Journée internationale de la trisomie 21 : Au-delà de la différence
Sur une scène improvisée, un groupe de danseurs, essentiellement des trisomiques, exécute magistralement une chorégraphie contemporaine.
Le spectacle, impulsé par Profil Académie (une école d’enseignement des arts de la scène), est intitulé « J’existe ».
Il illustre la possible intégration des personnes aux besoins spécifique dans la communauté, sans paramétrer les différences, ni encore les stigmates que génèrent une anomalie chromosomique.
Par la gestuelle, les jeunes artistes expriment la corrélation des uns aux autres, sans le moindre sectarisme.
« Il faut avoir un autre regard sur la différence. L’art est une forme d’inclusion et de communication, indépendamment du handicap physique» a rappelé, mardi soir Mme Faïza Mammeri, directrice de l’Académie, admise, en 2018 au Conseil international de danse de l’Unesco.
Elle s’exprimait, devant un parterre de journalistes, parents de trisomiques et académiciens lors d’une soirée commémorative de la journée internationale de la Trisomie 21 (décrétée par les Nations unies en 2011) organisée par les laboratoires Frater Razes.
Le groupe pharmaceutique est partenaire de l’école, comme il l’est pour l’Association nationale pour l’insertion scolaire et professionnelle des trisomiques (Anit).
Il a contribué à l’aménagement d’un centre de formation pour adolescents trisomiques, administré par Anit et sponsorise le développement des talents artistiques de cette catégorie par leur inclusion dans le programme de Profil Académie.
Il a renouvelé, d’ailleurs à l’occasion pour la sixième année consécutive, une convention le liant aux deux entités afin qu’elles initient de nouveaux projets. « Nous sollicitons les médias pour participer aux campagnes de sensibilisation » a incité le directeur général Chadi El-Hassan.
Parmi les contraintes qui se posent : une prise en charge tardive et des aléas de la scolarisation. « Parfois en septembre, nous avons des difficultés à inscrire des enfants trisomiques dans les écoles » a confirmé Mme El-Mansali, présidente de l’Anit, qui existe depuis 1992. Actuellement, 575 enfants trisomiques sont inscrits dans des écoles publiques, mais dans des classes spéciales. Leur apprentissage dure deux à trois ans par niveau.
Pour Mme Mammeri, il faut parler des adultes trisomiques désœuvrés alors qu’ils peuvent être insérés dans le milieu professionnel au terme d’un cursus formatif. « Les métiers artisanaux sont accessibles à cette catégorie » a-t-elle assuré.
Dr Soumia Setti, une psycho-orthophoniste a expliqué qu’un trisomique, stimulé précocement et correctement, est capable de grandes performances. « Une prise en charge dès le plus jeune âge donne des résultats spectaculaires » a-t-elle soutenu.
Et pour cause, la trisomie 21 est « la première cause diagnostiquée de la déficience intellectuelle d’origine génétique » (3 chromosomes 21 au lieu de deux). L’Algérie compte environ 100 000 trisomiques.
S. Biskri