Idriss Déby Itno, président du Tchad : un assassinat commandité par la France ?
Nous croyons nager en pleine guerre des barbouzes dont nous lisions les péripéties dans des romans d’espionnage de second ordre. Après la mort du président Tchadien Idriss Déby Itno, « au cours d’un accrochage avec des rebelles à Kanem », certains médias rapportent qu’il serait plutôt mort à N’Djamena, la capitale du Tchad, à 300 km de là.
C’est suite à une fusillade menée par son aide de camp, Mahamat Acyl Koudhar, que le président a été tué au cours d’une réunion avec des généraux, est-il précisé, contrairement à ce qu’ont rapporté les médias occidentaux en général et français en particulier.
Un journaliste de France 24 a même confirmé que l’aide de camp du président est porté disparu aussitôt après la mort de Déby Itno, avant d’être remis à l’ordre par sa direction. Ce genre d’opération a toujours été le fait de la direction des opérations des services secrets et les exemples ‘africains’ sont légion dans leurs relations non naturelles avec la France, ancien et nouveau pays colonisateur d’une grande partie des pays africains.
Tant que le président d’un de ces pays demeure fidèle à la France, il est l’ami qui est reçu à l’Elysée et qui bénéficie de tous les soutiens nécessaires pour sauvegarder les intérêts de ses maitres outre-méditerranée. Dès qu’il veut se libérer, il est la cible des tireurs commandités par le SDECE ou un autre service chargé des basses besognes, parfois ces tireurs sont les propres amis et collaborateurs du président devenu indésirable.
Les exemples sont nombreux, à l’image de Laurent Désiré Kabila et Badis Camara en Guinée ou le président libyen Mouammar El Keddafi, assassiné en direct après que des tribus entières aient été levées contre lui par des vendus à la France. D’ailleurs le mode opératoire est semblable dans tous les cas et les raisons toujours les mêmes : quand le protégé rue dans les brancards, « on » se dépêche de le trucider et de le remplacer par un autre qui est, du moins tant qu’il est docile, l’ami sur lequel ‘on’ peut compter pour perpétuer la mise à sac du pays et la colonisation, sous une autre forme.
Pour Idriss Déby Itno, l’une des raisons qui ont commencé à faire douter de sa sincérité et de son amitié envers la France, c’est justement le fait qu’il l’ait accusée d’avoir assassiné le président libyen sans en mesurer les conséquences désastreuses pour l’ensemble de la région et pour la Libye en particulier, ceci en juin 2017, dans un entretien qu’il a accordé à la chaine française TV5 Monde.
Dans la même interview, le président tchadien avait plaidé pour un Franc CFA totalement indépendant de la Banque de France et du Trésor Français afin de permettre aux pays de la région CFA de se développer, tout en mettant en avant le fait que c’est le Trésor Public Français qui encaissait les devises engrangées par les exportations tchadiennes de pétrole.
Il a aussi annoncé que c’est la France qui décidait de tout au Tchad et dans les 14 Etats de la Zone Franc, tout en rappelant que c’est toujours la France qui avait changé la Constitution tchadienne pour l’obliger à rester à la tête de l’Etat alors qu’il voulait déjà quitter ce poste en 2006.
Outre cela, Idriss Déby a vivement critiqué la France dans sa participation à l’opération Barkhane au Sahel, bien que le Tchad abrite une base logistique pour cette opération. Enfin, et c’est une vérité peu connue, le défunt président Tchadien a refusé de soutenir la rébellion Centrafricaine de la CPC contre le président Faustin Archange Touadéra dont le France voulait empêcher la réélection et le punir de son alliance avec la Russie.
Tous ces actes d’idriss Déby Itno ont provoqué l’ire de l’Elysée et ce qui devait arriver, arriva, dans l’implacable ordre des choses établies par les puissances coloniales qui ne veulent en aucun cas abandonner leurs anciennes colonies dont elles pillent toujours les richesses tout en en privant les populations obligées de se déplacer vers des horizons meilleurs qui sont la mort ou l’esclavage.
Enfin, et pour corser le tout, c’est le fils du président assassiné qui est placé à la tête d’une junte chargée de diriger le pays pendant une période que personne ne peut définir pour le moment.
La lumière sera-t-elle faite un jour sur cette affaire ? Et sur toutes les autres qui lui ressemblent ? Les pays africains réussiront-ils enfin à obtenir une véritable indépendance des anciennes colonies et faire bénéficier leurs habitants des immenses richesses que recèle l’Afrique et qui ne profitent, jusqu’à maintenant, qu’aux puissances coloniales qui ne reculent devant rien pour continuer leur rapine des richesses du continent africain ? Et la vérité éclatera-t-elle un jour ?
Tahar Mansour