La longue lutte de l’Algérie contre les putschs africains
L’Algérie compte peser de tout son poids pour mettre un frein à la multiplication des coups d’Etat en Afrique. Le dernier communiqué en date publié par le ministère des affaires étrangères après le putsch au Burkina Faso en dit long sur le sujet. Alger ne s’est pas suffit
de dénoncer ou de condamner le renversement du régime de Kabore, elle a aussi et surtout annoncé son intention d’œuvrer fortement pour faire appliquer les résolutions de l’organisation africaine en la matière.
L’Union africaine (UA) est en effet régie par des textes contenant des principes adoptés à l’unanimité par ses membres et l’interdiction d’opérer des changements hors constitution à travers l’Afrique y figure comme règle principale. L’apparition de nombreux foyers de
tensions et de dissidences dans certains Etats du continent a toutefois généré de sérieuses entraves à cette règle qui se voulait générale. Entre 1960 et 2000, près de 80 coups d’Etat principalement menés par des militaires ont été opéré à travers tout le continent.
Le phénomène a induit des situations d’instabilité dont les répercussions se font encore parfois ressentir dans certains pays.
Au cours des dix dernières années, l’Afrique a été aussi le théâtre d’importants renversements dont les plus importants se sont déroulés au Soudan, au Mali puis en Guinée.
Durant toutes ces longues périodes, l’Algérie n’a eu cesse de faire pression sur l’organisation africaine afin que cette dernière s’attelle a une application rigoureuse des règles fixées. De son côté, l’UA a fermement condamné lundi les événements qui se
déroulent au Burkina Faso, l’armée nationale et les forces de sécurité de ce pays ont aussi été appelées à assurer l’intégrité physique du président Roch Kaboré et de son gouvernement. Les réactions d’Alger laissent cependant entendre que le pays ne se suffit
pas de simples condamnations. L’Algérie veut visiblement des actes en rapport avec les décisions prises lors des importants sommets d’Alger et de Lomé, en 1999 et en 2000. Les dirigeants africains réunis à ces moments se sont accordés pour dénoncer les coups d’État sous toutes leurs formes mais aussi la suspension des pays concernés par ces
putschs jusqu’à rétablissement de l’ordre constitutionnel. La mise en application de cet acte constitutif de l’UA semble cependant de moins en moins appliqué aujourd’hui. C’est sur ce point que l’Algérie concentre ses efforts depuis un moment. Les pays africains sont
appelés à « se conformer aux principes fondamentaux de l’UA, notamment le rejet de tout changement inconstitutionnel de gouvernement ou prise de pouvoir par la force en vue de garantir le respect de la souveraineté, l’indépendance, l’intégrité territoriale et l’unité nationale des pays, outre les acquis de ses peuples frères, particulièrement la bonne gouvernance ». Alger semble aussi décidé à aller plus loin que les mots, ou les appels. Dans un communiqué publié mardi, le ministère des affaires étrangères algérien a annoncé son intention d’ouvrir des consultations avec les pays africains en vue
d’aller vers une application plus rigoureuse des décisions contenues dans l’acte constitutif de l’UA.
Amel Zineddine