Le ministre malien des affaires étrangères en Russie : Bamako se retourne définitivement vers Moscou
Le divorce entre le Mali et la France est consommé. Le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, qui s’est déplacé, ce vendredi, en Russie, a assuré que « la coopération sur le plan sécuritaire entre la Russie et le Mali produit des résultats probants sur le terrain ». Dans une d’une conférence de presse organisée avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, il a souligné que «le peuple russe a toujours été du côté du Mali, et lui a toujours affirmé son attachement à l’unité et l’intégrité territoriale. La Russie a régulièrement apporté son appui au Mali au sein du Conseil de sécurité des Nations Unis. Notre coopération politique est bonne, notre coopération sur le plan sécuritaire est bonne, elle produit des résultats probants sur le terrain». La visite d’Abdoulaye Diop intervient à peine 4 jours après une tentative de coup d’Etat dont le gouvernement assure qu’elle a été menée par des militaires maliens, et soutenue par un Etat occidental. Une thèse, à nouveau, répétée par le ministre des affaires étrangères malien en Russie, ne manquant pas d’affirmer que «les enquêtes sont en cours et les éléments tendent à faire comprendre qu’il y a une puissance étrangère qui a soutenu cette tentative. Nous ne sommes pas du tout surpris par rapport à cela. Je suis certain que ce soit ce coup-ci ou d’autres, il y a plusieurs formes de déstabilisation qui sont en cours mais pour nous, le plus important, c’est le soutien du peuple malien». Le communiqué du gouvernement malien avait précisé qu’il s’agissait d’«un Etat occidental». S’agit-il d’une accusation en vers la France ? Les choses ne sont, peut-être, pas dites directement mais les choix du Mali sont clairs. Il a décidé de couper les ponts avec la France et de se rapprocher de la Russie. Tout en rappelant que son pays est «sous un embargo illégal, illégitime et injuste de la part de la Cédéao et d’autres organisations», le ministre malien des Affaires étrangères a souligné que son pays « militait depuis des années,la résolution des problèmes et le dialogue, la clé pour trouver des solutions à nos problèmes qui sont difficiles et complexes. » Ce dernier s’est déplacé en Russie, comme en novembre dernier, pour renforcer l’accord entre les deux pays portant notamment sur la lutte contre la menace terroriste. A ce propos, le chef de la diplomatie russe a assuré que son pays continuera d’apporter son aide au Mali. Lavrov a également souligné qu’ « aujourd’hui, nous avons une bonne occasion de discuter des objectifs dans le cadre de l’approfondissement de notre partenariat, dans le domaine du dialogue politique, dans le domaine de la coopération économique, et, bien sûr, dans le domaine d’échanges humanitaires, éducatifs et autres (…) L’Afrique est notre ami, et nous souhaitons que les nombreuses crises qui, malheureusement, y persistent encore, soient résolues dès que possible ». Le diplomate russe n’a pas manqué de piquer la France et les occidentaux, dénonçant la « mentalité coloniale » de Paris et de l’Europe au Mali. « Le mécontentement (de la France) face au désir des autorités maliennes de demander de l’aide à des forces de sécurité étrangères n’est rien d’autre qu’une récidive de mentalité coloniale dont les Européens devaient s’être débarrassés depuis longtemps », a estimé M. Lavrov, jugeant inadmissible que la France cherche à « dicter sa conduite au Mali, avec qui elle peut communiquer ».De toute façon, la France comme l’Allemagne, peut continuer à dénoncer le rapprochement entre la Russie et le Mali mais ce dernier a fait le choix des nouveaux partenariats militaires pour défendre la souveraineté du pays. Un coup dur pour l’ancienne puissance coloniale qui se voit déraciner non seulement au Mali mais dans toute la ceinture sahélienne par la Russie. Est-ce réellement la fin de la françafrique ?
Hayet Youba