Il prétend défendre l’Algérie : Le double jeu de José Manuel Albares
Le ministre espagnol des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération refuse d’accuser l’Algérie d’être responsable des massacres de Melilla. Le Makhzen vient de recevoir un véritable coup de massue. Le chef da la diplomatie espagnole refuse de souscrire aux thèses marocaines imputant à l’Algérie la responsabilité des massacres des 23 migrants subsahariens à Melilla. En somme, un virage à 360°. Dans une interview à la chaîne Antena3,le chef de la diplomatie espagnole a défendu, ce mardi, la nécessité de clarifier ce qui s’est passé vendredi dernier lors de l’assaut de Melilla avant d’ « attribuer des responsabilités » et de pointer du doigt l’Algérie, comme le Maroc l’a fait.
« Vous ne me trouverez pas du côté de ceux qui attribuent des responsabilités sans savoir ce qui s’est passé », a répondu le ministre à une question de savoir s’il estime, à l’instar du Maroc qui affirmé que « les assaillants se sont infiltrés à la frontière avec l’Algérie , profitant du laxisme délibéré du pays dans le contrôle de ses frontières avec le Maroc », qu’Alger y est pour quelque chose. Ce retournement de position est loin d’être anodin ni fortuit. Un retournement qui s’explique par le refus de l’OTAN d’accéder à la demande de Madrid d’inscrire la défense du flanc sud de l’Europe dans sa nouvelle doctrine militaire de base. En effet, le ministre espagnol des Affaires étrangères a voulu inclure à l’ordre du jour les menaces non conventionnelles comme le terrorisme ou « l’utilisation politique des ressources énergétiques et de l’immigration illégale » venant du sud. Un retournement induit également par les répercussions économiques de la décision d’Alger de suspendre le traité d’amitié avec Madrid, avec le gel des échanges économiques. Une leçon que José Manuel Albares est loin d‘avoir retenu. Voulant ménager le choux et la chèvre, José Manuel Albares a souligné que « le Maroc et l’Espagne montrent que nous voulons clarifier ce qui s’est passé », d’où le fait que le parquet marocain et le médiateur espagnol ont ouvert une enquête. D’autre part, Albares a évité de qualifier ce drame d’ attaque, bien qu’il ait souligné qu’une avalanche de 2000 personnes comme celle enregistrée “est quelque chose de très difficile à gérer et à canaliser ». Une autre manière de disculper le Maroc. Acculé par la pression internationale et l’indignation face au massacre commis à la frontière de Melilla contre des migrants subsahariens, Rabat pratique un contorsionnisme habituel pour imputer le drame à l’Algérie alors que l’ONU réclame une enquête indépendante. «Nous appelons les deux pays à garantir la tenue d’une enquête efficace et indépendante, première étape pour déterminer les circonstances dans lesquelles il y a eu des morts et des blessés ainsi que toutes les responsabilités éventuelles», a déclaré à Genève une porte-parole du Haut-commissariat aux droits de l’homme, Ravina Shamdasani.
Salim FAROUK