Le Drian annonce une conférence internationale sur la Libye en France : Paris « parasite » le processus initié à Alger
Quelle mouche a bien pu piquer le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian pour s’en venir annoncer sans coup férir une conférence internationale à Paris sur l Libye pour le 12 novembre prochain. A l’en croire, e effet, le président français Emmanuel Macron réunira une conférence internationale sur la Libye le 12 novembre, à un mois d’élections générales censées mettre fin à une décennie de conflit dans ce pays, mais qui paraissent de plus en plus hypothétiques. « Dans cette perspective des élections du mois de décembre, la France organisera autour du président de la République une conférence internationale sur la Libye le 12 novembre », a annoncé le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, lors d’une conférence de presse en marge de la 76e Assemblée générale de l’ONU. Le ministre français des Affaires étrangères et ses homologues allemands Heiko Maas et italien Luigi Di Maio coprésideront aussi une réunion consacrée à la Libye mercredi à New York. C’est ce qu’a rapporté Médiapart ce mardi. Celui-ci ajoute que « La France demande le maintien du calendrier électoral et le « départ des forces et des mercenaires étrangers ». Cette annonce, même si le départ des troupes étrangères et des soldats est en effet souhaitable, donne toutefois l’air de tomber tel un cheveu dans la soupe. Elle vient en effet contrarier et parasiter la démarche déjà initiée par Alger à travers la tenue d’une importante conférence des pays voisins de la Libye le 30 août passé. Il s’agit e la Tunisie, de l’Egypte, du Niger, du Tchad, du Soudan et de la République du Congo. L’importance de cette conférence était du reste mesurée à l’aune de la présence d’un haut représentant de l’ONU ainsi que du secrétaire général de la Ligue Arabe. Toute solution, pour qu’elle soit pérenne, doit en effet venir des Libyens eux-mêmes, non sans l’aide des pays voisins, et non pas des anciens colonisateurs dont les dégâts sont manifestes à chaque fois qu’ils font mine d’intervenir pour venir en aide à l’un des pays du Sahel ou du nord de l’Afrique. L’assassinat de Kadhafi, la guerre qui en a résulté au Mali et l’opération Serval sont encore très frais dans nos mémoires pour qu’on puisse passer l’éponge et faire mine de croire à la « noblesse » des intentions de la France. Outre le fait que la conférence parisienne n’a aucune chance de rapprocher la Libye d’une solution ferme e définitive, elle risque au contraire de l’en éloigner très sérieusement. Surtout si le Maroc y est associé. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Rabat a été exclu de la seconde conférence relative à ce dossier tenue à Berlin au mois de juin passé. D’où une quasi rupture des relations diplomatiques entre l’Allemagne et le Maroc. Macron, visiblement sonné par l’affaire des « sous-marins australiens », et même sa perte d’influence au Mali en attendant le Tchad et le Niger, semble s’être résolu à « s’approprier » le dossier libyen, histoire de se refaire une « santé diplomatique » en prévision des prochaines élections présidentielles françaises.
Ali Oussi