Les experts tirent la sonnette d’alarme : Des terres agricoles occupées par des revendeurs automobiles et supérettes
Paradoxe. Sur une superficie totale d’un peu plus de 2 millions de km², l’Algérie ne dispose que d’environ 8,5 millions d’hectares de terres réservées à l’agriculture, (SAU : superficie agricole utile), sans cesse menacées par l’avancée du béton.
Si, à divers niveaux de responsabilité, la protection des superficies agricoles est un principe communément admis, dans la pratique, les méthodes permettant d’assurer cette protection sont floues, insuffisantes et pas respectées « à tous les niveaux », par les autorités administratives, en particulier.
Les exemples « évidents « de détournement de terres agricoles se trouvent à proximité des grands ensembles urbains, où dans une « démarche de facilité », on s’approprie un espace non occupé par le béton « pour le bétonner ». Pis encore. Des « pseudos » investisseurs ont tout simplement accaparé des milliers d’hectares, avec la bénédiction de certains responsables insouciants, et/ou inconscients de l’étendue du désastre. On a vu en effet, des terres agricoles détournées à des fins urbanistiques ou pour y ériger des infrastructures, des parcs automobiles, des « supérettes » parfois, même des espaces de loisirs et des salles des fêtes.
« Malgré la loi, nos terres agricoles sont menacées par plusieurs facteurs parmi lesquels le détournement d’usages et autres formes d’agressions que subit ce patrimoine national. « Nous avons un potentiel limité de terres agricoles. C’est notre véritable trésor qu’il faut préserver», avait prévenu le Professeur Ali Daoudi, agroéconomiste, enseignant et chercheur à l’école nationale supérieure d’agronomie à El Harrach, lors de son intervention sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale.
Les textes existent en effet, depuis 1990, et ont été renforcés dans la loi d’orientation agricole de 2008, où le gouvernement a ajouté une couche pour protéger ce patrimoine en mettant en place de nouvelles dispositions.
«Le problème n’est doncpas dans les textes de lois. Vous voyez bien qu’il y a des lois qui protègent, mais dans la réalité les terres sont détournées», regrette-t-il. «Les textes de lois ne suffisent pas. Il faut d’abord une réelle volonté politique», estime le Professeur Ali Daoudi.
Conscient de cette réalité, le Gouvernement, à sa tête le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmanne, s’est décidé de (re) prendre les choses en main. Il est ainsi question de la mise en place de nouvelles règles concernant la mise en valeur des terres agricoles et leur concession.
Il s’agit, selon un communiqué des services du Premier ministère, d’un projet de décret exécutif définissant les conditions et les modalités d’attribution de terres relevant du domaine privé de l’Etat, à mettre en valeur dans le cadre de la concession.
Ce projet de texte, qui abroge le décret exécutif n 97-483 du 15/12/1997 fixant les modalités et conditions de la concession de parcelles de terre du domaine privé de l’Etat, dans les périmètres de mise en valeur, a pour objet de «mettre en place de nouvelles règles concernant la mise en valeur des terres et leur concession en application des dispositions de la loi n 08-16 du 03/08/2008 portant orientation agricole».
L’objet de ce projet de décret vise, selon le communiqué, à remédier à la situation actuelle qui présente des «insuffisances» en matière d’extension de la superficie agricole utile (SAU) par rapport au potentiel de terres disponibles.
Pour atteindre cet objectif, le projet de texte prévoit des mesures de facilitation et d’accompagnement des investisseurs notamment ceux porteurs de projets structurants et intégrés.
Ces mesures visent notamment à apporter plus de souplesse et de transparence dans le dépôt et l’examen des dossiers, à mettre en place une plateforme numérique pour la réception des demandes et le suivi de leur examen, à homogénéiser la procédure d’attribution, ainsi qu’à assurer le contrôle et le suivi de la réalisation des projets.
Dj. Am