Le Sahara Occidental, paradoxe de l’Union Africaine
Quel triste sort que celui des Sahraouis tout de même ! Après avoir lutté tout au long de leur histoire contre toutes les forces impérialistes qui ont abordé sur leurs côtes (Portugais, Anglais, Français, Espagnols) et n’avoir jamais cessé le combat, ils eurent une lueur d’espoir lorsque la couronne d’Espagne décida de quitter le territoire au courant de l’année 1975.
Bien fugace espoir, cruellement anéanti par un événement inattendu, qui de sinistre mémoire a représenté pour les Sahraouis une véritable nakba (catastrophe) : l’invasion marocaine, que l’on a prétendu maquiller sous l’appellation cynique de “marche verte”.
https://lapatrienews.dz/lalgerie-et-les-causes-justes/
Pierre Galand en a dévoilé, en maintes occasions, l’envers (plutôt l’enfer) du décor. Des hordes de Marocains (entre 200 à 300 000), à qui l’on fasait miroiter une terre de lait et de miel (la terre promise), déferlèrent en Palestine…pardon au Sahara Occidental.
L’armée a pris soin, toutefois de “nettoyer” le terrain : empoisonnement de puits afin de briser la résistance des rebelles en les assoiffant, utilisation de napalm (probablement avec l’aide d’avions français).
Ah ! Le napalm ! Décidément une tradition des colonialistes. C’est toute une histoire. Histoire que l’on a, du reste, prétendu effacer des mémoires en brûlant cette “mauvaise herbe”. Ironique image au regard de ces contrées désertiques où toute verdure et toute vie y est si précieuse et si rare, n’est-ce pas.
Mais au juste, le Sahara Occidental est-il marocain ?
Sur cette question, laissons la parole ou plus précisément la plume au roi du Maroc, Mohamed III ben Abdallah, qui affirmait sans équivoque, dans sa lettre datée du 28 mai 1767, que les territoires correspondants au Sahara Occidental actuel n’étaient pas sous son autorité et par conséquent ne faisaient pas partie de son royaume. Cette lettre faisait suite aux préoccupations du roi d’Espagne, Charles III quant à la sécurité des pêcheurs espagnols au large du Sahara Occidental. Voici la réponse du roi du Maroc :
“… ces arabes (les Sahraouis) n’ont pas de lieu sûr ; ils changent de lieu quand ils veulent. Jamais, ils n’ont été assujettis, ni subordonnés à aucun gouvernement. C’est la raison pour laquelle ce n’est pas normal que je donne mon consentement, étant donné qu’il peut être préjudiciable aux habitants des îles Canaries… La côte, depuis Santa Cruz (Cap Ghir) vers le sud n’étant pas de ma juridiction, je ne peux pas la franchir, ni être responsable de ce qui peut y arriver…”
Ce document est consigné en annexe 33B, page 266 des mémoires et plaidoiries de la cour Internationale de Justice relatifs au problème du Sahara Occidental (voir également en annexe 33A la lettre du même roi au même destinataire) :
“L’Histoire ne se répète pas, elle begaie” disait Marx. Pour les Sahraouis, elle est restée figée dans un autre espace-temps. Alors que l’immense majorité des peuples du monde à connu un mouvement d’émancipation et s’est libérée du joug des puissances impérialistes, les Sahraouis (et les Palestiniens) subissent, encore de nos jours, la barbarie d’un siècle sensé être révolu, celui du colonialisme du 19ème siècle. Heures sombres de peuples à qui l’on prend et nie tout : la dignité, la culture, l’histoire, l’humanité.
La cause palestinienne et sahraouie est à l’heure d’aujourd’hui l’écueil sur lequel viennent s’échouer toute logique et sagesse humaine. Elle est devenue le curseur qui situe les États dans le camp de la justice, du bien ou au contraire de l’arbitraire et de la cécité morale. Car comment concevoir, pour ne prendre que cet exemple, que la défense et la protection de l’enfant pourtant placées parmi les priorités de l’organisation onusienne, celles-ci demeurent incompréhensiblement et scandaleusement muettes et sans effet lorsqu’il s’agit des enfants palestiniens et sahraouis ?
C’est pourquoi, l’Union Africaine ne doit pas souffrir qu’une telle injustice puisse perdurer, à plus forte raison dans notre continent, spolié et violenté durant des siècles. Elle doit peser de tout son poids et oeuvrer sans relâche pour intégrer la dernière colonie d’Afrique au sein de la communauté internationale et permettre à cet “orphelin”, oublié dans les limbes du temps, de rejoindre pleinement sa famille africaine.
D’ailleurs, cette colonisation, outre la négation de tout un peuple et de ses droits fondamentaux, n’a que des effets néfastes. Elle s’avère contreproductive pour l’intégration des ensembles régionaux, dont, entre autre, celui du Maghreb. En outre les revenus de l’exploitation des richesses du Sahara Occidental ont eu des emplois pas très catholiques ni très islamiques, semble-t-il, comme en témoignent les récents scandales de corruption au sein l’UE, mais pas seulement, l’UA, n’est pas (passez-moi ce jeu de mots) toute Blanche non plus, Pegasus, blanchiment de l’argent de la drogue (le Maroc est le 1er producteur mondial : où va tout cet argent ?), implication des services marocains derrière les activités du Mujao, etc.
Par ailleurs, le Maroc s’avère un “partenaire” peu fiable, car il a, à maintes reprises, exercé des pressions et des chantages (à l’immigration, tentative d’invasion de l’île Persil, ou de l’Algérie en 1963,etc) à chaque fois qu’il en a l’occasion. D’ailleurs, à l’instar de son alter ego sioniste, il ne reconnaît que les frontières issues de ses chimères : le “Grand Maroc”, territoire englobant une partie de l’ouest algérien et malien, toute la Mauritanie, jusqu’au fleuve Sénégal. Et c’est, semble-t-il, ce qui est enseigné par l’éducation nationale. Cet empire, fondé par les Almoravides, serait donc marocain, combien même ces derniers sont issus de tribus mauritaniennes, et par conséquent, s’il devait y avoir une quelconque prétention à ces territoires, elle devrait être revendiquée logiquement par les Mauritaniens puisque ce peuple existe encore (ou me trompe-je) et non à des usurpateurs de l’Histoire.
Ainsi, un Sahara Occidental occupé menace la stabilité, nuit au développement de la région et partant, celle de tout le continent. Tandis que l’indépendance de cet État renforcerait l’unité africaine et servirait de manière la prospérité des peuples de la région et la paix du monde. En somme, son indépendance ne gênerait qu’une seule et unique entité : le Makhzen.