Leila Zerrougui a occupé, durant deux décennies, des postes clés aux Nations unies : Rapporteuse spéciale pour les exécutions arbitraires, sommaires ou extrajudiciaires, Représentante spéciale pour les enfants et les conflits armée et représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU à la MONUSCO. Elle est, depuis quelques semaines, l’envoyée spéciale de l’Algérie auprès des Nations unis pour les grands partenariats. C’est en cette qualité qu’elle a organisé, sous la chapelle du ministère des Affaires étrangères, aujourd’hui à Alger, la cérémonie de la double célébration des 76 ans de la création de la Charte fondatrice des Nations unies et l’adoption, en 2000 par le Conseil de sécurité, de la résolution 1325 « femmes, paix et sécurité ». C’est donc naturellement qu’elle a parlé longuement et de manière soutenue de la condition féminine dans le monde. « Notre objectif est que l’Algérie soit présente dans le Conseil de sécurité de l’ONU » a-t-elle affirmé lors d’un point de presse improvisé. Deux heures plus tôt, le ministre des Affaires étrangères et de la communauté nationale a l’Etranger, Lemtane Lemamra, a égrené les enjeux de la candidature de l’Algérie (soutenue par l’Union africaine et la Ligue arabe) à un siège dans l’instance onusienne en tant que membre non permanent pour la période 2024-2025. Leila Zerrougui a estimé que c’est une opportunité pour les processus de paix et de sécurité défendus inconditionnellement par notre pays. « Nous allons promouvoir la résolution 1325 en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité, c’est-à-dire nous travaillerons avec d’autres États, comme l’a fait la Namibie, pour influer sur le cours des choses et ajouter des acquis à ce qui a été réalisé » a-t-elle plaidé. De par sa riche expérience acquisedans les zones de conflit dans le cadre de ses missions sous l’égide de l’ONU, Mme Zerrougui est catégorique : la femme offre généralement la solution aux crises sécuritaires et politiques.. Prises pour cibles par les belligérants, elle est attaquée dans sa dignité, dans son honneur, dans sa famille, dans son travail. Elle subit les violences,elle sait d’où elles proviennent et qui les assènent. « Il n’est plus possible de ne considérer les femmes que comme des victimes. Elle connaît les causes du mal et comment le réparer. Elle est partenaire dans les processus de paix » a martelé l’experte onusienne. La condition féminine s’est améliorée, certes en Algérie. Il faut continuer à travailler sur les failles qui persistent chez nous, à-t-elle recommandé, en relevant une régression dans la représentativité des femmes au Parlement. « La diplomatie étrangère est un reflet de la situation interne. Si nous ne réglons pas nos propres problèmes, nous ne serons pas crédibles à l’international. Nous devons jouer un rôle positif dans le règlement des conflits dans notre région et notre continent »a-t-elle épilogué.
Soulef Biskri