Industrie pharmaceutique : « Aujourd’hui, la bataille est technologique », assure Dr Mohamed Nibouche
La création d’un département ministériel à part entière de l’industrie pharmaceutique « dénote de l’importance de promouvoir ce secteur stratégique, générateur de richesse, qui confèrera l’Algérie «une place de choix en tant que pôle au niveau continental et international», a souvent affirmé à ce propos le ministre en charge du secteur, Abderrahmane Lotfi Djamel Benbahmad.
« Nous avons plaidé pour la création du ministère de l’Industrie pharmaceutique et pour la mise en place de l’Agence des produits pharmaceutiques au sein de ce même ministère, car nous y voyons l’intérêt scientifique, sanitaire et industriel de l’Algérie », a assuré de son côté, le Dr Nibouche.
Soulignant ce mardi matin, « un intérêt en termes d’indépendance dans la prise de décision par rapport à certains lobbies de l’importation qui influaient, auparavant, sur ce secteur, de manière assez négative, Dr Nibouche qui intervenait sur les ondes de la chaîne III de la radio nationale, est catégorique. « Ceci devrait être contré par un nouvel arsenal juridique.
« L’objectif du ministère de l’Industrie pharmaceutique, d’ici 2022, c’est la mise en place d’une nouvelle réglementation », a-t-il dit.
« Tant qu’il y aura des intérêts, ces lobbies étrangers existeront toujours, mais il ne faut pas que cela freine l’élan du développement de l’industrie pharmaceutique », met-il en garde appelant à « resserrer les rangs autour du projet de développement de l’industrie pharmaceutique en Algérie » et à faire preuve de patriotisme au service de l’économie nationale.
« Être patriote ce n’est pas brandir un drapeau et sortir dans la rue. Etre patriote c’est se lever tous les matins et aller travailler pour le développement de son pays », a-t-il soutenu.
Il a dans ce sens, lancé un appel aux laboratoires privé afin « investir dans la recherche ». « Hormis pour ce qui relève de la souveraineté de l’Etat, comme les vaccins par exemple, il est impératif que le secteur privé puisse participer, notamment pour les budgets de recherche dans les universités », a-t-il insisté.
L’expert témoigne que l’idée de développer les biotechnologies avait été lancée en 2003. « Invité à venir en Algérie, le président des laboratoires Heber biotec de Cuba, qui étaient à l’époque le troisième développeur de biotechnologies au monde, a fait le déplacement mais, rien n’a été fait.» En cause, selon le Dr Nibouche, « les lobbies sont intervenus pour empêcher l’Algérie de développer des recherches à l’Université de Bab Ezzouar sur les biotechnologies».
En clair, il « faudra du courage pour mener à bien le projet et pour lutter contre toutes ces forces qui s’opposent au développement de l’Algérie»
Un secteur « à la croisée des chemins »
Remontant un peu plus loin dans l’histoire du secteur pharmaceutique national, l’ancien directeur de la pharmacie et des équipements au ministère de la Santé estime que l’industrie pharmaceutique est appelé à passer à une étape supérieure après avoir atteint une taille critique ».
«Aujourd’hui la bataille est technologique et le développement de l’industrie pharmaceutique en Algérie est aujourd’hui à la croisée des chemins », relève-t-il.
«Nous disposons d’un tissu industriel performent, puisque plus de 50% des besoins nationaux en produits pharmaceutiques sont satisfaits, mais cela reste insuffisant », explique l’expert.
C’est pourquoi, le Dr Nibouche recommande d’ « intensifier la recherche au service de la santé ». « Il faut ouvrir, aujourd’hui, la porte au développement de la recherche et au développement de cette industrie vers les produits biologiques, vers les biosimilaires, vers les produits princeps biologiques et qui parle de produits biologiques, parle de recherche et de vaccin », a-t-il insisté.
Pas que ça. Selon l’expert, il est également question, que des passerelles « soient mises en place entre la Santé, l’université et l’industrie pharmaceutique, pour insuffler un esprit de complémentarité et de complicité pour le soutien du développement scientifique industriel en Algérie.»
« L’Algérie doit construire cette complémentarité et impliquer l’ensemble des petites industries qui apportent les éléments nécessaires au développement de l’industrie pharmaceutique et de la recherche », a-t-il recommandé.
M.M.H