Il est vrai que l’horreur criminelle à Gaza a dépassé toutes les limites de l’entendement. D’autant que de toute l’histoire tourmentée de l’humanité, les massacres de masse se déroulent depuis six interminables mois en direct sous nos yeux impuissants. Mais, ce que nous tendons quand même à perdre de vue c’est qu’au finish le bilan macabre sera nettement supérieur à celui que nous nous évertuons de tenir vaille que vaille. Face et dans l’horreur absolue, les capacités de tenir une comptabilité juste se perd face au défi premier qui est celui de tenter de survivre, de protéger les siens, et d’éviter de sombrer dans la folie. Car, la folie protège. Et ceux qui sont habituellement pris pour des fous, sont ou étaient d’ordinaire les plus sensibles d’entre nous. Bref, l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme est venu nous rappeler brutalement cette triste réalité que l’horreur chiffrée à Gaza est encore sous-estimée malgré son incommensurable ampleur. Les estimations de cet Observatoire, en effet, indiquent que le nombre de personnes portées disparues à la suite de la guerre dans la bande de Gaza dépasse les 13 000, et que certaines d’entre elles sont toujours sous les décombres ou ont été enterrées dans des fosses communes aléatoires, ou ont été cachées de force dans les prisons et les centres de détention israéliens, et certains d’entre eux ont été tués à l’intérieur. L’Observatoire a déclaré que l’armée d’occupation n’a – jusqu’à présent – publié aucune donnée sur les circonstances de l’assassinat de ces prisonniers et détenus, et qu’aucune partie indépendante n’a été – jusqu’à présent – en mesure de vérifier et d’identifier les circonstances de leur assassinat, et leur les corps n’ont pas été exhumés, leurs identités déterminées, leurs restes restitués, ni même leurs familles informées. L’Observatoire euro-méditerranéen a averti que cette estimation était basée sur le volume des premiers rapports de personnes disparues, ajoutant qu’il était difficile d’estimer le nombre réel de personnes disparues à ce stade, étant donné la poursuite des attaques militaires israéliennes et le siège de nombreuses zones, dans lesquelles l’armée israélienne mène ses opérations militaires, ainsi que les pratiques ciblées de l’armée israélienne pour disperser les familles palestiniennes, notamment en les forçant à migrer à plusieurs reprises sans assurer de passages sûrs. L’Observatoire a souligné la nécessité d’une action rapide pour récupérer les corps, avertissant que leur présence continue sous leur forme actuelle menace de propagation davantage d’épidémies et aura de très graves répercussions sur la santé publique et l’environnement, des problèmes qui se font sentir depuis plusieurs mois. Aux 33.545 martyrs officiels déjà recensés, il faudrait ajouter ces 13.000 disparus. Cela, en sus des plus de 76.000 blessés, dont beaucoup ne guériront pas, faute de soins adéquats et de nourritures suffisantes. Au risque de paraitre pessimistes aux yeux de nos lecteurs, un rapide calcul mental, pour peu que le bourreau Netanyahu cesse immédiatement ses massacres, vas s’élever à au moins 100.000 martyrs. Cela fait plus de 10 % de la population de lac prison à ciel ouvert de Gaza. Plus que jamais, et statiquement et arithmétiquement parlant, l’on fait bel et bien face à un génocide dans le sens plein du terme.
El Ghayeb Lamine