Invitation de Zelensky au sommet arabe : Riyad tente une maladroite explication
L’Arabie Saoudite, au lendemain de son sommet arabe manqué à cause de sa maladresse diplomatique, donne l’air de ressembler à une personne ayant commis bon nombre de bévues au lendemain d’une soirée fortement arrosée, qui trainant une affreuse gueule de bois, tente de ses remémorer ses incartades de la veille, et de tenter de réparer les pots cassés.
C’est du moins cette affligeante image qu’a renvoyée ce samedi la conférence de presse explicative du chef de la diplomatie saoudienne, Fayçal Ben Farhane.
A l’en croire, « Volodymyr Zelensky a été invité au sommet de la Ligue arabe parce que les leaders de la région cherchent à régler la crise ukrainienne et avoir des relations avec Moscou et Kiev ». Le sommet a eu lieu le vendredi 19 mai à Djeddah, en Arabie saoudite.
Le Président syrien Bachar el-Assad y a participé pour la première fois en 12 ans. Suspendue du groupe régional depuis 2011, à la suite de la répression des manifestations qui ont abouti à une guerre civile, la Syrie y a été réintégrée début mai.
« Nous avons invité le Président Zelensky pour entendre le point de vue de toutes les parties. Les pays arabes sont neutres depuis le début de cette crise. Nous cherchions à ouvrir le dialogue avec les deux parties, en espérant trouver un moyen de régler le conflit”, a indiqué le prince, confirmant que l’invitation du leader ukrainien venait de Riyad, relate Al Jazeera.
Selon lui, tous les pays arabes sont d’avis que la crise ukrainienne ne peut être résolue que par la voie du dialogue entre les principales parties au conflit. D’où la nécessité de les entendre toutes.
L’Arabie saoudite cherche à conserver ses relations tant avec la Russie qu’avec l’Ukraine, a-t-il souligné. Il va sans dire que cette maladroite explication est loin d’être convaincante. L’invitation de Zelensky est en effet une prise de position directe en faveur de l’Ukraine contre la Russie.
Elle n’engage cependant pas la Ligue Arabe. En 2022, la Ligue arabe a créé un groupe de contact comprenant les ministres des Affaires étrangères de l’Égypte, de l’Algérie, de l’Irak, de la Jordanie, des Émirats arabes unis, du Soudan et le secrétaire général de l’organisation régionale.
Les diplomates arabes ont plus d’une fois déclaré leur neutralité face à la crise en Ukraine. Bref, cette invitation risque d’être la tache noire qui ternira durablement l’histoire de cette Ligue qui, à cause de la décision irréfléchie et solitaire de Ryad, a relégué au second plan des sujets importants et urgents, comme les crises palestinienne, soudanaise, libanaise, libyenne et tunisienne.
Mehdi Ghayeb