Deux experts de la Banque mondiale, Cyril Desponts, économiste senior dans le pôle d’expertise global en macroéconomie, commerce et investissement et Eric Le Borgne, Chef d’unité pour le MENA dans le pôle d’expertise global en macroéconomie, commerce et investissement, ont eu recours à l’imagerie satellitaire pour compléter les données sur le PIB algérien qui sont disponibles jusqu’au quatrième trimestre 2022. Pour ce complément, les deux experts montrent que l’imagerie satellitaire capturant l’intensité de l’éclairage nocturne, publique et disponible en temps utile, est un bon indicateur de l’activité économique. Publiée sur Voix Arabes, l’analyse note que la production et la transformation du pétrole et du gaz naturel «génèrent d’importantes quantités de lumière, ce qui est notamment visible autour du champ pétrolier de Hassi Messaoud (wilaya de Ouargla), du champ gazier de Hassi R’mel (Laghouat, Ghardaïa), ainsi que dans les wilayas productrices de pétrole et de gaz d’Adrar et d’Illizi ».
La corrélation entre le PIB des hydrocarbures et l’éclairage nocturne provenant des sites de production et de transformation du pétrole et du gaz «est remarquable ». Les deux experts soulignent que «l’éclairage hors-torchage dans les wilayas productrices de gaz explique 69 % du niveau de production mensuel de gaz naturel, avec un coefficient statistiquement significatif sur l’éclairage du champ gazier de Hassi R’mel. En ajoutant l’éclairage issu du torchage des usines de raffinage de pétrole et de liquéfaction de gaz à Arzew et Skikda, l’éclairage nocturne explique 80 % de la valeur ajoutée réelle trimestrielle des hydrocarbures ». Aussi, les auteurs de l’analyse estiment qu’«une augmentation de 1 % de l’éclairage nocturne est associée à une augmentation de 0,5 % du PIB hors hydrocarbures ».
Par conséquent, «l’éclairage nocturne est une bonne approximation de l’activité économique en Algérie et renseigne sur les dynamiques de croissance régionale ».
Avec des estimations basées sur l’éclairage nocturne disponibles avec un décalage d’un mois seulement, la BM indique que la solide croissance hors hydrocarbures en 2022 s’est poursuivie au cours des neuf premiers mois de 2023, suggérant une croissance de 4,5 % en glissement annuel. Compte tenu de la stabilité de la production des hydrocarbures, « la croissance du PIB se serait accélérée pour atteindre 3,6 % au cours des neuf premiers mois de l’année. Cette croissance serait plus rapide que durant les années pré-COVID et rappelle la performance de croissance de l’Algérie avant 2015 ». Compte tenu de sa valeur ajoutée, l’analyse des données d’éclairage nocturne « fait désormais partie intégrante du Rapport de Suivi de la Situation Économique semestriel de la Banque mondiale sur l’Algérie ».
Mohamed Ait S.