Il devait s’y rendre en compagnie des chefs d’Etats des trois pays baltes : Le président allemand décrété persona non grata par Kiev
L’humiliant coup de massue qui vient d’être asséné par Kiev à Belin touche toute l’Union Européenne par voie de récurrence. Aucune décantation géopolitique n’est à attendre dans l’état actuel des choses. Bien au contraire. Les complications locales sont en effet appelées à aller crescendo. De Varsovie, où il a rencontré mardi le chef de l’Etat polonais Andrzej Duda, le président allemand Frank-Walter Steinmeier souhaitait se rendre à Kiev ce mercredi avec des délégations de Pologne et des pays baltes pour « envoyer un signal fort de solidarité européenne avec l’Ukraine », selon le site du quotidien Bild. Mais l’ancien ministre social-démocrate (SPD) des Affaires étrangères d’Angela Merkel est décrété persona non grata sur le sol ukrainien. « Nous connaissons tous les relations étroites de Steinmeier avec la Russie ici… Il n’est pas le bienvenu à Kiev pour le moment. Nous verrons si cela change », a clairement signifié Volodymyr Zelensky. Cette humiliant camouflet est très dur à avaler pour Belin. Et pour l’UE aussi, qui s’en trouve éclaboussée » par voie de récurrence. Ces dernières semaines, Frank-Walter Steinmeier a fait l’objet de critiques, tout comme l’ancienne chancelière conservatrice, pour son supposé manque de fermeté à l’égard de la Russie. Il avait reconnu début avril avoir commis une « erreur » en soutenant la construction du gazoduc Nord Stream 2, entre la Russie et l’Allemagne. Ce gazoduc représente la seule et meilleure voie de salut énergétique pour l’Europe. Son autonomie énergétique, placée entre les mains de Moscou fait voir rouge à Washington, qui ne se soucie que de ses intérêts propres. Ce faisant, elle va jusqu’à manipuler Kiev, pour en faire un pantin désarticulé entre ses mains. Volodymyr Zelensky avait déjà tenu des propos plus que désobligeants vis-à-vis de la chancelière allemande. Au sommet de l’Otan à Bucarest, en avril 2008, l’Allemagne s’était prononcée contre le lancement du processus d’adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie, position partagée par le président Sarkozy, estimant qu’il ne s’agissait pas de démocraties assez stables. Il y a quelques jours, l’Ukrainien avait alors suggéré que tous deux se rendent à Boutcha, dont le triste sort fait couler force encre et salive.
Kamel Zaidi