Le chef de l’Etat tunisien, Kais Essaied, prolonge, par décret présidentiel publié au dernier Journal officiel, l’état d’urgence jusqu’au 31 décembre 2022.
nstauré une première fois en 2015 après l’attentat terroriste qui avait ciblé un bus de la garde présidentielle à Tunis faisant 13 morts et 16 blessés, l’état d’urgence est prorogé régulièrement, justifié souvent par des troubles politiques.
Effectivement, la situation s’est particulièrement exacerbée, conduisant le président tunisien, le 25 juillet 2021, à limogé le Premier ministre et gelé les activités de la Chambre des représentants, devenue théâtre de joutes politiques et partisanes stériles, à cause de l’hégémonie du parti islamiste Ennahda.
« J’ai pris des décisions que nécessite la situation afin de sauver la Tunisie, l’Etat et le peuple tunisien. Nous traversons les moments les plus délicats de l’histoire de la Tunisie » avait expliqué Kaïs Essaïed.
« Ce n’est ni une suspension de la Constitution ni une sortie de la légitimité constitutionnelle, nous travaillons dans le cadre de la loi », avait-il précisé.
Quelques mois plus tard, il dissout le Conseil supérieur de la magistrature, accusant ses membres de corruptions.
Il l’a remplacé, samedi dernier, par une haute instance judiciaire provisoire. A vrai dire, le président tunisien donne une forme légale à ses décisions par la promulgation de décrets lois, en attendant la reprise du Parlement.
Sa propension à concentrer les pouvoirs exécutifs et législatifs entre ses mains est fortement critiquée par l’opposition politique. Il demeure encore soutenu, néanmoins par la base populaire, qui l’a élu au Palais de Carthage avec 73% des suffrages exprimés.
Il engage, dès lors du 1er janvier au 20 mars, une « consultation populaire » électronique sur la réforme constitutionnelle. L’enjeu de la démarche étant de préserver sa côte de popularité, qui risque de s’émousser face à une crise sanitaire aigue et une situation sociale explosive.
L’épidémie virale a mis à rude épreuve le système de santé. Au pic des contaminations au Sras-Cov2, le pays enregistrait jusqu’à 200 décès par jour.
C’est énorme. Il a fallu que l’Algérie lui fasse don, en juillet 2021 de 250.000 doses de vaccins anti-Covid 19 et près de 20 tonnes de matériel médical, pour qu’il puisse mieux affronter la pandémie.
A la crise sanitaire se greffe une récession économique sans précédent. L’arrêt du tourisme, pendant plus de deux ans, a privé la Tunisie de ressources financières importantes.
Le taux de chômage augmente exponentiellement à l’endettement du pays.
Selon les économistes, « la dette monte désormais à 100% du PIB et les agences de notation ont encore baissé récemment la note de la Tunisie qui n’est plus qu’à un seul gradient avant le défaut de paiement ».
Pas d’autres alternatives à l’horizon, pour l’heure du moins. La Tunisie a reçu, avec soulagement, en décembre dernier, un prêt d’un montant de 300 millions de dollars, accordé par l’Algérie.
Soulef B.