Info La Patrie/ D’éminents membres du congrès US écrivent à Joe Biden : Respecter le droit du peuple sahraoui et cesser de fournir des armes au Maroc
Une lettre de la plus haute importance, datée de ce mois de mars, et signée par d’éminents membres du congrès américain, vient d’être adressée au président US.
Cette lettre, dont nous avons obtenu copie en exclusivité, s’appesantit sur la situation «préoccupante » qui prévaut actuellement au Sahara Occidental, où le conflit armé a repris à cause de la rupture unilatérale décidée par l’occupant marocain du cessez-le-feu de 1991 en date du 13 novembre 2020. Cette lettre revient en premier lieu sur la décision illégale de l’ancien président Donald Trump de reconnaitre la prétendu souveraineté du royaume chérifien sur les territoires non-autonomes du Sahara Occidental.
Cette décision ou ce Tweet sur laquelle l’actuel occupant de la Maison Blanche n’est toujours pas revenu, place en effet Washington en marge de la communauté internationale au sein de l’ONU, sachant par ailleurs que ce pays occupe la fonction de «pen holder » au sein du conseil de sécurité.
« Nous vous écrivons pour exprimer notre préoccupation concernant la politique actuelle des États-Unis à l’égard du Maroc et les revendications du Royaume sur le Sahara Occidental. En décembre 2020, l’administration précédente a officiellement reconnu les revendications de souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, malgré le fait que les administrations républicaines et démocratiques ont refusé pendant des décennies de reconnaître les revendications de souveraineté du Maroc sur le territoire », attaque tout de go cette missive. Et d’enchainer pour regretter cet isolement international.
« À la suite de ce renversement de politique, les États-Unis sont désormais le seul pays à reconnaître officiellement les revendications du Maroc qui sont incompatibles avec le droit international et le droit internationalement reconnu à l’autodétermination. La Cour internationale de justice et la Cour européenne de justice ont rendu plusieurs décisions claires soutenant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et concluant que le Maroc n’a pas le droit de revendiquer le territoire ».
Les revendications marocaines sur le Sahara Occidental sont en effet incompatibles avec le droit international ainsi qu’avec la charte des Nations-Unies. Or, présentement, le plus grave ne réside même pas là : « Nous sommes particulièrement préoccupés par l’accord sur les armes que l’administration Biden a accepté de conclure avec le Maroc. En décembre de l’année dernière, l’administration précédente avait notifié au Congrès des ventes d’armes d’un milliard de dollars au Maroc, dont quatre drones (MQ-9B SeaGuardian) et des munitions à guidage de précision : Hellfire, Paveway et JDAM sous l’administration actuelle. Au contraire, sans garanties du Maroc. Nous craignons que ces armes ne soient utilisées de manière offensive contre le peuple sahraoui ou ne facilitent autrement l’occupation illégale du territoire par le Maroc ».
C’est en effet le cas. La récente rencontre virtuelle relative au sujet, à laquelle j’ai eu l’heur d’assister, a dénoncé la multiplication des victimes civiles dans les territoires occupés, touchées par des armes à technologie avancée récemment acquises par le Maroc. « Enfin, bien que nous soyons soulagés par la récente nomination de Staffan de Mistura au poste de nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, nous sommes préoccupés par le fait que les États-Unis n’ont pas pris d’engagement clair montrant aux Nations unies que Washington soutient un règlement permanent et pacifique entre le Maroc et les représentants reconnus du gouvernement sahraoui ».
Il n’est en effet plus possible de continuer à tourner en rond alors que la guerre a repris et que le drame sahraoui n’en finit plus de s’exacerber.
De plus larges prérogatives doivent être dévolues à de Mistura, en sus de l’extension à, la question des droits de l’Homme de la mission de la MINURSO. Des résolutions contraignantes et des sanctions devraient également être adoptées à l’endroit du Maroc afin de le forcer à se plier au droit international. En attendant, lit-on encore dans cette importante lettre, « nous exhortons l’administration à ne conclure aucun accord d’armement majeur ou offensif avec le Maroc. De telles ventes pourraient être hautement inappropriées à la lumière de la récente escalade de la violence entre l’armée marocaine et le Front Polisario. Les armes ne seront pas utilisées contre le peuple sahraoui, et aucun progrès n’est réalisé concernant un référendum politique et un accord de paix final pour le Sahara occidental. Nous demandons également aux membres soussignés d’être informés du paquet d’armes et de l’examen par l’administration de sa politique à l’égard du Sahara occidental et du Maroc, y compris les conséquences à court et à long terme de la reconnaissance des revendications territoriales du Maroc sur les perspectives de paix. Les États-Unis jouent un rôle crucial dans ce conflit prolongé. Nous espérons que cela permettra au peuple sahraoui de vivre dans la liberté, la dignité et la paix et lui permettra d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination. Nous vous remercions de l’attention que vous portez d’urgence à cette grave affaire ».
Il est temps de réveiller les consciences endormies, et de mettre un terme au drame incommensurable du peuple sahraoui. Les signataires de cette lettre, tous membres de la Chambre des représentants des États-Unis (Congrès), sont Sarah Jacobs, Colin Alfred, Dina Titus, Doyen Phillips, Juan Vargas, Susan sauvage, Ted Liu, Andy Levin, Joaquín Castro, David Cécillin et Karen Bus.
Mohamed Abdoun