Le Parquet s’exprime sur l’affaire Future Gate : « Des victimes ont été exploitées dans des actes douteux, dans les pays d’accueil»
Le parquet s’est exprimé sur l’affaire Future gate, actuellement à la phase d’instruction au tribunal de Dar Beida. Dans une conférence de presse, le représentant du ministère public a mis ce dossier à cheval entre le délit classique et le cybercrime. Il a affirmé qu’une « association de douze malfaiteurs, parmi lesquels quatre influenceurs », ont utilisé les nouveaux canaux de communication, dont les réseaux sociaux, pour faire la publicité autour d’une opération véreuse et duper des dizaines d’étudiants qui souhaitaient poursuivre leurs études supérieures à l’étranger. « Ils ont utilisé des méthodes étudiées, et de faux descriptifs et des manœuvres frauduleuses, sous couvert d’une société commerciale, sous plusieurs noms fictifs, Inside.com, Future Gate et Svit-Osviti ». Jusqu’à présent 75 potaches sont tombés dans le piège de la filouterie.
Le Procureur de la République près le Tribunal de Dar Beida a soutenu que l’arnaque a fait illusion car elle a été présentée sous la forme d’une offre sérieuse, fortement vantée sur les réseaux sociaux, par des influenceurs. Ces derniers relayaient les promesses trompeuses des gérants de la société fantôme, soit des inscriptions dans des universités prestigieuses en Ukraine, en Turquie et en Russie. Le package proposé incluait les procédures et les frais du visa, du transport et de l’accompagnement jusqu’à l’arrivée au pays de destination, de l’inscription à l’université, de la sécurité sociale, de l’hébergement à la cité universitaire, de la carte de séjour et de l’enregistrement dans le fichier des migrants éligibles au droit du travail.
« La brigade de la police judiciaire, spécialisée dans le crime organisé, a découvert que ce groupe recevait illégalement des sommes colossales de la part des étudiants (jusqu’à 3 millions de dinars, ndlr). Il collaborait avec des individus de nationalité étrangère, qui prétendaient prendre le relais une fois les étudiants arrivés au pays de destination » a informé le Procureur de la République. Il a signalé que les influenceurs (Farouk Boudjemlin dit Rifka, Mohamed Abderkane appelé Stanley, Numidia Lezoul et Inès Abdelli, une adolescente de 16 ans) « ont participé largement dans la promotion de ladite société fictive sur leurs comptes facebook et Instagram en Algérie et à l’étranger, afin de convaincre les jeunes étudiants. Ils ont été rémunérés en contrepartie des services rendus». Il a confié que les investigations de la police judiciaires ont prouvé que « certaines victimes, qui se sont déplacés dans les pays d’accueil pour étudier, ont été exploitées dans des actes douteux après qu’elles se soient retrouvées dans l’impasse, sans argent et sans pouvoir retourner en Algérie».
Le représentant du ministère public a annoncé qu’il avait requis, du juge instructeur, l’émission de mandats d’arrêts internationaux et des commissions rogatoires pour pouvoir interpeller, les suspects dans cette affaire, en fuite ou résidant à l’étranger. Il a rappelé qu’au bout de 13 heures de comparution devant le doyen des juges d’instruction, des mandats de dépôt ont été ordonnés contre onze présumés coupables. Trois coaccusés ont été placés sous contrôle judiciaire. Il a fait appel à témoins et a incité d’éventuelles autres victimes à se rapprocher de la justice pour se constituer partie plaignante.
Soulef B.