La brouille entre Bamako et Paris est loin de s’estomper. Et c’est bien le contraire qui serait plutôt vrai. Le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian est en effet visé par une plainte au Pôle économique et financier de Bamako au Mali. La plainte est initiée par le mouvement Maliko, une organisation de la société civile locale. Des représentants d’icelle ont en effet été reçus cette semaine par le ministre malien de la Justice Mamoudou Kassogué. Le mouvement Maliko annonce également une plainte en France. L’ancien ministre de la Défense sous Hollande et « trophée de guerre » de Macron du camp socialiste, est visé pour son implication « dans l’attribution frauduleuse du marché des passeports biométriques maliens ». La confection des passeports a été gérée par une société canadienne. Mais lorsque le contrat est arrivé à expiration en 2014, le gouvernement malien n’a pas souhaité le renouveler. Le marché a été attribué par la suite en 2015 à une société française de la Bretagne « sans appel d’offres », d’après Maliko. La Bretagne est la région de naissance de Le Drian. Son régionalisme relève également du secret de polichinelle. « Il ressort des investigations que l’actionnaire principal de la société Imedia, adjudicataire du marché public de confection du passeport malien n’est autre que Monsieur Thomas Le Drian, fils de Jean Yves Le Drian, actuel ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, et ministre de la Défense au moment des faits », déclare les responsables de Maliko lors d’une conférence de presse relayée par Maliactu. En janvier 2014, Jeune Afrique révélait que Le Drian a obligé l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta à attribuer le marché à la société Imedia au détriment des Canadiens de Bank Note. Jean-Yves Le Drian, comme tout bon chef de la diplomatie qui se respecte, n’hésite pas à mouiller le maillot. Oui, il le fait, mais pour son rejeton de fils, et pour sa petite province, la Bretagne. C’est, en en effet, ce qu’a révélé le Magazine Jeune Afrique dans une enquête de pas moins de dix pages. Thomas Le Drian, fils du chef de la diplomatie française était présent aux côtés de son père à un salon de l’armement organisé à Abou Dhabi, aux Emirats Arabes Unis, alors que ce fils à papa, âge de 31 ans, versé dans l’immobilier, n’avait donc rien à y faire. Pis. Il a été présenté à cette occasion par son papa Mohamed Ben Zayed (MBZ), prince héritier des EAU. De fil en aiguille, il est apparu, que Thomas, a fondé une société de conseils, terme pudique pour désigner le lobbying et l’introduction d’hommes d’affaires vers des contrats juteux, le tout contre de substantielles commissions. Si cette activité menée avec l’aide d’un ancien patron des services de renseignements internes hexagonaux, n’est pas tout à fait de la corruption cela y ressemble fichtrement. Ce tandem propose ce genre de marchés juteux aux opérateurs intéressés en faisant jouer le carnet d’adresse et les connaissances du chef de la diplomatie française. Ici, l’on fait bel et bien face à un cas typique de trafic d’influence et d’abus de pouvoir. D’enrichissement illicite aussi sans doute. Ces abus ne s’arrêtent d’ailleurs pas là. La même enquête, sur laquelle nour reviendrons bientôt avec plus de détails, révèle également, que Le Drian a fait pression sur les autorité maliennes pour éjecter une société canadienne en vue de ramener un « pays », breton de père en fils comme lui, pour y confectionner les passeports biométriques qu’il ait ou pas touché une commission contre ce « service rendu », là n’est même pas la question. Ainsi, l’affaire des passeports maliens vient aggraver le cas de Le Drian et l’éclabousser au moment où Macron vient d’officialiser sa bancale candidature pour un second mandat. La question qui se pose dès lors est celle de savoir si le président français sortant va se débarrasser ou pas de ce pesant boulet. Wana aâref…
Mohamed Abdoun