La direction générale de l’Eniem met tous ses travailleurs en congé technique
La crise perdure à l’Entreprise nationale des industries de l’électroménager (Eniem). Dans une note adressée à l’ensemble des travailleurs et des travailleuses, sa direction générale a décrété le congé anticipé.
Cette dernière a motivé sa décision par la rupture des matières premières « au niveau de toutes les unités de production ». « Il a été décidé d’un commun accord avec le partenaire social UGTA d’anticiper le congé annuel 2020/2021 au 06/06/2021 », précise la note.
La direction générale de l’Eniem a, par ailleurs, informé les employés d’une reprise de l’activité de montage le 6 juillet 2021, à condition de réceptionner les matières premières dans les délais souhaités. « La direction générale ne ménage aucun effort quant à l’approvisionnement en matières premières », affirme la note.
Lundi, les travailleurs de l’Eniem ont adressé une lettre ouverte à Abdelmadjid Tebboune, président de la République, via le syndicat UGTA. Ils l’ont sollicité d’user de son pouvoir pour sauver l’entreprise publique.
« Nous avons l’honneur de venir vous faire part des appréhensions des travailleurs de l’Eniem quant à l’avenir de leur entreprise et solliciter instamment votre précieuse intervention pour la sauvegarde de cette entreprise qui fut naguère le fleuron de l’industrie algérienne. Nous nous adressons à vous car la situation impérieuse que traverse actuellement notre entreprise risque à terme de déboucher sur une grave crise. En effet, après la promulgation du décret exécutif n°20-313, fixant les conditions d’accès au régime fiscal préférentiel, l’Eniem s’est retrouvée dans une véritable impasse. Et pour cause, les taux d’intégration fixés pour ouvrir droit au régime préférentiel sont de beaucoup supérieurs à ceux atteints par l’entreprise. A titre d’exemple, le taux d’intégration exigé, par le cahier des charges, dans la gamme des produits Froids est de 60% alors que le taux d’intégration réel atteint par l’entreprise avoisine à peine les 30% », ont écrit les employés dans leur lettre reprise par le quotidien Liberté.
« En somme, l’Eniem est aujourd’hui dans l’œil du cyclone, confrontée d’une part à de sérieuses difficultés financières, et, d’autre part, totalement bloquée par les conditions draconiennes du cahier des charges contenu dans le décret exécutif n° 20-313. A défaut de disposer dans l’immédiat d’un fonds d’investissement conséquent qui lui permettrait de se mettre au diapason des nouvelles exigences réglementaires en matière d’intégration, l’entreprise sera condamnée à … la disparition. D’aucuns, parmi les faux responsables, y voient une occasion de décréter des compressions d’effectifs à tour de bras. C’était pour ainsi dire, la sinistre option choisie par ceux qui ont joué le devenir de l’entreprise à la roulette russe et que l’extraordinaire mobilisation des travailleurs a mis en échec. A ces partisans des solutions faciles à l’emporte-pièce, nous répondons que la valeur ajoutée est dans le développement et le rétablissement de la compétitivité de l’entreprise et non pas dans la réduction des effectifs », ont-ils ajouté.
En 2020, l’Eniem a connu des problèmes similaires qui ont provoqué la colère des employés qui ont fini par investir la rue après leur mise en congé technique deux fois.
Skander Boutaiba