Le 8 avril 2025 : Une date symbolique pour les relations Algéro-Françaises, entre héritage historique et tensions politiques.
Ce 8 avril 2025 revêt une portée historique pour les relations entre l’Algérie et la France. Soixante-trois ans après le référendum « du 8 avril 1962 » , où 90,7 % des électeurs Français avaient approuvé l’indépendance Algérienne, cette date résonne aujourd’hui dans un contexte diplomatique tumultueux. La récente rencontre entre le Président Algérien Abdelmadjid Tebboune et le Ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot envoyé par le Président Emmanuel Macron , après des mois de tensions exacerbées par la droite française, relance des relations apaisées entre l’Algérie et la France.
Mme Marine Le Pen, le Ministre Bruno Retailleau et l’ancien Ambassadeur Xavier Driencourt : Acteurs d’une crise bilatérale.
Ils ont alimentées les prises de position de Marine Le Pen (cheffe du Rassemblement National), du Ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau et de l’ancien Ambassadeur Xavier Driencourt, ont mis en lumière les clivages profonds qui traversent la France. Ces figures incarnent des visions divergentes mais convergentes sur un point : l’Algérie comme « adversaire » à contenir, relançant un débat explosif sur le nationalisme et la mémoire coloniale.
Xavier Driencourt l’ Ancien Ambassadeur a un héritage controversé de Realpolitik à Alger (2008-2012 et 2017-2020), Xavier Driencourt est souvent comparé à Charles Martial Lavigerie, archevêque du XIXᵉ siècle qui promut l’évangélisation via l’immersion culturelle en Algérie. Comme lui, Driencourt défend une approche pragmatique, teintée d’intransigeance. Dans Le Monde , il critique la « naïveté » de la diplomatie française, accusant Alger d’exploiter les « faiblesses » de Paris et prônant un « rapport de force ». Son discours, soutenu par le Ministre Bruno Retailleau, a alimenté les tensions de 2024, marquées par des accusations d’ingérence mutuelle.
Pourtant, sa stratégie rappelle les échecs passés : tout comme les missionnaires de Lavigerie échouèrent à convertir des Algériens attachés à l’islam comme rempart identitaire, Xavier Driencourt mise sur une influence culturelle auprès des élites, une vision jugée anachronique dans un contexte postcolonial encore brûlant.
Mme Marine Le Pen « Candidate » pressentie pour 2027 mais menacée d’inéligibilité en raison de condamnations judiciaires, pour des irrégularités financières , la dirigeante du RN renoue avec un discours radical. Mme Marine Le Pen opère un virage stratégique, après des années de « dédiabolisation », elle renoue avec un discours populiste, mobilisant la rue et flirtant avec les nostalgiques de l’Algérie française. Un revirement qui risque de raviver l’image extrémiste de son parti. En tolérant des figures associées à l’OAS ou à Vichy, elle contredit ses efforts de normalisation, risquant un isolement politique tout en capitalisant sur un électorat en quête
d’autorité.
Malgré leurs différences, Driencourt, Retailleau et Le Pen partagent trois axes clés :
1. -L’Algérie comme ennemi commun : Tous construisent un récit où l’État Algérien incarne une menace justifiant un durcissement français.
2. -Rejet des institutions: Le Pen attaque les « élites » et les médias ; Driencourt critique le Quai d’Orsay, symbolisant une défiance partagée envers le système.
3. -Culture de l’affrontement : Que ce soit par la Realpolitik (Driencourt) ou les mobilisations de rue (Le Pen), ils rejettent les compromis traditionnels.
Ces stratégies alimentent une droitisation des débats sur l’identité nationale et la souveraineté. Pour Driencourt et Retailleau, il s’agit de redéfinir la politique française en Afrique du Nord ; pour Le Pen, de séduire un électorat en crise. Mais les dangers sont tangibles : la France se divise tensions accrues d’un côté, résurgence des stigmates de l’extrême droite de l’autre.
La France fait face à ses paradoxes, car
« Ce 8 avril 2025 » rappelle que l’Algérie reste un miroir des fractures françaises : entre passions identitaires et pragmatisme, entre héritage colonial et quête de puissance. En 1962, 90,7 % des Français votaient pour l’indépendance, rejetant la logique coloniale. Aujourd’hui, face aux discours de Le Pen, Retailleau et Driencourt, une partie de la société semble réitérer ce refus : un « non » à la droite nostalgique et à ses fantômes, de l’OAS à Vichy. Cette date marque un nouveau chapitre, teinté de défis et de symboles. Les deux pays tentent d’apaiser des tensions récentes – exacerbées durant l’été 2024 . Dans une France en crise, tiraillée entre nationalisme et aspirations progressistes, l’Algérie symbolise toujours les combats d’hier et les défis de demain.
Tout n’est pas politique, mais la politique s’intéresse à tout
Nicolas Machiavel
Abdelkader REGUIG
Président de l’Ordre des Ingénieurs Experts Arabes. Genève Suisse
Émail: orarexe @gmail.com