LE PRESIDENT CHADLI
DU COMBAT LIBERATEUR A LA CHARGE DE LA DESTINEE DU PAYS
HOMMAGE A L’HOMME D’ETAT ET AU MOUDJAHID
WILAYA TARF 06 OCTOBRE 2021
(*)Par le Dr Boudjemâa HAICHOUR
En ce 9ème Anniversaire de la mort du Président Chadli Bendjedid organisé par la direction des moudjahidine de la Wilaya de El-Tarf en collaboration avec l’Université, j’ai répondu pour la deuxième fois à l’invitation, comme il fut le cas en 2016 pour m’incliner à la mémoire du frère moudjahid et lui rendre hommage.
A chaque fois que l’occasion se présente il ne serait qu’un devoir puisque comme tout autre responsable de ceux qui ont combattu pour la libération nationale du joug du colonialisme , il restera un symbole national du patriotisme et du militantisme pour la construction de l’Algérie indépendante.
Voilà que le destin a voulu qu’un autre président en l’occurrence Abdelaziz Bouteflika nous a quitté récemment . à peine fini le deuil de trois jours proclamés par le Président Abdelmadjid Tebboune qu’une autre personnalité, le chef de l’Etat Abdelkader Bensalah nous quitte lui aussi pour sa dernière demeure.
Des funérailles dignes d’un président leurs ont été réservées avec la présence personnelle du Président Abdelmadjid Tebboune.
L’Algérie n’oublie pas ses enfants, comme Ferhat Abbas , Benyoucef Benkhedda au temps du GPRA ou encore à l’ère de l’Independence Ahmed Ben Bella, Houari Boumedienne , Rabah Bitat, Chadli Bendjedid, Mohamed Boudiaf, Ali Kafi, Liamine Zeroual (a qui nous souhaitons santé et longue vie) , Abdelaziz Bouteflika et Abdelkader Bensalah.
Tous ces Présidents qui se sont alternés à la haute magistrature du pays ont servi leur patrie chacun à sa manière et son propre style de gouvernance mais chose certaine , dans l’exploit ou la défaillance, l’erreur est humaine.
La conjonction ou convergence c’est servir leur pays avec dévouement et abnégation. Seule l’histoire saura juger l’action de chacun d’entre eux.
Dans cette enceinte universitaire ou plusieurs figures emblématiques qui ont façonné l’histoire de l’Algérie indépendante parmi eux des prestigieux moudjahidines, et d’illustres hommes d’histoire et de culture et étudiants, ont répondu présent, pour cette double stature celle de la commémoration du 9ème Anniversaire de la mort du Président Chadli Bendjedid, et l’ouverture officielle de l’année universitaire à de El-Tarf en la présence Solennelle des autorités locales à leur tête le Wali et le principal hôte de cet double événement le recteur de l’université de El-Tarf .
L’histoire ne peut être actualisée que par l’émergence de nouvelles données qui peuvent provenir des témoignages ou de documents non dévoilés auparavant.
Par conséquent, le chercheur n’ose pas changer le cours de l’histoire avant de voir tous les éléments qui peuvent influer vraiment par la crédibilité de la source et sa fiabilité académique.
Deux million d’ étudiants à travers tout le territoire national, l’université de Tarf elle est au environ de 8000 mille étudiants dont 3600 nouveau étudiants qui rejoignent l’université cette année 2021/2022 parmi les dizaines d’universités du pays c’est la grand défi du savoir que l’Algérie a gagné ces dernières années , de quoi valoriser l’effort de l’Etat dans l’épanouissement de l’enseignement supérieur et des universités qui portent dans leur majorité les noms des hommes historiques qui ont servi la nation et combattu pour la cause national tel souhaité par le Président de la république Abdelaziz Bouteflika, qui a donné par décret le nom de Chadli Bendjedid à l’université de El-Tarf .
Il est difficile d’aborder ce sujet sans s’en référer à différentes sources qui éclairent le parcours d’un homme qui a été témoin et acteur d’une période clé de notre histoire.
Comment peut-on défendre une écriture critique de l’histoire en interrogeant les différents acteurs qui l’ont façonnée ?
Quelque soit l’apologie en faveur d’une pratique fusse-t-elle orthodoxe de l’histoire, les historiens se frayent le chemin d’une vérité dans le contexte du moment.
Dans son livre « Théorie critique de l’histoire, identités, expériences, politique » Joan W. Scott nous livre une « contribution stimulante qui procéderait à une déconstruction de l’histoire politique ».
C’est dans l’expérience vécue et partagée qu’il faut chercher une certaine explication. Il faut s’attacher à examiner les divergences des uns et des autres et les rapports de forces qui les sous-tendent.
Est-ce qu’on peut être le plaidoyer d’une histoire qui honore les uns et culpabilise les autres au regard des rapports de pouvoir sans risque de toucher à l’honneur à ceux qui ont donné leur vie pour que l’Algérie retrouve sa liberté et son indépendance ?
La communauté nationale doit pouvoir déceler toutes les nuances pour que l’histoire des hommes ne soit pas l’occasion de produire des contre-vérités.
Il est plus que nécessaire qu’il y ait convergence entre raison scientifique et raison politique pour arriver à la réhabilitation d’une histoire expurgée des égos.
HISTOIRE POLITIQUE T HISTOIRE DES POUVOIRS
Il est vrai que les approches sont différentes entre les historiens du politique et ceux des historiens organiques. Tous nous mènent parfois dans le dédale des écarts qui sépare l’histoire politique de l’histoire des pouvoirs.
La critique de l’histoire et son effet sur le comportement des individus nous renvoient à des interprétations dans la vision globale des événements.
Rendre compte de toute évolution dans la mesure où les changements affectent la société et la recherche de la vérité demeure la clé de voûte dans l’écriture de l’histoire que tout historien a charge de découvrir.
Les faits, seulement les faits vont parler d’eux-mêmes et devenir preuve d’effectivité.
Et c’est cela que nous avons essayé de présenter les faits tels vécus par Si Chadli qui de son vivant a eu le moment d’écrire dans toute l’humilité quelques tranches de sa vie que nous exposons sans remuer dans les plaies juste pour laisser aux générations le parcours d’un militant de la cause nationale comme un récit où joies et peines se succèdent et où la vie de l’homme ne vaut pas à côté de la libération de son pays.
GENEALOGIE DES DJEDAIDIAS
Loin des hasards historiques, Chadli Bendjedid né le 14 Avril 1929 à Sébâa, daïra de Bouteldja wilaya de Tarf rappelle ses racines. Sa famille appartient à la tribu des Djedaïdia dans la localité de Bouteldja ex Blandan.
C’est une région qui fait face au djebel Bouabad entourée des lacs tels lac des oiseaux,Oubeïra, Tonga et Malha.
En fait c’est une des plus belles réserves naturelles au monde. Un milieu fascinant entre Oued Kebir, Oued Bounamoussa et le Seybouse.
C’est d’ailleurs là où Chadli a passé son enfance et son adolescence. C’est de là qu’il a rejoint le maquis. Comme il le présentait dans ses mémoires son arbre généalogique du côté du père, il est le fils d’El Hadi(1897), ben Ahmed(1860), ben Mabrouk(1800), ben Mohamed(1740), ben Mabrouk dit boudrâa (1660).Et du côté de sa mère, il est fils de Salha bent Cheïkh Mohamed, ben Mabrouk, ben Mohamed, ben Mabrouk.
Le père de Chadli est El Hedi né le 09Décmbre 1897 agriculteur propriétaire des terres héritées de son père.
Il était l’unique fils de son père parmi les quatre sœurs. Sa mère portait le nom de Bendjedid est née en 1899. Elle est morte le 12 Juin 1990 alors que son père est décédé en 1976. Chadli Bendjedid rejoint en 1935 l’école indigène Rahbat Zrâa dirigée par monsieur Puneau baptisée « Aslah hocine » après l’indépendance.
Il y resta de 1935 à 1940 et fut hébergé chez sa tante à la cité Auzas puis au collège à Dréan ex Mondovi où il était chez son cousin. Ils étaient trois arabes et il se rappelle de leurs noms:Féraoun, Naïli et lui-même.
Cette ville était polluée de racisme et avait la haine des arabes. Il reprendra ses études en allant chez Cheïkh Salah de la tariqa Hibrya qui lui a appris le Coran jusqu’à la sourate « Ya sin » au moment du débarquement des alliés en 1942.
C’est le 8 Mai 1945 que Chadli devait avoir ces seize ans qu’il prit conscience après les massacres de kherata, Sétif et Guelma.
C’était un tournant décisif dans la vie du jeune Chadli et de toute génération.
Il rentre au CFPA sébâa et ouled Diab en 1947 où il réussit son concours et décroche son diplôme. Il adhère au MTLD. Il travaille déjà à Tabacoop en 1951.
Il a pris conscience lorsque les adultes dont son père rapportaient se qui s’est passé et à seize ans il entendait parler des personnalités politiques de l’emprisonnement de Ferhat Abbas, du Cheïkh El Ibrahimi et l’emprisonnement de Messali Hadj.
Son père adhéra à l’UDMA dès sa création et les élections législatives du 2 Juin 1946 où le Parti obtient onze sièges.
LES PREMIERS PAS EN POLITIQUE DE CHADLI BENDJEDID
A partir de là Chadli fait ses premiers pas dans la politique en participant en tant observateur dans un bureau de vote au scrutin de 1947.
Le 1er Novembre éclata et il fallait attendre fin 1954 début 1955 pour les premiers groupes de militants passer à l’action sous la direction de Chouichi Aïssani qui recevait directement les ordres d’Amara Laskri dit Bouglez qui venait à Sébâa pour recruter des jeunes pour la Révolution.
Notre domicile fut plusieurs fois perquisitionné par la gendarmerie et étions sous haute surveillance. Début Mars 1955 je rejoins à Sidi Trad le groupe de moudjahidines par une nuit pluvieuse.
J’avais déjà l’âge de 26ans. Et dira Si Chadli dans ses mémoires qu’en aucun moment je ne faisais parti de l’armée française contrairement à ce qui a été rapporté par des ouvrages français et colporté par des écrits d’algériens. Je n’ai même pas accompli le service militaire.
Si Chadli fait la part des choses lorsqu’il s’agit des soldats algériens qui ont déserté l’armée française et nombreux furent de grands baroudeurs et ont apporté une aide précieuse et certains sont devenus de grands chefs dans la base de l’Est et d’autres sont tombés au champ d’honneur.
Quant à mon père il n’a jamais été caïd ni avoir été rémunéré par l’administration coloniale. Son père fut désigné malgré son âge avancé commissaire politique à Sébaâ et Ouled Diab fin 19956.
LA RENCONTRE DE CHADLI AVEC AMARA BOUGLEZ
Parlant d’Amara Bouglez Si Chadli dira celui qui et né à Merdes près de Ben M’hidi fit ses études au lycée d’Annaba avant de s’enrôler sur le cuirassé Richelieu dans l’armée. Il adhéra après sa démobilisation au MTLD et fut un des militants le plus actif d’Annaba.
Bouglez se révéla homme politique compétent, organisateur doué et chef militaire brillant.
Alors que Si Chadli dirigeait la contrée d’Aïn Kerma en participant par des opérations le 20 Aout 1955 sur instruction de Bouglez car sa rencontre avec Amara Bouglez à Annaba date d’avant le déclenchement de la Révolution.
Le 20 Août 1955 Bouglez est de ceux qui ont participé après sa rencontre avec le commandement du Nord constantinois. Pour son côté Abdellah Nouaouria rallia souk Ahras et commanda le secteur des N’baïl.
Si Chadli raconte dans ses mémoires le conflit qui éclat entre Guettal Ouardi et ses adjoints qui précipita le départ de Guettal et la création de la base de l’Est à Souk Ahras dont Amara Bouglez sera le premier responsable.
Au maquis de Béni Salah il créa un véritable fichier de tous les soldats et officiers confié à Layachi Bouazza de Souk Ahras et d’El Kala.
Mais les premières divergences n’ont pas permis la création de celle-ci par l’exacerbation de la course au leadership.
Chadli qui attendait l’accostage d’un bateau chargé d’armes, mais ce fut celui des français.
ECLAT D’OBUS ET CONTINUITE DU MAQUIS
Un éclat d’obus le toucha au pied et fut transféré en Tunisie auprès du Dr Yahia Yacoubi qui le soigna et il y séjourna un mois pour ses soins. Durant sa convalescence Chadli dira qu’il avait rencontré le Colonel Amirouche dans l’échoppe d’Ahmed Kebaïli à Souk Larbaa.
Chadli dira qu’il reçurent de Houari Boumediene l’ordre Bensalem et lui de préparer deux bataillons afin de soutenir nos frères tunisiens durant la crise de 1961 par le refus français d’évacuer la base navale de Bizerte au moment où Bourguiba revendiquait la fixation des frontières à la borne 233.
Amara Bouglez ne pouvait pas se délacer pour participer au Congrès de la Soummam. Il en a mandaté deux frères Amar Benzouda représentant el Kala et Hafnaoui Ramadnia représentant Souk Ahras.
Les deux émissaires étaient porteurs d’un rapport détaillé de la situation politique, militaire et économique des deux régions. Il en fera de même en envoyant une autre délégation pour l’extérieur. Ces derniers rencontrèrent Tahar Bouderbala et peut-être Ali Kafi.
Mais le congrès de la Soummam a clos ses travaux sans les représentants de la wilaya 1 après la mort de Mostefa Benboulaid, l’assassinat de Chihani Bachir et l’absence des leaders historiques Ahmed Ben Bella, Hocine Aît Ahmed, Mohamed Boudiaf et Mohamed Khider. Le congrès maintient la région de Souk Ahras dans le giron de la Wilaya 2.
Le Congrès de la Soummam créa six wilayas et donna naissance au CNRA et d’un CCE. La structure organique des unités de combat fut revue en bataillons et en compagnies. Il faut voir le détail dans la plateforme de la Soummam.
CREATION DE LA BASE DE L’EST
A la fin de 1956 est née la Base de l’Est. L’organisation que dirigeait Amara Bouglez avant la création de celle-ci. L’organigramme de celle-ci avec les hommes qui l’encadrent est connu. Neuf compagnies ont été formées à la base de l’Est dans trois zones.
Chadli dirigera la première compagnie secondé de Haddad Abdennour adjoint militaire, Ahmed Tarkhouche adjoint politique et Hamdi Hamed au renseignement.
Il faut dire qu’après le congrès de la Soummam, Zighoud Youcef avait dépêché Ammar Benaouda pour contrôler les frontières et Brahim Mezhoudi pour mettre fin au sentiment de révolte qui commençait à monter àTebessa qui ont échoué dans leur mission.
Les frères des régions de Souk Ahras, El Kala et Tebessa se sentent marginalisés. C’est ainsi que Amara Bouglez entama une campagne de sensibilisation et de contact avec les membres de l’ALN qui ont pu tenir une réunion en Décembre 1956 pour demander des explications.
CHADLI RACONTE SA VERSION DES FAITS
Si Chadli continue sa version des faits historiques dans la région notamment sa rencontre avec Ouamrane envoyé par le CCE pour tenter de remédier à la situation délétère qui couvait suite aussi à l’intervention d’Ali Mahsas qui refuse et ses partisans d’adhérer aux résolutions du Congrès de la Soummam.
C’est en définitif le Président Bourguiba qui a intervenu pour cesser les hostilités entre les frères. Ali Mahsas se rend alors en Allemagne. Ainsi Ouamrane rencontrera Amara Bouglez et ses adjoints dans les environs de Béja à Souk Larbâa dans une petite ferme des descendants d’El Mokrani.
Le commandement de la Base de l’Est était constitué d’un Conseil présidé par Amara Bouglez secondé par deux adjoints à savoir:Mohamed Aouachria et Slimane Belachari.
La zone 1 confiée à Aïssani Chouichi avec trois adjoints que sont Bechaïria Allaoua,Ressaa Mazouz et Hadj Khemar. La zone 2 sera conduite par Abderahmane Bensalem composée de :Lakhdar Ouarti,Hafnaoui Rémadnia et Djebbar Tayeb quant à la zone 3 dirigée par Tahar Zbiri et de ses adjoints Sebti Boumaaraf,Moussa Lahouasnia et Mohamed Lakhdar Sirine.
La création des bataillons dès 1956 tels que le 1er dirigé par Chouichi Aïssani, le second par Abderahmane Bensalem, le 3ème par Tahar Zbiri, le 4ème sera mis en place vers la mi-1958 confié à Mohamed Sirine assisté de Youcef Latréche et Ahmed Draïa et Ali Babay.
Plus tard d’autres bataillons serons crées en tout neuf bataillons pour la Base de l’Est. C’est dans la zone 1 qui comprenait trois bataillons que Chadli fut affecté comme responsable de la région de la 1ère compagnie avec le grade de lieutenant.
Si Chadli parle de Salem Giuliano qui venait de reprendre le commandement du bataillon après la mort de ce héros Youcef Latrache au combat.
LA PRIERE DE CHADLI AU DJEBEL BOUABAD
Il parle de Djeddi Khaled durant cet été de 1957 alors qu’il dirigeait la section de Zeïtouna vers Blandan pris au milieu d’une vaste opération de ratissage sauvé dit-il par la prière au Djebel Bouabad près de Chafia où le commando de Bigeard nous prit en embuscade si ce n’était prière on serait mort.
Cette halte pour faire nos ablutions a fait changer le chemin aux soldats français pensant que nous avons pris une autre piste.
Le commandement de la Base de l’Est avait installé une haute instance judiciaire pour statuer des grandes affaires se rapportant à la Révolution. Un des membres Slimane Guenoun dit l’ « Assaut », un vrai baroudeur dont le procès fut que ce dernier abandonna le convoi à serdj el ghoul. Recevant l’information Amara Bouglez ordonna à Abderahmane Bensalem de le juger.
Le tribunal composé de Mohamed Aouachria,Rmadnia Hafnaoui, Zine Noubli et Chadli Bendjedid. La défense était assurée par Ahmed Tarkhouche, Abdelkader Abdellaoui et MohamedCherif Messadia.
Trois chefs d’inculpation : insubordination, ingérence dans les affaires d’une autre wilaya et accrochage inutile avec l’ennemi.
L’accusé fut condamné à la peine de mort, mais Bouglez n’ordonna pas l’exécution en commuant à une peine de prison en considération de la bravoure de l’Assaut, Slimane et de ses sacrifices.
CHADLI FACE AUX LIGNES CHALLE ET MORICE
Si Chadli parle dans ses mémoires de ces deux lignes Challe et Morice, les barbelés de l’existence où plusieurs moudjahidine ont laissé leur vie en transportant les armes automatiques et les mortiers pour soutenir en armement les différentes wilayas.
Ces barrages de la mort, électrifiés et semés de millions de mines anti personnels faisant un désastre humain à ce jour rendant l’Algérie une prison à ciel ouvert.
Le Moudjahid Si Chadli évoque l’incident du Kef appelé communément le »complot des colonels » tantôt le « complot de Lamouri » qui a fait coulé beaucoup d’encre.
Mais Chadli refuse qu’on parle de complot et de présenter la « Révolution comme une série de manigances, d’intrigues et de complots ».
L’AFFAIRE LAMOURI ET LA GESTION POLITIQUE DE LA REVOLUTION
L’affaire Lamouri dira si Chadli n’est guère un conflit pour le pouvoir ou une lutte de clans, mais beaucoup plus des divergences profondes sur les méthodes de la lutte armée et la gestion politique de la Révolution.
Il s’agissait du devenir de la Révolution de façon globale. Ainsi Mohamed Lamouri, Mohamed Aouachria, Ahmed Nouara, Mostafa Lakhal, et la majorité des officiers de la wilaya 1 et de la Base de l’Est persuadés que la Révolution a dévié de son cours c’est-à-dire de sa voie initiale.
L’idée a donc germé d’employer la violence contre les « 3B », ce triumvirat pour l’amener à revoir les décisions qu’il avait prises contre Amara Bouglez et Mohamed Lamouri, après la dissolution du COM.
Chadli rappelle que Amara Bouglez a transmis une lettre d’une extrême virulence au CCE suite à l’assassinat d’Abane Ramdane et décréta une journée de deuil et de protestation dans toute la Base de l’Est. A un moment où DE Gaulle entreprend « le Plan de Constantine » et les deux lignes Challe et Morice font les dégâts au plan humain les grandes opérations telles «opération Etincelles » dans les hauts plateaux.
DISSOLUTION DES COM EST ET OUEST
L’ « opération Jumelles » en Kabylie et « Pierres précieuses » dans le Nord Constantinois sont lancées. C’est dans cette conjoncture difficile que fut décidé le démantèlement de la Base de l’Est. Lorsque Krim Belkacem dans la moitié de 1958 avait crée les deux COM Est et Ouest, c’était pour l’exclusion des dirigeants de la Base de l’Est du centre de décision.
Ensuite les divergences entre les trois « B » vont précipiter la dissolution des COM Ouest dirigé par Houari Boumediene secondé par le colonel Saddek (tous deux venaient de la wilaya V et IV). Le conflit dira si Chadli entre Bouglez et Benaouda était à son paroxisme.
Après le départ de Bouglez l’organigramme de la Base de l’Est fut chamboulé avec la désignation de Mohamed Tahar Aouachria à la tête du commandement secondé de Cgouichi El Aïssani tandis que la zone 1 sera confiée au beau frère de Bouglez le nommé Ressâa Mazouz secondé par trois adjoints Chadli Bendjedid,Youcef Boubi et Belkacem Ammoura dit « Bledhouioui ».
LES SANCTIONS DU GPRA AUX DIRIGEANTS DE LA BASE DE L’EST
A la fin du mois de Septembre 1958, le CCE réuni au Caire rendit son ultime décision avant de laisser place au GPRA, portant dissolution du COM accusant ses membres de défaillance, d’incompétence et d’incapacité d’appliquer les décisions du commandement.Des sanctions tombaient.
C’est ainsi que Bouglez sera dégradé au rang de Capitaine et interdit de toute activité avant d’être expulsé vers Baghdad.
Lamouri fut dégradé envoyé à Djedda qui ne s’est pas rendu restant en Libye.Le CCE s’est contenté d’envoyer Benaouda à Beyrouth.
Quant à Si Nacer Mohamedi Saïd premier responsable du COM Est sera rattaché au GPRA. C’est la réunion du kef qui a fait déborder le verre étaient présents le Commandant Chouichi El Aïssani, le colonel Ahmed Nouaoura, Mostafa Palestro, Ahmed Draïa, Mohamed Chérif Messadia et le Commandant Belhouachat.
CHADLI BENDJEDID CHEF DE ZONE
Bourguiba avait envoyé sa garde nationale pensant que la réunion était un soutien à Salah Benyoucef qui nous ont encerclés et coupés les vivres. Pendant ce temps Krim écarta Rassa Mazzouz du commandement de la zone1 à cause des liens de famille avec Bouglez et délégué Abdelkader Chabou, Mohamed Allag et Sahraoui.
Après consultation Chadli Bendjedid fus désigné Chef de zone. Krim et Bentobbal étaient persuadés que Lamouri et ses camarades fomentaient un coup d’Etat contre le GPRA.
Le tribunal qui les jugés était présidé par Houari Boumediene avec Ali Mendjeli comme procureur et Kaïd Ahmed, le Colonel Saddek comme accesseurs. Finalement la sentence fut que les Colonels Lamouri et Nouaoura, le commandant Aouachria et le Capitaine Mostefa Lakehal furent exécutés.
Les autres des peines allant de quatorze mois à deux ans. Ce procès pèsera lourdement sur le moral des troupes où des désobéissances et désertions vont se multiplier
BOUMEDIENE LIBERE BELHOUCHAT, DRAIA ET MESSAADIA
Lorsque Boumediene prit le commandement de l’Etat major, il libérera Belhouchat,Draïa,Messaadia et lakhdar Belhadj et les chargea avec Abdelaziz Bouteflika d’ouvrir le Front de Gao du Mali.
Mais survint le plan Idir aura des effets désastreux, pour créer un bataillon conduit par Mohamed Boutella et un deuxième entre Bensalem et Chadli confié à Slimane Hoffman et un 3ème bataillon entre Bensalem et Zine Noubli sous l’autorité de Selim Saadi.
SEDITION DE HAMMA LOULOU ET REDDITION D’ALI HAMBLI
Ce plan Idir sera à l’origine d’une grande dissidence dans les unités de la wilaya 1 à Djebel Chaâmbi, la sédition de Hamma Loulou et la honteuse reddition d’Ali Hambli tel que décrit par Si Chadli. Cette réddition est un épisode douloureux de la Révolution à la fin de 1958. Cet officier de la zone 5 de la Wilaya 1.
Il s’est révolté contre le GPRA ET contre Si Nacer Mohamedi Saïd en lui rappelant si ce dernier ne lève pas le siège, Ali Hamli se rendra aux Français.
Hamli aurait été derrière un certain nombre d’attaques contre les camps des moudjahidines notamment contre le siège de l’Etat-major de Ghardimaou. Il mourut avant l’indépendance dans des circonstances mystérieuses.
Il est possible que les Français l’aient tué après l’avoir tant utilisé contre les djounouds soulignera Chadli Bendjedid dans ses mémoires. Quant à Hamma Loulou se sentant humilié il déclara sa dissidence en rejetant tout ordre venant du commandement de l’Etat-major Est ou du GPRA.
Loulou en voulait aussi à Bensalem de n’avoir pas pris position sur la mort d’Aouachria et d’avoir livré Ahmed Draïa au GPRA.
LE CONCLAVE DES DIX COLONELS
En fait les « 3B » et le GPRA savaient que celui qui a la haute main sur l’armée détient le destin du pays.
Afin de surmonter le climat de révolte et de confusion et d’y remédier à la situation d’impasse au plus haut niveau de commandement, une réunion d’arbitrage a été convoquée en Tunisie.
Outre les « 3B », sept Colonels à savoir Houari Boumediene, Mohammedi Saïd, respectivement chef d’Etat-major Ouest et Est, Hadj Lakhdar de la Wilaya 1, Ali Kafi de la Wilaya 2, Yazouraine de la Wilaya 3, Déhiles de la Wilaya 4 et Lotfi de la Wilaya 5. Tous se trouvaient en dehors du pays.
Cette réunion dura environ trois mois surtout que les divergences étaient difficiles à surmonter. La 3ème session du CNRA a été convoquée à Tripoli du 16 Décembre au 18 Janvier 1960/61.
HOUARI BOUMEDIENE DEVIENT CHEF D’ETAT MAJOR GENERAL
C’est la mise en place d’un EMG présidé par Houari Boumediene assisté d’Ali Mendjeli, Ahmed Kaïd et Azzedine Zerrari. Il y a eu la suppression du Ministère de la Guerre et son remplacement par le Comité interministériel de guerre où siègent les « 3B ».
L’entrée des chefs militaires dans leurs wilayas respectives. Houari Boumediene est arrivé au bon moment pour redresser la situation installé à Ghardimaou.
CHADLI EVOQUE BOUMEDIENE EN TERMES ELOGIEUX
Chadli évoque sa rencontre au premier trimestre de 1960 avec Boumediene en compagnie d’Abderahmane Bensalem et de Zine Noubli dans son QG de Ghardimaou.
Chadli disait de Si Boumediene qu’il écoutait plus qu’il ne parlait, interrogeait plus qu’il ne répondait, échangeait plus qu’il n’ordonnait.
Nous étions rassurait si Chadli à cette première rencontre. Il disait que Boumediene était intègre, patriote et visionnaire.
La première mesure c’est la création d’un bureau technique auquel seront rattachés les DAF (Chabou,Zerguini,Boutella,Hoffman et Abdelmoumen).
Ce bureau sera chargé par Boumediene de mettre au point un organigramme pour réorganiser l’armée, la redéployer et la structurer en bataillons et unités d’armements lourds dirigés par les officiers moudjahidines.
La base de l’Est sera divisée en deux zones appelée zone opérationnelle nord dirigée par Abderahmane Bensalem secondée par Chadli Bendjedid rejoints par Abdelkader Chabou chargé des affaires administratives et sécuritaires.
En fait c’est l’œil de si Boumediene dans cette zone. Djelloul Khatib qui était SG de la zone sera rattaché à l’EMG. Aveille du cessez-le-feu Ahmed Benahmed Abdelghani sera chargé dans notre zone du renseignement. Bensalem et Chadli le terrain des opérations militaires et le franchissement des fils barbelés.
La zone 2 appelée zone opérationnelle sud commandait par Salah Soufi secondé par Saïd Abid et Mohamed Allag. Elle comprenait les unités de frontières Est de la wilaya 1.
De nouveaux bataillons furent crées en zone le 11ème et le 13ème en plus de deux compagnies d’armement lourd; pour la zone2 trois bataillons furent crées le 12ème 17ème et le 56ème qui existait déjà et qui s’appelait le 5ème bataillon.
Ainsi Boumediene instaura la discipline dans les rangs des djounouds, leur discipline envers le commandement unifié et centralisé.
BOUMEDIENE IMPOSE L’ORDE ET CREE UNE ALN MODERNE
A partir de ce moment Boumediene impose l’ordre et fera de l’ALN une armée moderne bien entraînée et bien équipée.
Il a débarrassé de l’armée l’esprit de « seigneurs de guerre » et les « féodalités » qui étaient la source de toutes les dissidences. La Base de l’Est devenant aussi une zone de transit et d’approvisionnement pour l’intérieur.
Le clash entre le GPRA et l’EMG était inévitable au vue des divergences. Le conflit allant en s’aggravant avant d’éclater en Juin 1961, l’artillerie de l’ANP a abattu un avion de reconnaissance au dessus du centre d’instruction de Mellag.
Son pilote Frédéric Gaillard fut capturé par l’Etat-major après avoir sauté en parachute en territoire tunisien accusé d’espionnage.
L’AFFAIRE DU PILOTE FRANÇAIS ET LE CONFLIT GPRA/EMG
Sous la pression du gouvernement tunisien, le GPRA a demandé de livrer le prisonnier aux autorités tunisiennes, mais Boumediene et ses collègues de l’EMG ont refusé prétextant que le pilote était mort. A la fin Boumediene finit par le livrer malgré l’opposition d’Ali Mendjeli et Kaïd Ahmed.
Le conflit GPRA/EMG sortait au grand jour ramenant Boumediene d’annoncer la démission de l’EMG. Le 15 Juillet le commandement de l’EMG présenta sa démission au GPRA.
L’EMG A SA TETE BOUMEDIENE REMET SA DEMISSION AU GPRA
Boumediene fait circuler une pétition accusant le GPRA et ses concessions à Bourguiba. Nous-mêmes officiers disait si Chadli on avait une pétition dénonçant les agissements du GPRA s’opposant à la désignation du commandant Moussa à la tête de l’EMG. J’ai recueilli rappelait Chadli les 21 signatures de la zone opérationnelle Nord.
Les officiers de l’Ouest sur impulsion de Kaïd Ahmed ont signé un mois après une pétition identique à celle de leurs collègues de l’Est contre le GPRA.Si Chadli revient sur Ahmed Bencherif pour dire qu’il revient à lui d’avoir assuré le franchissement de Bencherif les lignes Challe et Morice à partir de la zone montagneuse entre Aïn Beïda et Zeïtouna.
C’étaient Haddad Abdennour accompagné du conseiller militaire Khaled Nezzar et de deux sections pour sécuriser le franchissement.
Après avoir passé la ligne Challe, Bencherif et les djounouds tombèrent dans un accrochage où bon nombre laissèrent leur vie.
Bencherif sera arrêté à Sour El Ghozlane et fait prisonnier. Chadli a les larmes en évoquant la mort Sid Ahmed Tarkhouche tombé dans le champ de bataille à Laâyoun près d’Oum Tboul en 1961 en compagnie du moudjahid Chelbi Mohamed Chérif.
Après sa mort Chadli dira qu’il a nommé Bouterfa Fadhel à la mort de Sid Ahmed à la tête du 11ème bataillon.
CHADLI N’OUBLIE PAS SES FRERES DE COMBAT
Si Chadli n’oublie pas ses compagnons d’armes mort en service commandé dans les barbelés de fils électriques comme Haddad Abdennour, Yazid Benyezzar et Ahmed Lesnami à Aïn Laassel où une stèle commémorative fut érigée à leur mémoire.
Chadli n’oublie pas son ami le photographe yougoslave Stévan Labudovic, Zdravco Péçar, l’italien Epoldi et l’américain Edmond Ritchi qui ont été au coté de notre Révolution.
Ils ont immortalisé les moments de franchissement des lignes Challe et Morice. Labudovic a failli être pulvérisé par les B26 qui arrosaient de napalm le rocher où il filmait l’accrochage si ce n’était la vigilance de Chadli qui lui a dit de quitter le rocher.
RECONNAISSANCE DE CHADLI AUX AMIS DE L’ALGERIE
Chadli Bendjedid évoque Sidi Trad où il a lui-même inhumé l’écrivain, le psychiatre, le militant Frantz Fanon décédé dans un hôpital du Maryland aux USA soigné pour une leucémie.
Cet intellectuel martiniquais qui a rejoint la révolution avait travaillé avec Abane Ramdane à Tunis au déprtement information . Sa dépouille a été transférée car il avait demandé d’être enterré en Algérie.
Le GPRA a sollicité l’EMG pour trouver un cimetière de martyrs. C’est ainsi durant la 1ère semaine de Décembre 1961, sur instruction du SG de l’Etat major Est le lieutenant Aït Si Mohamed, le corps de Frantz Fanon fut enterré au cimetière des martyrs de Sifana sur le versant sud de Sidi Trad.
A l’indépendance Chadli fut le premier prisonnier de l’Algérie indépendante par les frères de la Wilaya 2 suite aux divergences GPRA/EMG.
Chadli disait dans ses mémoires que la guerre civile était à notre porte. Il faut coûte que coûte l’éviter.Boumediene traçait sa voie vers le pouvoir doucement mais surement.
Les alliances se faisaient et se défaisaient du jour au lendemain. Boumediene raconte Chadli dans ses mémoires en disant qu’il s’allia avec Benbella et Khider pour assurer une couverture politique à l’armée.
CHADLI ET BOUMEDIENE ENSEMBLE DANS LE MEILLEUR ET DANS LE PIRE
Boumediene en envoyant ses émissaires Bouteflika et Benyahia au château d’Aulnoy pour rencontrer les cinq prisonniers joua sur les rivalités et l’avivement des querelles en s’alliant avec Benbella.
Chadli raconte dans ses mémoires qu’il avait accompagné Boumediene pour accueillir à l’aéroport de Tunis le 14 Avril 1962 les cinq prisonniers d’Aulnoy libérés selon les Accords d’Evian.
Boudiaf était absent. Face à la crise Benbella proposa la réunion du CNRA du 21 au 28 Mai à Tripoli. De graves divergences raconte Chadli et il a du sur instruction de Boumediene de rentrer en Algérie.
CHADLI PREMIER PRISONNIER DE L’ALGERIE INDEPENDANTE
Chadli sera fait prisonnier une fois arrivé à Constantine dans la région d’El Milia. Il en sera de même pour Attaïlia, Hadjeres,Kaïd Ahmed.La Wilaya 2 était en rébellion contre l’EMG.
Seul Berdjem larbi Elmili rejoignit l’EMG. Le 24 Juillet Salah Boubnider convoque si Chadli et l’informa du dénouement de la crise. Un accord a été scellé avec Benbella et Boumediene. La crise de l’été Chadli l’a vécue dans tous ses drames.
Chadli parlera de Ché Guevara, du Général Giap, Yassar Arafat, Mao Zedong, Fidel Castro,Julius Nyerere et nombreux des chefs d’Etat d’Europe, d’Amérique du Nord et du Sud .
Il laissera pour Boumediene la fin de son ouvrage consacré à ses mémoires jusqu’ à 1979.
Il dira de lui qu’il « était introverti, taciturne et pudique.
Malgré la sévérité et la solennité qui se lisaient sur son visage, il cachait mal une grande timidité. Inflexible et efficace lorsque l’intérêt du pays était en jeu.
Dans sa vie de tous les jours il était humble ennemi du faste et de l’ostentation ».
La rencontre avec Boumediene « nous redonna confiance en l’avenir. Nous étions convaincus que l’homme avait été envoyé par la Providence pour sauver la Révolution ».
Il est de mon devoir de confirmer que nous tous assumons les grandes décisions prises sous sa présidence car Boumediene ne dirigeait pas seul ».
Chadli était loyal et fidèle à si Boumedienne dans tous les moments difficiles la crise de 1962, le 19 Juin 1965, la rébellion de Tahar Zbiri, les grandes décisions politiques et militaires il resta l’homme de principe.
Pour conclure sur le parcours de Si Chadli j’aimerais parler de 1979 à sa mort le 06 Octobre 2012 en attendant le deuxième ouvrage de ses mémoires. Dans la vie des hommes et des institutions il y a des moments qui restent indélébiles et qui marqueront à vie l’homme politique.
FIDELITE, TRAHISON ,INGRATITUDE ET RETOURNEMENT DES HOMMES
Tous les Présidents qui ont dirigé l’Algérie depuis Ferhat Abbas à ce jour ont connu la fidélité, la trahison des hommes et leur retournement.
Sur ces sujets nombreux, il y a beaucoup de déclarations d’intention. L’histoire dans sa durée fait émerger des contraintes dans l’exercice du pouvoir.
Se tissent des réseaux qui poussent les individus à rechercher les voies et moyens pour y parvenir au sérail.
Là où il y a pouvoir les enjeux de personnes créent l’inversion, le dépassement, le retournement, l’opposition dans tout ce qui paraître cabalistique pour arriver à des fins. La démarche politique sort de l’éthique.
Ainsi on peut en conclure que soumettre à la question le pouvoir en jeu et par là même en révéler les enjeux supposent la confrontation de position plurielle, différentes car une histoire sans acteur est difficile à restituer.
La vérité historique doit être fondée sur la perception pour entrer en contact avec la réalité des faits. Peut-on écrire l’histoire à travers ses failles et les exclusions qu’elle engendre ?
C’est pourquoi en évoquant en ce 9ème anniversaire de la mort du Président Chadli Bendjedid le sens à donner à la gouvernance, chaque Président a contribué au développement du pays dans les circonstances qui l’ont porté au pouvoir autour d’un consensus admis par le rapport des forces de ceux qui ont décidé de le choisir parmi ses pairs.
Il serait ingrat de vouloir porter le poids des difficultés, de l’échec ou de la réussite à un Président de la République dans l’accomplissement de sa mission sans associer la responsabilité de toutes les institutions et les hommes qui ont été choisis pour mener à bon port le développement du pays au plan économique, politique et culturel au regard des mutations qui s’opèrent dans notre monde d’aujourd’hui et dans une géopolitique à géométrie variable.
Aujourd’hui le Président Abdelmadjid Tebboune mène le même combat que ses prédécesseurs dans une conjoncture très ardue.
La crise sanitaire liée au corona virus , la lutte contre la corruption dans les institutions , la transition du pétrodollars vers l’agro-dollars et l’encouragement du produit national en comptant sur le potentiel humain algérien.
Le défi sécuritaire qu’entreprend l’Algérie devant une situation transfrontalière des plus sensibles, avec une Tunisie affaiblie, la Libye fragilisée, un Sahel enclos de tous les groupes terroristes, du trafic et du crime organisé, le makhzen au mains du sionisme qui essaye de désorienter le maghreb, mettant le destin de toute une région au service des forces du mal, bref tout semble être à l’encontre de tout effort décrété pour l’épanouissement du grand Maghreb.
Mais il s’avère que l’Algérie plus que jamais a démontré devant tous ces troubles qu’elle est en mesure de s’opposer contre toute menace exogène . incontestablement se dessine dans les horizons une force régionale et africaine de dialogue , de diplomatie en un mot , une force pour la paix ,l’équilibre et la stabilité pas simplement pour les deux rives de la méditerranée mais pour le monde tout entier.
En nous inclinant à la mémoire de tous nos martyrs, notre pieuse pensée ira à tous ceux qui sont morts et qui ont contribué à l’épanouissement de notre peuple. Aux Présidents décédés nous implorons Dieu de les accueillir dans son vaste Paradis. Allah Yarhamhoum .
(*) Dr Boudjemâa HAICHOUR
Doctorat d’Etat en économie monétaire et financière internationale
Magister en Agro- alimentaire
Licence intitulée «La part du gaz dans le développement national»
Chercheur Universitaire en histoire , Anthropologie et Généalogie ,
Ancien Parlementaire,
Ancien Ministre.
Notes bibliographiques /
1-Chadli Bendjedid : « Mémoires » T/ 1- 1929/1979.Casbah Editions-Alger2012
2-Fanon Frantz : « L’An V de la Révolution Algérienne » Maspéro Paris 1959
3-Leca J et Vatin : « L’Algérie politique, institutions et régimes»PFNSP Par 1976
4-Chergou Abmne : « Demain reste toujours à faire »ENAL Alger 1986
5-Ould Moussa B. : « Les chemins de l’indépendance » Sindbad Paris 1981
6-Taleb Ibrahimi Ahmed : « Mémoires d’un Algérien» T/2/3Casbah 2013
7-Meynier Gilbert : « Histoire intérieure du FLN 1954/62 Casbah 2003
8-Benkhedda Benyoucef : « L’Algérie à l’indép-la crise de1962 Dahleb1997
9-Harbi Mohamed : « Le complot Lamouri » in Ageron C.R Paris
10-H’mida Ayachi : « Les années Chadli Bendjedid 1978/ 1992»Dar Socrate
11-Scott Joan W., Théorie critique de l’histoire. Identités, expériences, politiques Paris, Fayard, 2009.