Lamine Osmani: « La nouvelle Algérie ne peut pas se construire avec les anciennes pratiques »
Le député et président du parti Sawt Edchaab, Lamine Osmani, est revenu ce matin du mercredi 4 Novembre, à l’occasion d’une conférence de presse tenue au siège de sa formation politique, sur l’avant, le pendant et l’après référendum pour l’amendement de la constitution, adoptée par le peuple, avec 66, 80 % de Oui contre 33,20 de non.
Pour le l’orateur qui s’exprimait face à un parterre de journaliste de la presse nationale, si le taux de participation (23, 70%) est, faut-il l’avouer, est faible, cela revient selon lui, à l’inaction et la mollesse des partis politiques.
A ce propos, Lamine Osmani a clairement indiqué que « la classe politique a échoué « Pour n’avoir pas fait un travail de proximité auprès des citoyens pour les amener à voter. Voter oui ou non, là n’est pas le problème selon Osmani mais pour lui l’acte de voter est un acte citoyen et chacun vote pour ce qui l’arrange.
Toutefois, le chef du parti Sawt Echaab n’a pas omis de signaler le fait que ce résultats devraient interpeller les autorités Concernant le contenu de la mouture proposée à référendum au peuple, Lamine Osmani a fait savoir que «certaines propositions de sa formation politique concernant le projet de révision de la Constitution avaient été acceptées par le président de la République ».
«Nous sommes un partenaire politique, et il est de notre devoir de participer à la construction de cette nouvelle Algérie. Chacun de nous se doit de s’impliquer dans cet élan de démocratisation de l’Etat. Ce qui exige l’adoption d’un nouveau discours et l’émergence d’une nouvelle classe politique qui soit apte à relever ce défi », a-t-il dit.
« Lors de cette campagne référendaire, première du genre, les acteurs de la société civile et des formations politiques, toutes tendances confondues, ont tenté d’expliquer le contenu de ce projet constitutionnel, conformément à leurs visions personnelles, mais il faut savoir que la décision est revenue au peuple en ce dimanche 1er Novembre », a ajouté Lamine Osmani.
Allant plus loin dans son argumentaire, le président du parti Sawt Echaab ne pouvait être plus clair concernant ce référendum.
«La question ne se limite pas à un oui ou un non. En faisant une comparaison avec les précédentes Constitutions du pays, on constate que cette constitution apporte beaucoup d’avancées remarquables, notamment en termes de libertés individuelles et collectives consacrées dans une vingtaine d’articles », a-t-souligné dans ce sens.
Cependant, compte tenu des revendications du Hirak du 22 février, soutient-il, on peut dire que seulement 80% des vœux ont été exaucés dans ce document.
« Nos militants ont été unanimes à défendre l’importance d’aller massivement aux urnes le jour «j». Il faut que le peuple contribue à la construction de cette nouvelle Algérie. Il est obligé d’exercer pleinement sa citoyenneté à travers l’accomplissement de son devoir de vote », relève le conférencier.
Pour lui, les partis politiques doivent s’inscrire dans le choix qui sera fait par les Algériens. Il s’agit d’un référendum populaire et non d’une simple élection.
« Le sort final de cette nouvelle Constitution était entre les mains des citoyens et non des formations politiques. Il faut changer les méthodes de gouvernance en consacrant davantage la volonté populaire. D’ailleurs, la nouvelle carte politique sera décidée elle aussi par ce peuple », a résumé Lamine Osmani.
La société civile « ne peut pas assumer » le rôle assigné aux partis politiques.
Interrogé sur les nouveautés apportées par cette nouvelle constitution, Lamine Osmani a indiqué que « cette constitution contient effectivement beaucoup de nouveautés ».
« Elle aspire à un grand changement. Notre parti n’avait donc pas pour ambition justement de bloquer ce processus de changement. Il ne voulait pas non plus orienter le peuple vers un choix précis. Il doit respecter les avis de chacun en se contentant d’expliquer clairement les dispositions constitutionnelles afin d’éviter toute mauvaise interprétation », a-t-il dit plus explicite. A ses dires, la nouvelle Algérie ne peut pas se construire avec les anciennes pratiques. Il faut avoir le courage politique de rejeter en bloc tout ce qui a mené le pays à la crise. La campagne référendaire se devait d’être animée par de nouvelles figures ayant des visions nouvelles.
« L’intérêt général du pays a obligé certes l’implication du mouvement associatif dans ce processus référendaire, mais il ne faut pas oublier qu’en l’absence des nouveaux cadres juridiques, la société civile n’est pas supposée faire de la politique », a-t-il insisté notant dans ce sens, que les associations ne peuvent pas assumer le rôle assigné aux partis politiques. Je pense que le vrai débat doit s’articuler autour des modalités d’application de cette Constitution.
« Il faut rétablir le lien entre l’administration et le citoyen à travers de nouveaux comportements basés sur le respect total des lois de la République. Elaborer des textes, c’est bien mais les appliquer, c’est mieux. Il faut aussi choisir les hommes et les femmes qu’il faut pour veiller à l’exécution sans faille de ces textes. C’est cela le véritable défi. On ne construit pas avec des paroles et de vieux procédés. L’heure est à l’innovation à tous les niveaux. Tout ceci dit sur un ton d’optimisme et de clarté », a-t-il insisté.
En fin, s’agissant du déroulement de la campagne référendaire, Lamine Osmani a indiqué que l’atmosphère, durant les trois semaines, était « irréprochable ». «Elle l’était également durant le déroulement du référendum » a-t-il ajouté.
F.Z