Humeur/ No pasaran !
Il s’agit là du célèbre cri de ralliement et de résistance des démocrates-républicains, en guerre contre le dictateur Franco. C’était à l’époque du carnage de Guernica. Et de la trahison (première du nom) de la cause sahraouie par les dirigeants ibériques. Ce sont les accords de Madrid qui permirent au Maroc d’envahir le Sahara Occidental en 1975 pour y opérer une véritable épuration ethnique à l’aide de ses obus au napalm. Aujourd’hui, c’est Pedro Sanchez, chef de l’Exécutif espagnol, qui trahit à son tour. A quoi bon se tourmenter en convoquant le passé si l’on se montre incapable d’en retenir les leçons essentielles. A quoi bon. Un peuple brave et courageux qui se bat pour son indépendance et son émancipation est condamné à triompher. L’Espagne officielle, tout comme les dirigeants européens, se refusent à admettre cet axiome. Alger, en suspendant son traité d’amitié avec Madrid, ne fait que rappeler à l’Espagne ses responsabilités morales, historiques et légales. Or, les dirigeants européens, volés au secours du royaume ibérique, perdent de vue eux aussi ces mêmes devoirs éthiques et moraux. La cour de justice européenne a maintes fois condamné le Vieux continent pour avoir inclus le Sahara Occidental dans ses accords commerciaux avec le Maroc. Gilles Devers, avocat du Polisario, et Oubi Bouchraya, se montrent tous deux d’une assurance absolument sans failles. Le droit est en effet de leur côté. Les dirigeants européens n’en démordent pourtant pas, retardant l’échéance inéluctable pour quelques millions d’euros de plus. C’est cette cruelle et criminelle vénalité qui dicte le plus souvent le comportement de ces dirigeants à l’orgueil hypertrophié. Non, le concept de néocolonialisme n’est pas une simple vue de l’esprit. La levée de bouclier européenne a trahi sa propension à prendre partie de facto pour les blancs espagnols contre les bougnoules africains que nous sommes. Que nous ne cesserons jamais d’être. Le traitement réservé aux blonds réfugiés ukrainiens, qui tranche nettement avec l’indifférence qui cerne et concerne les victimes palestiniennes, maliennes, afghanes… est une preuve suffisant que l’Occident nourrit et assume ses racines racistes. Son apartheid avance, les mains en œillères pour ne pas voir les crimes à l’entour. La mise au point de notre représentation diplomatique à Bruxelles est d’une éclatante clarté. « S’agissant de la prétendue mesure d’arrêt par le gouvernement des transactions courantes avec un partenaire européen, elle n’existe en fait que dans l’esprit de ceux qui la revendiquent et de ceux qui se sont empressés de la stigmatiser. » là encore, et nous avons le regret de le dire, il est avant tout question d’argent et de bénéfice. Plus de 4 600 opérateurs espagnols pourraient subir de plein fouet les conséquences de cette suspension et du gel des opérations bancaires. La filière espagnole de l’exportation de bétail, par exemple, affiche déjà une perte de 66 millions d’euros à la suite de l’interdiction des importations de viande espagnole décrétée par les autorités algériennes en avril. Le traité d’amitié conclu à Madrid depuis près de 20 ans entre l’Algérie et l’Espagne, n’avait certainement pas ignoré la question sahraouie. Lors de la signature de cet accord entre le président de l’époque et le chef du gouvernement José-Maria Aznar, le chef de l’Etat algérien avait pris le soin de mettre les points sur les « i ». le magazine Jeune Afrique, que l’on ne peut certainement pas accuser d’être pro-algérien, rappelle ainsi que l’Espagne, ancienne puissance coloniale, a un rôle « déterminant » à jouer dans le règlement du conflit, d’autant qu’elle allait siéger au Conseil de sécurité de l’ONU à partir de janvier 2003. Il ajout, citant le président algérien de l’époque, que l’Algérie et l’Espagne sont pour « l’autodétermination » du peuple sahraoui. Réponse de José Maria Aznar : la position de Madrid sur cette question repose, depuis 1976, sur le respect des décisions de l’ONU. Elle vient de changer du tout au tout du fait d’un Pedro Sanchez, pris dans les rets marocains. Le Makhzen est en effet passé maitre dans l’art de mouiller les hauts responsables avant de les faire chanter, et de leur dicter leur conduite. Pedro Sanchez est de ceux-là. Alger ne saurait se taire face à cette innommable trahison. Il y va de son glorieux passé anticolonial. Le bras de fer ainsi enclenché avec le vieux continent ne saurait durer longtemps. Bruxelles n’est pas en position d’imposer son diktat. Bientôt, elle devra céder et lâcher du lest. Le tout est de tenir bon le temps qu’il faudra. Ce tournant historique sera capital et déterminant pour la cause sahraouie.
El Ghayeb Lamine