Je reviens sur la présentation du livre du Pr Chams Eddine Chitour
Auquel j’ai eu l’honneur de le préfacer , qui s’intitule
« La résilience de la femme depuis l’aube des civilisations humaines- L’Algérienne et son apport au récit national ».
« DE LA RESILIENCE DES FEMMES A L’AUBE DES CIVILIATIONS »
« L’ECLECTISME D’UN POLYTECHNICIEN ET LE COMBAT DE LA FEMME GARDIENNE EDENNIQUE DE L’HUMANITE »
Par Dr Boudjemâa HAICHOUR
Chems Eddine Chitour vient de nous gratifier de son 37ème ouvrage sous le titre :
« La résilience de la femme depuis l’aube des civilisations humaines- L’Algérienne et son apport au récit national ».
Les réseaux sociaux qui s’affirment à travers les espaces bleus dont la Toile ,ont substantiellement modifier la façon de contester et de résister; la résilience des femmes s’invente d’autres outils pour revendiquer ses droits. dont il vrais que à l’origine de l’internet sont des femmes telles que Ada levlace , Grace Hopper et Hedy Lamarr et d’autres à l’instart de l’américaine Gladys West d’origine africaine et sa fabuleuse invention du GPS.
Le Pr Chems Eddine Chitour nous ramène dans un monde de contemplation de cette robustesse féminine en nous offrant une précieuse lecture de toutes ces femmes illustres qui ont marqué leur temps dans leurs contrées respectives où il nous retrace cet élan stupéfiant du génie féminin dont l’omniprésence intellectuelle et créative se prolifère dans cet univers des inventions du siècle et dont le mérite est attribué d’une façon diminutive et parfois dans l’indifférence totale .
C’est de cette phallocratie qui vient en quelque sorte réduire ce rôle prépondérant de la femme dans sa société qui s’affirme derrière une mal interprétation de l’égalité des deux sexes . En tant que musulman , le texte coranique qui est irréductible définit cette relation dans les droits et les devoirs en détaillant cette responsabilité commune , déjà le droit au savoir et à l’instruction s’annonce prématurément dans le tout premier verset en ordonnant ce droit à l’ être humain ce n’est autre que la traduction systématique de “El Insan” il ne s’agit pas de l’homme en particulier comme le prévoit la majorité des traductions du coran , la femme est un être humain tout entier , elle partage cet accès au savoir avec l’autre genre.
اقْرَأْ بِاسْمِ رَبِّكَ الَّذِي خَلَقَ (1) خَلَقَ الإِنسَانَ مِنْ عَلَقٍ (2) اقْرَأْ وَرَبُّكَ الأَكْرَمُ (3) الَّذِي عَلَّمَ بِالْقَلَمِ (4) عَلَّمَ الإِنسَانَ مَا لَمْ يَعْلَمْ (5.( سورة العلق
“Lis, au nom de ton Seigneur qui a créé, qui a créé l’être humain d’un embryon . Lis! Ton Seigneur est le plus généreux , qui a enseigné par la plume , a enseigné à l’être humain ce qu’il ignorait.” voila , il n ya pas plus explicite que ça .l’islam à simplement incité à la discrétion et à l’intimité de la femme pour sa propre protection dans la mixité, mais en aucun cas lui défendu d’être considérée comme il le soit si sa présence intellectuelle est flagrante .
Cependant la douceur de cet être fragile physiquement par rapport à l’homme ne le dépossède nullement de certains attributs que Dieu lui a offert pour qu’elle soit aux coté de l’homme et justement cette particularité s’éloigne de la notion de l’entité en partant de sa première création qui c’est généré d’une cote de Adam , il s’agit d’une moitié équivalente qui fait avancer les sociétés depuis la nuit des temps à ce jour.
On peut pas percevoir cela comme un diminutif ou une sentence divine qui va accompagner les filles d’Eve en redondance durant leurs existence sur terre, bien au contraire c’est de la pure vénération à cette créature , sans qu’en dépit de toute forme d’engagement pour une cause intellectuelle ou autre , l’islam lui concède une place qui va à l’encontre et au delà de sa capacité physique
“يا أَيُّهَا النَّاسُ اتَّقُوا رَبَّكُمُ الَّذِي خَلَقَكُم مِّن نَّفْسٍ وَاحِدَةٍ وَخَلَقَ مِنْهَا زَوْجَهَا وَبَثَّ مِنْهُمَا رِجَالًا كَثِيرًا وَنِسَاءً ۚ وَاتَّقُوا اللَّهَ الَّذِي تَسَاءَلُونَ بِهِ وَالْأَرْحَامَ ۚ إِنَّ اللَّهَ كَانَ عَلَيْكُمْ رَقِيبًا” سورة النساء أية 1 .
“ô gens ! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être, et a créé de celui-ci sont épouse , et qui de ces deux là a fait répandre (sur la terre) beaucoup d’hommes et de femmes. Craignez Allah au nom duquel vous vous implorez les uns les autres, et craignez de rompre les liens du sang. Certes Allah vous observe parfaitement. ”
Dans ce contexte le pr Chitour ne s’abstenant de mettre en exergue cette controverse dans le débat pourrait se pencher et s’invertir sur l’humanité toute entière sans aucune équivoque religieuse soit monothéiste aux autres , en partant de cette dimension existentielle de l’être humain qui ne peut se restreindre à la simple question du genre ou du sexe.
Chez nous , Elles ont été tout au long des siècles les gardiennes vigilantes de l’identité du peuple durant toute la résistance anti coloniale qu’a connue notre pays. Il se pose la question de « qu’est-ce que la femme ? » pour en déduire en épitomé que : « La femme c’est l’humanité ».
Nous voilà en plein d’une aubade où la dimension à la fois historique, spirituelle et philosophique nous plonge dans une vision transcendantale matérialisant une certaine anthropologie psychanalytique de la femme.
Chems Eddine Chitour nous décrit les multiples facettes selon le mythe paradigmatique de la femme depuis Eve à nos jours. Cet éternel féminin va générer une certaine perception de ce qu’est la femme en tant que vierge, mère, épouse, maîtresse domestique, combattante pour les idéaux de liberté à côté de l’homme.
C’est au travers de douze chapitres que Pr Chitour décortique le dedans et le dehors de son existence dans un corpus aussi complexe que les attributs d’un être fait pour être aimé, vénéré.
Chez le grand mystique Ibn ‘Arabi dans son livre « Tourjouman al-Achwaq »(L’Interprète des désirs), l’Amour est à la fois quête de l’Amant divin et approche de l’être aimé en parlant de la jeune iranienne Nizham (Harmonie), celle-ci d’une pureté et d’une beauté qui symbolise la sagesse divine et incarne l’Amour essentiel qui meut tout l’univers soufi par ce jaillissement et cet envoûtement de la spiritualité doctrinale d’Ibn al’Arabi.
Pr Chitour nous fait découvrir l’image de la femme dans l’esprit collectif des différentes sociétés notamment dans les religions monothéistes où l’Emir Abdelkader dans ses Haltes reconnait le combat de la femme et sa vraie présence dans la société.
IL nous parle du patriarcat et du récit religieux et du combat de la femme depuis la création d’Adam et d’Eve et des interprétations des textes sacrés et des révélations la concernant point de départ de l’aventure de l’humanité où celle-ci a désobéi en mangeant le fruit interdit…
MaIssa BEY dans un écrit qui parle de « Femmes au bord de la vie » celles-ci sont confrontées au tragique, à l’absurde, à l’étrangeté d’une existence dont bien souvent nous avons du mal à saisir le sens… Silencieuses,immobiles. Sans désespoir apparent, sans révolte et sans espoir non plus. Car dit-elle dans Camus où sa mère : tout homme est le premier homme, c’est pourquoi il se jette aux pieds de sa mère qui est inspiré par un certain maxime qui dit que « Le Paradis est sous les pieds de des mères ». Mère vénérée, mère sacralisée.
Dans la Généalogie qui est « l’origine des sciences historiques arabes», les premières recherches peuvent porter sur la famille conjugale où l’anthroponomie commence par indiquer les prénoms tels « oum el kheïr, oum Hani etc… » une sorte d’identité de la mère.
Fouad Soufi dans sa contribution dans Insaniyat n°4 Janvier/Avril 1998 « Familles,femmes, histoire parle de ces femmes célèbres de la reine Sophonisbe aux Djamilates » qui sont présentes dans l’histoire où l’on constate que la femme est au cœur des stratégies matrimoniales. Santa Moniqa mère de Saint augustin , mère autoritaire, à la Kahina, Fatima Tazougart, Fatima Nsoumer… à Om Mellal sœur de Badis, fille d’El Mansour régente ziride et tutrice d’El Mou’az.
N’est-ce pas aussi Zaynab bint Ishaq la Nefzaouienne que nous rapporte Ibn Khaldoun . Celle-ci est mariée en troisième noce avec Youcef b.Tachfin :Ce fut « l’intelligence de cette femme que b. Tachfin dut l’établissement de sa puissance par ses conseils.
On peut parler également qu’Oum Hani fille d’Aziza épouse de Redjeb Bey de Constantine, mariée à Touggourt et aurait hérité du titre de Cheïkh el Arab à la mort de son mari. Oum Hani est décrite comme une femme de caractère énergique, « viril même puisqu’elle montait à cheval à face dévoilée, marchant en tête des guerriers nomades ».
Lors du siège de Tlemcen, ce sont les femmes qui, en dernier recours réveillèrent l’honneur des hommes, préférant la mort à l’avilissement.
Chez les Hennchas c’est Euldjia qui redonna courage en se plaçant à la tête d’autres femmes pour combattre l’ennemi. Mères, épouses, filles guerrières et femmes politiques elles étaient de toutes les batailles contre l’ennemi.
Elles furent aussi affiliées aux ordres confrériques, Lalla Aïcha fille de Sidi Abderahmane Thaâlibi, Lalla Setti. Les femmes n’ont-elles pas forger des légitimités ? Telle la dynastie des Idrissides remontant à Kenza où les Almohades construisent leur généalogie à Gannuna fille d’Idris esseghir.
L’Emir Abdelkader évoque Rabâ Al Adaouia de Bassora qui chantait l’amour de Dieu, une femme qui a renoncé à tout plaisir terrestre pour la fusion et l’intégration totale dans l’Aimé.
Donc les femmes ne sont pas absentes de notre histoire. Il appartient aux historiens d’ouvrir de nouveaux champs d’investigation. En parlant de Simone de Beauvoir qui dit : « On ne naît pas femme : on le devient ». C’est encore dit-elle, par le travail que la femme a en grande partie franchi la distance qui la séparait du mâle ; c’est le travail qui peut seul lui garantir une liberté concrète ».
Nous retrouvons chez Voltaire dans Candide des métaphores, employées qui sont péjoratives pour décrire la femme où certains poètes et romanciers s’emploient à reléguer la femme comme objet sexuel pour satisfaire leur muse. Or la femme représente l’âme de la Nation et le pilier de la société.
L’Emir Abdelkader nous fait comprendre que les femmes ont participé à la résistance que grâce à leur courage, elles soufflaient un air d’espoir, toujours debout prêtes à aider même sans armes. La femme représente plus que la moitié de la société, elle est le complémentaire de l’homme. Elle est apaisement et tranquillité.
Dans les généalogies « Kitab an Ansab fi ma’rifat al ashab » ou celles des biographies Al Boustan d’Ibn Meriem, les femmes n’apparaissent jamais en premier plan. L’histoire des femmes rejoint celles de la famille.
Michelle Perrot dans son livre : « l’histoire des femmes, histoire des sexes »évoque l’infinie répétition des tâches quotidiennes des femmes vouées, au silence à la reproduction, à une dimension sexuelle du monde. Ces femme sont-elles une histoire ? » conclue-elle dans les éditions-La Découverte- collection Repères Paris 1990.
Dans le même esprit Christanne Klapi-Zuber/Agnes Fine dans la revue semestrielle francophone d’histoire des femmes n°1 Clio « Histoire-Femmes et Société dans une contribution Femmes et Résistances- Guerres et Religions n°2 et n°3 : Métiers, corporations et syndicalismes.
Si l’histoire des femmes en Algérie n’est pas encore élaborée il existe un livre-portrait publié par Jean Déjeux où il cite de nombreuses femmes dans une étude « Femmes d’Algérie. Légendes-Traditions-Histoire-Littérature in Boîte à Documents Paris 1987.
Le XXe siècle va véritablement marquer l’émancipation et l’autonomisation de la femme la plaçant l’égale de l’homme, elle demeure néanmoins victime des préjugés et différents clichés en Occident où la société de consommation a pris le dessus alors que l’Islam en tant que religion a toujours traité la femme sur un même pied d’égalité avec l’homme.
Aujourd’hui l’enjeu civilisationnel génère à l’échelle mondiale le développement technoscientifique et la production de la richesse qui met la femme en compétition avec l’homme. D’ailleurs les objectifs du millénaire adoptés en l’an 2000 au sommet des Nations unies sont une illustration des mutations de ce changement paradigmatique.
Nous sommes en l’An 2024 se pose à l’humanité l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. Le problème de l’exclusion des femmes dans les pays développés mais surtout ceux des pays en développement dans les zones d’ombres ou quartiers populaires où les femmes souffrent des formes de discrimination qui ont incidence sur leur pouvoir d’achat de leurs familles s’accompagnant assez souvent de violence conjugale mettant la gent féminine en détresse.
Victime de situation sociale par suite des politiques, la femme demeure dans un état de vulnérabilité malgré l’évolution des législations en matière d’égalité où, la segmentation sexuée du marché de travail reste défavorable par rapport à l’homme. Malgré des chiffres encourageants le taux d’emploi voile une dégradation de l’insertion professionnelle des femmes.
C’est ce qui pousse les associations féminines à lutter contre ces précarités et revendiquer leurs droits pour amorcer le changement du paradigme dans les mentalités et ouvrir les horizons de l’espérance pour un possible rebond d’une résilience plus adaptée à notre temps. Faudrait-il rappeler l’apport des différents indicateurs du genre pour mesurer l’impact des politiques publiques sur les programmes de lutte contre les inégalités contre les sexes.
A titre d’indication, il faut rappeler que l’indice d’inégalité de genre pour les pays arabes qui est de l’ordre de (0,535), n’est pas l’expression des situations de crises vécues après les révolutions arabes ».
Voir l’IIG (Indice des Inégalités du Genre) établi par le PNUD qui révèle les différences de répartition en termes de réalisations entre les femmes et les hommes. Il mesure les coûts de l’inégalité de genre en termes de développement. Les indicateurs retenus sont : la santé reproductive-la population-l’emploi. Il reprend le même modèle de l’IDH et l’indice ajusté aux inégalités.
La consécration de ce principe qu’on retrouve dans certaines constitutions introduit la consolidation des programmes gouvernementaux spécifiques visant à renforcer la place des femmes dans les institutions et dans la sphère publique d’une manière générale. En partenariat avec les organisations onusiennes, l’Algérie par exemple, a lancé un programme commun pour l’égalité entre les genres et l’autonomisation des femmes (Al Insaf) entre gouvernement et société civile.
Des arrangements « sociaux institués » et « politico-institutionnels » sont conçus selon les pays, en tenant compte des jugements normatifs et légitimation sociale pour effectuer un équilibre de tensions entre les différents acteurs du champ politique, social et culturel pour aboutir à un consensus ou parfois un compromis entre les élites traditionnelles et l’élite politique qui tient le pouvoir.
Réparer les injustices faites aux femmes dans un processus de réformes globales relèvent des pouvoirs publics comme les amendements apportés chez nous dans le Code de la famille et de la nationalité où les droits de la femme et de la mère sont renforcés.
Pour conclure sur ce bel ouvrage du Professeur émérite, j’avoue qu’au-delà des exégètes de la Thora, de la Bible, Pr Chitour nous renvoie à une saine lecture du rôle de la femme dans les trois religions monothéistes. Elles sont les marqueurs spirituels de tout argument où certaines interprétations de théologiens dévalorisent ou déprécient la place de la femme dans la société.
Les allégations sont de nature à réduire la femme dans la version judéo-chrétienne pour la soustraire de toute évolution humaine dans le débat exégétique selon Saint Jérôme, où la femme est une subordination par rapport à l’homme. Alors que le récit islamique le Coran est clair où il est dit : « Point d’asservissement de la femme » et le Coran utilise indifféremment les termes et images au féminin et masculin afin de décrire la création à partir d’une seule origine et d’une seule substance.
Le Coran nous offre une belle illustration de l’expérience humaine dans la vie commune. Le premier couple de l’humanité va vivre cette première épreuve en parfaite communion. Le premier homme et la première femme, vont ensemble, étroitement liés, s’engager dans la désobéissance et leurs espérances, sans jamais les distinguer l’un de l’autre, encore moins dénigrer l’un par rapport à l’autre.
C’est ensemble qu’ils ont transgressé leur Créateur et c’est ensemble qu’ils repentiront.
“قَالَا رَبَّنَا ظَلَمْنَا أَنفُسَنَا وَإِن لَّمْ تَغْفِرْ لَنَا وَتَرْحَمْنَا لَنَكُونَنَّ مِنَ الْخَاسِرِينَ”
الأعراف الآية 23
Ensemble ils commenceront leur nouvelle destinée.
Quant au péché originel les rites de purification et les interdits en période de règle et l’impureté qui se dégage par l’hémorragie périodique toutes les religions observent des distances des femmes à leurs conjoints en « période menstruelle où elle ne peut ni prier ni jeûner durant la période des règles » selon le Coran.
Pr Chitour nous fait connaître les épreuves consenties et vécues par les femmes de toute religions et de toutes couleurs. Les croyances autour de la femme à l’aube des civilisations humaines ont été marquées par diverses légendes sur la création d’Eve mais d’après assahihain des deux cheicks muslam et el boukhari selon la tradition prophétique sa création serait à partir des côtes d’Adam loin de toute logique d’oppression et d’humiliation du genre féminin.
رواه الشيخان في الصحيحين “عن النبي ﷺ من حديث أبي هريرة ، قال ﷺ: استوصوا بالنساء خيرا فإنهن خلقن من ضلع وإن أعوج شيء في الضلع أعلاه فاستوصوا بالنساء خيراً”
En rendant un hommage vibrant en ce 62ème anniversaire de notre indépendance à toutes les moudjahidates martyrs que Dieu ait leurs âmes, Pr Chitour n’a pas démérité en scientifique de nous ressourcer dans l’histoire universelle de l’humanité.
Une plume certes éclectique dont on retrouve cette verve à travers son plaidoyer sur les femmes savantes des nobles en mathématiques(prix Field) mais aussi en physique nucléaire et en thermodynamique et en énergies renouvelables.
Il rappelle les femmes romancières, historiennes, pilotes, professeurs en chirurgie thoracique et nucléaire pour ne point en douter des capacités intellectuelles et scientifiques des femmes et des combattantes des idéaux pour la paix et la dignité humaines.
Combien de Chahidates à travers toutes les résistances anti coloniales pour être aux cotés de leurs frères moudjahidines. Merci frère Si Chems Eddine pour l’effort intellectuel qui honore l’Algérie dans le concert des Nations.
En complément de la préface :
il faut souligner que Dans le Melhoun ou d’autres chants de fêtes, la femme a une place prépondérante. Ses costumes et sa façon de s‘habiller, ses danses, ses plaintes amoureuses, ses rêves, ses douleurs, son combat pour son émancipation nous le retrouverons à travers la poésie populaire et plus tard dans les écrits de femmes ou d’hommes. Je voudrais dire que le Pr Chems EddineChitour a été parmi ceux qui ont donné une considération soit aux femmes intellectuelles que celles qui ont combattu le colonialisme par la plume et le fusil.
Nous ne pouvons pas étayer tous les poèmes, les complaintes mais surtout les faits de guerre de toutes nos héroïnes à travers toutes les résistances depuis Massinissa, Syphax ; Yougourtha, en passant par l’Emir Abdelkader et Moudjahidates de la Révolution du 1er Novembre 1954 à ce 62ème anniversaire de notre indépendance nationale.
Les femmes peuvent-elles convoquer leurs souvenirs et assumer leurs responsabilités lorsqu’elles s’étaient imposées un silence pudique au regard de la société ? Les chants de l’exil, les souffrances, les violences endurées témoignent de faits vécus qui se racontent dans le temps caché ou oublié, assez souvent ensevelis dans leur mémoire.
Pourraient-elles préserver de l’oubli, la douleur de la guerre et les atrocités génocidaires perpétrées par les généraux de l’armée coloniale sur elles ? Lorsqu’une mère voit sa fille violée devant son mari qui subit les pires sévices de la torture. Comment pourrait-elle lever le voile et raconter ces interdits refoulés dans sa mémoire tatouée ? Que de femmes héroïnes ont chanté leur résistance contre la cruauté en quête de liberté et d’affirmation identitaire. Nous retrouvons par exemple dans les romans de Maïssa Bey ses intrigues inachevées où l’on renferme la femme à un rôle de génitrice et de nourrice en acceptant la souffrance et le bonheur dans un équilibre précaire entre « le désir de dire c’est-à-dire de raconter et la tentation du silence ».
C’est cette parole dite, murmurée, criée qui lui donne vie à un espace « mémoire et désir de révolte prennent corps » C’est ce recours qui défie le silence, imposé ou choisi que Maïssa Bey narre à travers son recueil « Sous le jasmin la nuit » un travail de décryptage de la société algérienne avec lucidité et un sens critique. La lutte est donc engagée contre la dissimulation et contre le silence imposé par la tradition patriarcale et machiste qui enferme la femme. Mais à la fin chez Maïssa une autre voix prend le dessus.
C’est la voix de la sagesse qui évoque dans Jasmin, celle de sa mère et d’autres femmes avant elle, unies par un destin de soumission et d’obéissance. Car pouvoir raconter l’histoire de l’humiliation subie devant devient alors la seule façon de prendre conscience de l’aliénation induite par l’asservissement et la culture machiste qui relègue la femme à la condition de simple objet. En acceptant les compromis imposés par les circonstances, elle ne réussit à parler d’elle-même qu’à la troisième personne.
Cet accès à une nouvelle dignité lui prend ses distances avec un passé douloureux des siècles de silence et de résignation. A travers ces deux romans « Cette fille- là » et « Sous le jasmin la nuit », on entre en contact avec la culture de l’oralité pure la réconciliation de l’identité tiraillée entre la culture de l’origine et celle de la langue écrite. (Voir Miléna Horvath dans « Retours aux voix perdues de l’origine » UFR d’études francophones-Université de Pècs-Hongrie).
Dans le « Chant du lendemain » d’Anne Leduc parue dans l’édition Bouchène, est l’histoire d’une Algérie qui accède à l’indépendance dans la liesse et dans l’espoir de lendemains qui chantent. L’auteure Anne Leduc, étudiante en médecine débarque à Alger par solidarité avec un peuple pour lequel elle a déjà payé le prix du sang, et dans le désir d’œuvrer en sa qualité de psychiatre, à la reconstruction d’une Algérie nouvelle.
Dans son premier roman « Les raisins rouges d’Algérie », Anne se mit en scène à travers le pseudonyme de Berbera, le récit d’une provinciale engagée au détour d’une manifestation sur la paix en Algérie en 1957, puis aux réseaux de soutien au FLN. Elle raconte le récit de la femme engagée par le sang. Elle mêle les pages de l’histoire, celle d’un pays dans la mythologie révolutionnaire des années 60, à la chronique de sa vie de femme algérienne par le sang versé.
Femme épouse soumise malgré elle à un mari militant, femme émancipée et moderne, elle voit les violences faites aux exclues de toutes sortes, ces femmes qu’on maltraite, qu’on torture. Là elle fera souche avec Rachid « un héros fatigué », laissant à leurs enfants comme à tous ceux de cette génération le legs d’une paix amère de raisins verts.
Mireille Calle-Gruber publie en 2001 aux éditions Maisonneuve et Larose « AssiaDjebar, la résistance de l’écriture » et « Nomade entre les murs » en 2005 en parlant à sa sœur « Ô fille de ma mère. Que tu sois bénie ! Maintenant, ne viens me voir que pour mes funérailles ! Dans ce chant de l’éplorée, poignante mise-à-vivre-la mort qui font trembler les émotions chez Assia Djebar : « Tonalités d’une langue des morts qu’elle n’a cessé d’inventer par la poésie, livre après livre. Elle construit aux disparus une sépulture de mots afin qu’elles ne soient pas ensevelies, pour toujours et qu’ils reviennent à nous effleurer, nous revivifier.
Nous habiter encore dans le « Blanc de l’Algérie-1995, ouvrant des passages sublimes, outre-vie outre-tombe, et il faut le charisme d’une sœur, pour qui le seuil aux confins des mondes soit, non sans douleur, habitable. Cette femme écrivaine Assia Djebar, née fatma-Zohra Imahayène, de Cherchell, l’ancienne Césarée de Mauritanie qui nous a quittés le 06 Février 2015, avait ce « qalam-scalpel » qui opère, au cœur de somptueuses arabesques une autopsie à vif, toujours se confrontant aux interdits de la foi musulmane dont elle est tout ensemble déliée et façonnée.
Elle s’est employée à explorer des voies difficiles l’émancipation des femmes, les mutilées de l’adolescence, les précipitées hors des corridor qu’elle raconte dans « Loin de Médine 1991» est à cet égard un livre incontournable, qui puise aux textes-sources pré-coraniques, le rejet de la déshérence qui dépouille les filles de leur héritage voir son livre « Nulle part dans la maison de mon père 2007».
La recherche d’une mémoire algérienne occultée par l’histoire militaire française où tous ses romans sont la traversée d’une archive douloureuse. Les déchirures du ressentiment et du désir, la tentative par des « mots-brise » qui vous brûlent mais pourraient aussi vous consoler. Elle affirme sa culture au féminin dont la composition musicale, architecturale et son premier film « La Nouba des femmes du Mont Chenoua 1978 qui a reçu le Prix de la critique internationale eu Biennale de Vebise 1979 ou encore celui de « La Zerda et les chants de l’Oubli » primé au Festival de Berlin 1983.
Elle avait écrit une pièce radiophonique « La Fièvre dans la ville, tirée de « Oran langue morte » à Francfort le 07 Février 1999 ou « Filles d’Ismaël dans le vent et la tempête », montée au Teatrodi Roma en 2000 dont elle avait réglé la scénographie et les costumes. « A l’Amour, la Fantasia », c’est l’image parfaite, insolite et grave, de la marche initiatique. La chance de faire des études, chance résolument donnée par le père « instituteur indigène » à une époque où les filles, dès la puberté sont destinées au gynécée.
Il aurait fallu à Assia Djebar plus d’un demi-siècle de guerres et de travail des langues pour réinventer le récit où assise au milieu de quarante-cinq écoliers mâles face au photographe, une minuscule fillette que l’éclair de la lumière fasse sortir la photo de Fatma-Zohra de la ténébre des interdits où les femmes sont doublement reléguées dans la colonie des Français et dans les harems des Algériens. Un sentiment vague d’injustice de me voir seule, écartée de ces enfants, comme exclue.
Transgression et promesse, Assia Djebar s’emploie à construire le mythe fondateur et le geste du père est émancipateur en instituant ce droit à sa fille, son héritière, visage offert à la lumière. Et pourtant l’image éclairée est en même temps porteuse de la douleur d’être femme … et ne le sachant pas…Pas encore. La tension de cette ambivalence nourrit tout l’œuvre de Assia Djebar qui est chant mélique au style aigu et au raffinement arabesque. Livre après livre, elle allume révolte et espérance dans les récits révélateurs d’affrontements, de viols, de dénis, de mutismes. Berbérophone par ses grands-parents maternels, arabophone par son père ne peut écrire que dans la langue française en tant qu’indigène au lycée « Bugeaud avant de poursuivre sa formation en histoire et lettres à l’ENS de Paris et sera exclue lors de la grève des étudiants le 19 Mai 1956 déclenchée par l’UGEMA sous la bannière du FLN. C’est cette « Thrène pour une Immortelle » décrite par Mireille Calle-Gruber sur Assia Djebar.
Belkacem Ahcène Djaballah parle dans le quotidien d’Oran du 13 Octobre 2023 d’Assia Djebar dans billet: « La Révolution sociétale » sur l’écrivaine Assia Djaber où il revient sur son premier roman « La soif » où elle raconte l’histoire d’une jeune fille aisée, assez sûr de son charme partagée sentimentalement entre l’époux de son amie
(une jeune femme pas du tout sûr- plus du tout car ne pouvant enfanter-de son charme), un journaliste et son ami (son amoureux) un avocat…Elle se livre à un jeu compliqué- presque enfantin- pour satisfaire son amour propre et son désœuvrement. Il est que l’amie en question « ferme les yeux », allant même à encourager le jeu. Un jeu qui finira mal… sauf pour notre héroïne, qui le « jeu » terminé, retrouvera son amoureux… mais prolongera aussi dans le remords ». C’est ce roman qu’Acène Djaballah chroniqueur qui nous raconte qu’il a été écrit sou un pseudonyme en cachette du père d’une femme qui commence à découvrir sa vraie vie… Un texte court mais d’une rare beauté. Art déjà consommé dans les nuances, très bel exercice de style indissociable de la maitrise corporelle. Assia Djebar « nous révèle qu’elle a appris à classer les femmes en trois catégories : les femmes de tête, les femmes de cœur et les femelles ».
Quant à son deuxième roman « Les impatients » écrit en 1957, elle raconte dans Dalila, dix-huit-ans, cette étudiante, entière et lucide… une révoltée totale… jusqu’ à la méchanceté presque gratuite, parfois sans raison sinon celle d’un violent désir de création de soi en étant encore peu attentive aux grandes mutations sociales et politiques du moment- la guerre de libération- Amoureuse de Salim dont elle rejoint à Paris, elle va être le celle par qui le scandale arrive. Intransigeante, n’écoutant que son cœur et son corps sans pour autant franchir le pas permis seulement par le mariage.
Elle met à mal les usages sociétaux, les mœurs en cours, la famille, le couple et son intimité, la liberté. » nous décrit BeljacemAhcène-Djaballah. Assia Djabar est honoris causa de trois universités étrangères, mebre de l’Académie royale de Belgique et sera élue au fauteuil de Georges Vedel à l’Académie Française le 16 Juin 2005 et décédée le 06 Février 2015 à Paris et enterrée à Cherchell, sa ville natale.
Femmes guerrières, femmes écrivaines, femmes artistes, femmes savantes, quarante-trois femmes qui ont fait et font l’histoire dans l’ouvrage de Halima Guerroumi dans notre Algérie et qui incarnent la lutte pour les droits des femmes.
Mais il y a aussi Maïssa Bey dans le roman de « Hizia » et Kaouter Adimi dans son roman « Des pierres dans ma poche » et surtout celui de Myaassa Messaoudi dans livre : « C’est mon choix ! disent les femmes soumises qui a parlé de la souffrance que subissent les femmes dans une société et qui cherchent à effacer leurs existences. Ce roman traite de la polygamie, la violence contre les femmes, la patrie, parue dans l’édition Koukou en 2019. « La femme sans sépulture » d’AssiaDjebar dans l’édition Albin Michel en 2002.
Il faut retenir que les femmes ont lutté pour leurs droits à la liberté là où commence la liberté de leurs familles. Nombreuses sont les chansons qui ont immortalisé leurs douleurs et les souffrances endurées. L’écriture, le chant deviennent comme pour fuguer dans l’errance. Il se crée un exil à soi en, exil intérieur où s’exprime la quête de l’identité qui renvoie aux tourments des femmes et de leurs destins .
Dr Boudjemâa HAICHOUR