La qualité, une priorité de la nouvelle Algérie
Par Miloud Boumaza
Si comme le président Abdemadjid Tebboune l’a déclaré officiellement, l’année 2022 sera celle de l’économie, elle devra indubitablement être celle de la qualité. Pour monsieur Nourredine Boussida, directeur général d’ALGERAC, il s’agit là d’un préalable pour être au diapason des nations avancées et ainsi être en mesure de partir à la conquête des marchés aussi bien intérieurs qu’extérieurs.
Mais s’il évident que la qualité est une exigence dans le domaine économique, elle doit également l’être dans tous les secteurs de la société. Car la qualité de vie du citoyen, étant un facteur déterminant non seulement de bien-être mais également de cohésion sociale, elle doit être au coeur des préoccupations des pouvoirs publics.
Une culture de la qualité :
– Qualité dans les services publics (postes, mairies, enseignement, etc) :
Des formations relatives à la gestion du stress, des situations conflictuelles avec les usagers des services publics, etc, et pour soigner le discours délivré, ne seraient sans doute pas inutiles, connaissant le tempérament de certains de nos concitoyens…
Des services des douanes aéroportuaires jusqu’aux hôtesses d’accueil, etc, la qualité doit également être au rendez-vous, d’autant qu’il s’agit du premier contact avec notre pays.
– Qualité de vie des citoyens, ou lorsque qualité rime avec emploi :
Des formations peuvent être dispensées aux jeunes, aux uns pour qu’ils créent leurs PME ou micro-entreprises et aux autres aux métiers dans les BTP, pour la rénovation des bâtiments, des routes, trottoirs, AEP, électricité, réseau gaz, fibre optique, service de propreté (métier qui doit être tenu en haute estime étant donné son utilité publique et sanitaire, ainsi que son importance quant à l’image du pays), entretien des espaces verts, etc. Idéalement, les salaires, les achats de fournitures en numéraires devraient être exclus pour éviter l’informel (généralisation de la carte bancaire) et afin que la monnaie mise en circulation reste le plus longtemps possible sur le territoire national. Il s’agirait, sans doute en ce sens, de soumettre un cahier des charges les contraignant à se fournir en biens produits localement.
Mais cette culture de la qualité passe tout d’abord par une culture de la citoyenneté. Et celle-ci ainsi que le civisme doivent être inculqués dès le plus jeune âge afin de former l’éco-citoyen de demain responsable et respectueux de son environnement et de ses semblables, faisant ainsi preuve d’un sens aigu de patriotisme. À ce titre, il serait intéressant de s’inspirer des exemples anglo-saxons et scandinaves où l’on initie les enfants à la culture caritative et associative.
Ainsi l’on verra l’émergence d’une génération soucieuse de la protection de son environnement et consciente des coûts sociaux du gaspillage (eau, électricité, pain, etc). Car l’édification de la nouvelle Algérie sera avant tout l’oeuvre du nouvel Algérien.
La qualité de vie : un droit.
De manière générale, les projets d’urbanisme ne doivent pas obéir à des impératifs d’urgence ou de quantité mais être conçus exclusivement dans l’objectif d’assurer confort et bien-être aux habitants :
– leur importance étant largement reconnue, les parcs et les espaces verts doivent être intégrés dans tous les plans d’aménagement et leurs superficies étendues afin de procurer au citoyen un apaisement, une halte dans sa routine lassante, harassante, parfois oppressante, et un moyen de se ressourcer, de retrouver un équilibre.
– larges voies comprenant des voies pour les bus, avec éventuellement la possibilité d’intégrer le tramway.
– trottoirs spacieux pour permettre aux poucettes et chaises roulantes de circuler, et ombragés de grands arbres faisant office de climatiseurs naturels, d’autant que nos compatriotes aiment à flâner, les pas guidés uniquement par la douceur de vivre.
– pistes cyclables (toutes les grandes métropoles en comptent). Notre pays est vaste, il n’y a donc aucune raison que nous ayons des rues étroites avec de petits trottoirs.
– placettes et places de marché
– éviter les grands ensembles continus et inesthétiques d’immeubles, et n’offrant pour tout horizon que du béton à perte de vue. Rien de plus oppressant, en effet, que ces forêts pétrifiées d’immeubles qui n’en finissent plus, et qui conduisent, après les premières joies d’occuper un appartement neuf, au mal-vivre.
– cliniques, centres ou laboratoires d’analyses, poste, banques, restaurants, cafés, commerces, écoles (tous les palliers, ainsi que création d’écoles internationales), bibliothèques, cinémas, théâtres, plusieurs espaces verts dans la même ville, espaces de loisirs, aires de jeux, gymnases, terrains de sport, etc, etc. En somme tout ce qui permet les interactions sociales et une vie sociale saine et équilibrée.
Toutes les commodités doivent être assurées au citoyen pour lui assurer les meilleurs cadre et qualité de vie et lui permettre de s’épanouir dans son environnement.
Dans la conception de ces projets, une occasion pourrait être offerte aux étudiants des écoles d’urbanisme et d’architecture de laisser libre cours à leur imagination et leurs talents. Les projets sélectionnés seraient par exemple récompensés d’un prix de l’urbanisme.
Un tourisme de qualité pour un pays authentique
Dans son approche concernant le domaine du tourisme, l’Algérie doit se démarquer en préservant son authenticité car c’est ce qui fait son charme et a séduit de nombreux visiteurs. Du reste notre exception historique dans la région, qui a dirigé jusqu’ici tous nos choix stratégiques, nous appelle à pratiquer sinon inventer un tourisme différent. C’est pourquoi, en accord avec le caractère fier et authentique des Algérien-ne-s, le tourisme nationale doit être débarrassé de ces spectacles folkloriques qui sont servis aux voyageurs dès leur descente d’avion dans certains pays.
On pourrait en outre faire coïncider des offres avec certains festivals (habits traditionnels, gastronomie, chants, danses, littérature et poésie, culte, sport, etc).
Le cadre de vie attractif ainsi créé à la faveur de la nouvelle Algérie ne manquera pas de séduire nos Algérien-ne-s établi-e-s à l’étranger et les inciter à revenir régulièrement passer leurs vacances dans le pays qui vu naître leurs parents. Jusqu’à ce qu’il finissent par s’y établir définitivement, convaincus que finalement l’on est bien mieux chez soi après tout.