce genre d’accord. En tout état de cause, Pedro Sanchez ne mettra pas longtemps à se rendre compte qu’il a été berné par le Makhzen. A ce moment-là, il n’aura plus que ses yeux pour pleurer…
M.A.