Humeur
Quand un peuple persiste et signe !
Par Mohamed Abdoun
Deux ans ! il aura fallu deux bonnes années depuis la désignation de Stafan de Mistura au poste d’envoyé personnel du SG de l’ONU au Sahara Occidental, avant que ce dernier ne puisse enfin mettre le pied dans les territoires occupés, transformés en prison à ciel ouvert, où les journalistes, les défenseurs des droits de l’Homme et les diplomates de l’ONU n’ont pas le droit de se rendre. Le journaliste Ignacia Cenbrero nous apprend même sur El Confidencial que c’est Washington qui a forcé la main à Rabat pour que de Mistura puisse enfin se rendre dans les territoires occupés. Inouïs ! Du jamais vu ! Aux yeux du droit international, le Sahara Occidental est un territoire non-autonome. Le Maroc n’y dispose d’aucune autorité juridique, politique ou autre. Son occupation représente un défi criard à la légalité internationale. et plus encore son refus ostensible de laisser entrer les observateurs étranger. Voilà, en substance, où réside la première et éclatante victoire du peuple sahraoui via cette visite du diplomate italo-suédois. La seconde, il convient de la chercher du côté de Washington. A travers son attitude et son engagement, Joe Biden désavoue de facto le Tweet de son prédécesseur Donald Trump. Le « deal du siècle » aura fait long feu. J’ai pu m’entretenir très brièvement avec les militantes Aminatou Haidar et El Ghalia Djimmi. Les deux, se trouvant à El Ayoun, capitale du Sahara Occidental. Cela, avant que les communications téléphoniques et internet ne soient coupées ou brouillées par les forces d’occupation marocaines. Toutes deux m’ont confirmé la très étroite surveillance dont elles font l’objet de la part des sbires d’Abdellatif Hammouchi et Yacine Mansouri. Aminatou Haidar m’a même dit reconnaitre la façade de sa maison dans une photo montrant clairement une des voitures en charge de cette surveillance. Le Makhzen panique. Il sait que le peuple sahraoui va mettre à profit cette salvatrice visite pour crier haut et fort son rejet du joug colonisateur marocain. Dont acte. Une très grande manifestation a en effet eu lieu dans les territoires occupés aux fins de réserver l’accueil idoine à l’envoyé personnel d’Antonio Guterres. Il va sans dire que cette manifestation pacifique a été sévèrement réprimée. Oui, le Makhzen panique, qui sait que son joug colonial se trouve être à l’agonie. Cette visite est toutefois loin de se suffire d’elle-même. Il est impératif pour l’ONU d’étendre les prérogatives de la MINURSO au respect des droits de l’Homme, mais aussi et surtout d’envisager au conseil de sécurité une résolution contraignante à l’endroit du Maroc. C’est à ce prix là, et à celui-là seul que cette affaire de décolonisation sera légalement et définitivement résolue. En attendant, la lutte armée se poursuivra sans relâche. Toute éventuelle négociation, comme me le disait Mohamed Sidati, chef de la diplomatie de la RASD, ne se fera que les armes à la main, et balle au canon. Avis !
M.A.