Lachref Bouguereche, président de l’association Ain Taftika
« El Eulma doit devenir une ville culturelle par excellence »
Très ambitieux, Lachref Bouguereche, président de l’association Ain Taftika, croit dur comme fer que sa ville peut devenir une destination culturelle et touristique par excellence. Cette conviction est animée par les potentialités et les richesses que recèle cette belle ville.
La Patrie News : Merci de présenter succinctement votre association à nos lecteurs…
Lachref Bouguereche : Notre association est composée de neuf membres fondateurs, à leur tête le président, et plus de 475 adhérents. Nous avons deux genres d’adhérents, actifs et non actifs. Il faut savoir également que notre association est scindée en plusieurs branches, telles que la culture, l’art, le théâtre, le club scientifique d’El Eulma, et la branche dédiée aux femmes.
La Patrie News : quels sont les principaux objectifs de votre association ?
Lachref Bouguereche : Les objectifs de l’association sont à 95% culturels, dont le but est de redorer le blason du secteur de la culture dans cette ville, et ce, à travers la création d’écoles de théâtre, de musique et d’arts plastiques. Notre ville, qui recèle des paysages et des endroits touristiques magnifiques, tels que les ruines romaines de Djemila, Hammam Essakhena, les découvertes préhistoriques du professeur Sahnouni à Aïn Boucherit, peuvent attirer beaucoup de touristes. El Eulma doit devenir une ville culturelle par excellence.
La Patrie News : Parlez-nous un peu de vos activités…
Lachref Bouguereche : Outre la tenue de plusieurs festivals, nous organisons également des activités de jumelage avec les différentes régions et wilayas du pays. Cette année, nous avons choisi Beni Mzab, à travers l’organisation d’une semaine Mzab au niveau d’El Eulma, avant de tenir également la semaine d’El Eulma à Beni Mzab. Nous rendons également chaque 20 janvier à Alger un hommage au défunt Mohamed-Lamine Debaghine. Lui qui nous a quittés en 2003. Je profite de cette occasion pour lancer un appel pour la baptisation du nouvel hôpital d’El Eulma au nom de Mohamed-Lamine Debaghine. Nous allons également rendre hommage à Messaoud Zegar le 21 novembre 2020 à Alger. Je tiens à vous informer que nous sommes la seule association qui a pris part au 31e anniversaire de la création du Maghreb arabe le 17 février 2020, comme nous avons été également associés aux consultations sur la nouvelle Constitution, où nous avons fait plusieurs propositions. Sur le plan international, nous avons représenté dignement notre pays dans plusieurs activités sportives, à travers notre club sportif El Babia, notamment à la Rhodia Cup U10 à Roussillon (France), où nous avons obtenu la coupe de Fair Play. Il est à préciser que cette participation était sous invitation de M. Robert Duranton maitre de Roussillon et M. Karl Boughalem président de cette organisation.
La Patrie News : Comment faites-vous pour organiser toutes ces activités ?
Lachref Bouguereche : Nous avons l’aide de notre APC, notamment depuis l’arrivée du nouveau P/APC, en plus des aides des bénévoles et ceux qui aiment l’association, sans oublier bien sûr l’aide du ministère de la Culture, à travers deux projets artistiques. Il faut savoir que notre association participe régulièrement aux différentes festivités et activités organisées par notre Assemblée populaire ou celle même de la wilaya.
La Patrie News : Que pensez-vous de l’état actuel du secteur de la culture en Algérie ?
Lachref Bouguereche : Je préfère plutôt parler de gens cultivés en Algérie. Je me rappelle l’organisation des journées médico-chirurgicales, marquées par la présence de Noureddine Melikechi, chercheur algérien à la Nasa, et pur produit de l’école algérienne, et qui reflète aujourd’hui la compétence algérienne à l’étranger. Il y a également un autre grand chercheur, enfant d’El Eulma, le Pr Habib Zaidi, lauréat du prix Nobel arabe en 2010. Ce ne sont pas les compétences qui manquent, mais l’état de la culture en Algérie laisse à désirer. Les deux salles de cinéma à El Eulma sont fermées. Auparavant, les gens s’intéressaient à la culture et à la lecture, ce qui n’est pas le cas actuellement. Les gens sont devenus esclaves de leur téléphone portable. La culture est malheureusement le dernier souci des Algériens.
La Patrie News : Ne pensez-vous pas que les artistes soient lésés, et qu’il faille revoir leur statut et la politique de financement de leurs projets et œuvres ?
Lachref Bouguereche : L’artiste demeure malheureusement le maillon faible de la société, il est marginalisé. Cependant, il faut reconnaitre que les choses commencent à bouger, le Président Tebboune a honoré récemment le grand artiste Athmane Ariouat qui demeure l’un des piliers de la culture en Algérie. C’est tout le monde qui a apprécié ce geste, ce qui augure un avenir prometteur pour le secteur de la culture en Algérie. Idem pour l’actuelle ministre de la Culture qui ne cesse d’activer pour redorer le blason de son secteur. Je salue également le président du théâtre régional d’El Eulma, Sofiane Atiya, qui ne lésine sur aucun moyen pour redorer le blason du théâtre au niveau de sa ville.
La Patrie News : quelles sont les perspectives de votre association ?
Lachref Bouguereche : Nous allons organiser trois grands événements d’ampleur internationale à Alger, un hommage à Messaoud Zouagh le 21 novembre, un autre à Mohamed Lamine Debaghine le 20 janvier 2021, et le troisième à Djilali Mbarek le 15 août. Nos festivals doivent sortir de cet aspect régional pour devenir des événements nationaux.
La Patrie News : Avez-vous entrepris des démarches auprès des autorités concernées ?
Lachref Bouguereche : Nous allons déposer une copie de notre programme au niveau du ministère de la Culture, et nous allons essayer d’avoir des aides des services de la wilaya pour concrétiser notre programme. Certes nous n’allons pas tout avoir à la fois, mais au fur et à mesure, nous allons réaliser nos objectifs.
La Patrie News : Un dernier mot ?
Lachref Bouguereche : Je vous remercie pour cette invitation, une première pour nous, ce qui nous aidera à nous faire connaitre notamment à Alger. Je lance un appel pour multiplier la création des associations qui peuvent être d’un grand apport pour la société. Les associations et la société civile sont devenues aujourd’hui la base et le pilier des grandes nations. L’un de nos grands objectifs est de créer une coordination avec cinq associations. Avoir l’agrément de cette coordination va motiver davantage le mouvement associatif au niveau de la ville d’El Eulma.
Entretien réalisé par Yahia Maouchi