Il a érigé le plus long mur de séparation au monde : Apartheid à la marocaine !
On n’en parle que peu. Pourtant, il est le plus long mur de sable au monde. Il fait 2600 km de long et sépare le Sahara Occidental en deux parties : Les territoires occupés, dont la capitale sahraouie el Ayoun, et les territoires libérés au prix fort par les Sahraouis après une guerre dévastatrice qui aura duré 16 longues années opposant l’armée royale marocain, épaulée notamment par la France et l’ALPS (Armée de libération du peuple sahraouis) qui a su donné tout au long de ses années, de véritables leçons de bravoures. Preuves à l’appui, des documents récupérés y compris sur des pilotes marocains, sont actuellement exposés fièrement au musée de la « résistance sahraouie ».
A l’intérieur, soigneusement sauvegardés, des documents officiels au sigle du royaume du Maroc et signés par «Sa Majesté Hassan II»– pour la plupart, des «ordres de mission, des plans de batailles et aussi des plans de restructuration des armées» – sont présentés comme «des preuves formelles des revers subis par les FAR durant le conflit» puisque «récupérés lors des différentes offensives», nous explique notre guide.
En sillonnant le musée, nous ne pouvons que remarquer la présence de dizaines de «cartes d’identités militaires» de simples soldats ou d’officiers marocains et mauritaniens «capturés ou tués». Une autre aile est réservée au «butin de guerre».
Il s’agit entre autres du matériel de transmission, de canons à petite portée, des fusils d’assaut et aussi des casques de pilotes de l’Armée de l’air royale marocaine. Une maquette du mur de la «honte» est aussi présentée aux visiteurs. Nous y reviendrons assurément…..
Le mur de la honte (appelé mur des sables, mur de défense marocain, mur de sécurité par les marocains) est une barrière de séparation érigée au Sahara occidental par le Maroc à partir d’août 1980 et achevée en 1987 afin de se protéger contre les incursions du Front Polisario. Le mur est défendu par environ 100 000 soldats marocains. L’édification du mur de 2 600 kms, s’est faite sur plusieurs étapes.
Des « fractures » toujours vivaces
Quarante ans de conflit au Sahara Occidental ont brisé des milliers de familles sahraouies comme celle d’Abdelahi Reguibi, qui vit près de Tindouf dans un camp de réfugiés où le seul horizon semble être les sables du désert.
L’impasse dans laquelle se trouve depuis, 1991, le processus de décolonisation du Sahara occidental pèse sur des milliers de familles sahraouies toujours séparées par des centaines de kilomètres, de chaque côté d’un «mur de défense» en sable construit par le Maroc dans les années 1980.
Abdelahi Reguibi n’avait que neuf mois quand sa tante l’a pris dans ses bras pour fuir, sans ses parents et son frère.
C’était en 1978, en pleine guerre, deux ans après le retrait du dernier soldat espagnol de ce vaste territoire désertique peuplé de plus d’un demi-million d’habitants mais riche en phosphates et aux côtes poissonneuses. Jusqu’à l’âge de dix ans Abdelahi Reguibi a cru que sa tante était sa mère.
«Ma mère était partie au marché le jour où nous nous sommes sauvés», racontait à l’AFP ce journaliste de bientôt 40 ans, qui dirige la rédaction de Radio Smara. «D’après ce qu’on m’a raconté, les gens se sont enfuis sous les bombes, pieds nus. Nous sommes arrivés au camp de réfugiés et on ne l’a plus quitté».
Ses trois enfants et son épouse sont nés dans le camp de Smara. Comme les autres camps érigés près de Tindouf, à 1.800 km au sud-ouest d’Alger, il porte symboliquement le nom d’une grande ville sahraouie.
Les deux parties de la famille de M. Reguibi sont longtemps restées dans l’ignorance l’une de l’autre: En 2011, des retrouvailles familiales «très émouvantes» ont pu avoir lieu grâce au Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés. «Mais nous avons dû aller à l’hôpital dès notre arrivée pour voir ma mère qui ne dormait plus depuis une semaine», explique Reguibi. «Nous étions heureux malgré les difficultés».
Mohammed Cheikh Kentaoui n’a pas eu la chance de revoir sa mère.
Il n’avait pas 20 ans quand le Maroc a envahi le Sahara occidental. Il a alors choisi de fuir, avec un treillis et des chaussures militaires car il voulait combattre l’armée marocaine. Mais le Polisario fera de lui un enseignant.
En 1996, il est à Alger quand il apprend le décès de sa mère en contactant un proche aux Canaries, au large du Sahara occidental. Mais en 2008, il parvient enfin à revoir des proches restés de l’autre côté. «Ils nous ont accueillis avec une grande fête qui a duré cinq jours. Ce n’était pas long mais au moins, on a pu voir la famille», assure ce père de trois filles, devenu comptable. Khadija Metkhatri avait elle pu retrouver une partie des siens quatre ans plus tôt. Son père était mort de vieillesse, un de ses frères à la guerre. «Quand je suis partie, mes frères allaient encore à l’école», confie-t-elle.
«A mon retour, j’ai trouvé des hommes que je reconnaissais à peine. J’en pleurais de joie». Mais cette sexagénaire évacue vite la nostalgie au profit d’un discours militant. «Je ne peux pas rester avec eux, j’ai fait la promesse au Polisario de militer dans ses rangs jusqu’à l’indépendance et je ne le trahirai pas», s’est-il engagé.