Les mises au point d’Abdelmadjid Tebboune
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a accordé une entrevue, dans le cadre de ses rencontres périodiques régulières avec la presse nationale. Une coutume désormais inscrite dans les mœurs politiques contrairement à ce qui était pratiqué précédemment.
Le président de la République a, de nouveau, clairement affirmé qu’il ne s’agit plus de reproduire les mêmes pratiques que celles du passé, les pratiques d’exclusion et les pratiques claniques qui avaient le vent en poupe du temps de l’ex oligarchie prédatrice des ressources du pays. Qu’il est question, dans une voie sans retour, de rupture radicale avec l’ex oligarchie politico-financière, ses relais et ses démembrements.
Mais que les institutions du pays sont ouvertes à toutes les bonnes volontés, sans exclusive, du moment que celles-ci s’inscrivent dans la vision de l’Algérie nouvelle pour la construction d’un Etat de droit, fort et juste avec l’ancrage d’une véritable démocratie. La page est définitivement tournée.
Sur le plan politique et partisan, la révision de la constitution, une des principales promesses électorales du candidat Abdelmadjid Tebboune, est venu, à point nommé, pour concrétiser les aspirations de la population dans le domaine de la compétition électorale et du bannissement des agissements intolérables de certains élus nationaux, «gonflés par une immunité indécente et un corporatisme inepte», avec l’élimination de l’argent «sale», avec l’interdiction du cumul des fonctions publiques et activités ou professions libérales, prohibant les conflits d’intérêt, avec l’imposition effective de la déclaration de patrimoine, avec la limitation du mandat parlementaire à seulement deux mandats, avec la distinction dans le bénéfice de l’immunité parlementaire entre les actes liés à la pratique du mandat et ceux en dehors.
Concernant le volet consacré aux droits fondamentaux et libertés publiques, la révision a touché des amendements sur la protection des femmes de toutes les formes de violence, le droit à une compensation pour arrestation et détention temporaire, l’adoption du principe d’autorisation d’exercer la liberté de réunion et de manifestation.
La révision a introduit le régime déclaratif pour les réunions, les manifestations et la création des associations, l’autorisation de créer des associations et du principe de ne pas les dissoudre sauf par décision judiciaire, la protection de la liberté de la presse sous toutes ses formes, du droit à réparation pour toute personne ayant fait l’objet d’une arrestation ou d’une détention arbitraire.
S’agissant de la séparation des pouvoirs, la nouvelle constitution a consacré le principe de ne pas exercer plus de deux mandats présidentiels consécutifs, de renforcer le rôle du Premier ministre et de la fonction de chef du gouvernement (forme de cohabitation), de la limitation du mandat parlementaire à seulement deux mandats. Concernant le pouvoir judiciaire, la nouvelle constitution a remplacé le Conseil constitutionnel par une Cour constitutionnelle, qui sera incessamment installée.
De même que le renforcement des attributions de la cour des comptes, et de l’autorité de transparence et de lutte contre la corruption, l’interdiction du cumul des fonctions publiques et activités ou professions libérales, à éviter les conflits d’intérêt, et l’imposition de la déclaration de patrimoine. Sur un autre plan, l’autorité nationale indépendante chargée des élections constitutionnalisée ainsi que la consécration de la liberté de la presse.
La liberté de la presse, audiovisuelle et sur les réseaux sociaux est garantie de façon égale pour tous les médias publics ou privés. Elle n’est restreinte par aucune forme de censure préalable.
Le Hirak, mouvement populaire du 22 février 2019 est inscrit dans le préambule de la Constitution du pays.
Une constitution, loi fondamentale du pays, pour la première fois non soumise aux conjectures politiciennes, aux aléas de personnages ou aux visées électoralistes.
L’heure est à la concrétisation des acquis de la nouvelle constitution, à la mise en place des nouveaux organes exécutifs et consultatifs prévus par la nouvelle loi fondamentale et à l’exclusion de toute forme d’obstruction, sans oublier l’adoption du nouveau code électoral qui consacre l’exclusion définitive de l’argent sale, et de l’argent, tout court, de la compétition des urnes, code électoral qui ouvre grandes les portes aux jeunes et aux représentants de la société civile, de la participation aux échéances électorales apportant ainsi un renouveau de la classe politique.
Code électoral qui modifie de manière révolutionnaire le mode de vote, notamment pour l’APN, en fait un panachage subtil entre le scrutin de liste et le scrutin uninominal, qui permet aux candidats, quelque soit leur position sur une liste, de s’appuyer sur leur ancrage populaire.
Un renforcement donc de la force de la légitimité populaire, source de tout pouvoir qui permettra tenue d’élections honnêtes et transparentes pour le renouvellement de l’APN, institution constitutionnelle fortement décrédibilisée, puis simultanément des assemblées locales, pour consacrer définitivement la primauté de la légitimité populaire sur toute autre légitimité. Dans ce cadre, le président Tebboune n’a pas hésité à rappeler que l’ANP se conforme strictement à ses missions constitutionnelles sans intervenir dans le débat partisan, étant lui-même ministre de la défense nationale.
Enfin, le président Tebboune a tenu à mettre en lumière les différentes attaques ignominieuses dont est victime l’Algérie, de la part d’officines occultes étrangères, notamment de celles du Makhzen, mais aussi internes avec des menées contre révolutionnaires des larbins et autres valets de l’ex oligarchie déchue en collusion avec ceux actuellement détenus et condamnés pour faits avérés de corruption, d’abus de biens sociaux et de trafic d’influence.
Yasmina HOUMAD