Le secrétaire d’Etat américain est à Alger: La mission difficile de Blinken
Si le secrétaire d’état américain a inclus l’Algérie dans sa tournée, c’est évidemment en raison de son importance dans la région aux yeux des États-Unis et du rôle qu’elle pourrait jouer dans la conjoncture actuelle
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, est arrivé aujourd’hui à Alger de provenance de Rabat où il se trouvait dans le cadre d’une tournée qui l’a emmené depuis le 26 mars dernier à Tel-Aviv et Ramallah.
Accueilli à l’aéroport par des cadres du ministère des affaires étrangères et l’ambassadrice américaine à Alger, Blinken a été reçu, juste après, par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune en présence du chef de la diplomatie, Ramtane Lamamra.
Le secrétaire d’état américain a abordé avec ses hôtes les sujets portant sur «la sécurité et la stabilité régionales et la coopération commerciale», selon un communiqué du département d’État.
Le chef de la diplomatie américaine devrait confirmer la relance des relations économiques entre les deux pays, d’autant qu’il a été précédé en Algérie par plusieurs délégations d’opérateurs économiques US, versés dans l’économie verte et l’agriculture.
Il devrait également rencontrer des représentants d’entreprises américaines en Algérie et officialiser également les États-Unis en tant que pays d’honneur à la Foire internationale d’Alger.
Anthony Blinken n’abordera pas que les relations bilatérales surtout dans un contexte régional et international marqué par des événements et des chamboulements majeurs.
En fait si le secrétaire d’état américain a inclus l’Algérie dans sa tournée, c’est évidemment en raison de son importance dans la région aux yeux des États-Unis et du rôle qu’elle pourrait jouer dans la conjoncture actuelle.
L’Algérie est une puissance régionale, facteur de stabilité dans le Maghreb et au Sahel et un acteur incontournable dans la lutte contre le terrorisme dans la région.
C’est aussi un grand producteur de gaz et Bliken espère convaincre Alger d’accorder des quantités supplémentaires pour l’Europe qui cherche des alternatives au gaz russe.
Sa mission est difficile de tout son savoir-faire pour convaincre de la nécessité de réouverture du gazoduc Maghreb-Europe, sa sous-secrétaire avait échoué début mars. Mais sur cette question, Alger ne fléchira pas. Il ne s’agit pas seulement du Maroc et de son animosité mais aussi de l’Espagne et de son étonnant revirement sur la question sahraouie.
La cause juste du Sahara Occidental est aussi source de divergences entre l’Algérie et les Etats-Unis puisque l’administration Biden n’a pas pris de position claire pour le respect du droit international qui appuie une solution passant par l’exercice du droit à l’autodétermination.
Hier au Maroc, Blinken a certes évoqué la question sahraouie mais se gardant toujours de tenir le bâton par le milieu.
Il a ainsi considéré le plan d’autonomie proposé par le Maroc pour résoudre le conflit du Sahara occidental comme sérieux et crédible sans donner une approbation complète, affirmant qu’il représentait «une approche potentielle» pour résoudre le différend et qu’il faut soutenir les efforts de l’envoyé spécial de l’ONU, Stephan de Mistura.
C’est dire donc qu’Anthony Blenken attend beaucoup d’Alger mais qu’offrira-t-il en échange ?
Hayet Youba