Les stations-service déficitaires
L’escalade des prix dans ce pays ne touche pas seulement les carburants mais aussi des denrées alimentaires, ce qui a déclenché un mouvement de mécontentement contre la vie chère qui reste, pour l’heure, limité.
Hayet Youba
Rien ne va plus au Royaume. Après les grandes manifestations citoyennes, les grèves syndicales et la sécheresse qui créé une grande crise de blé, voilà que le voisin de l’ouest fait face au spectre d’une paralysie générale de toutes ses stations-services. Et si cela venait à se confirmer, les conséquences seront désastreuses sur l’économie marocaine, étant donné qu’en l’absence de carburant, tout sera à l’arrêt. La Fédération nationale des propriétaires, commerçants et gérants des stations-services au Maroc qui a lancé cette menace exige du gouvernement la poursuite du dialogue afin de trouver des solutions à de nombreux problèmes que les employés dans ce domaine rencontrent. Il s’agit principalement de l’incapacité des affiliés de la Fédération à s’approvisionner en carburant. Il s’agit aussi de l’augmentation continue de la cotisation minimale alors même que « la plupart des stations-service sont déficitaires » comme l’a affirmé la Fédération demandant à ce que le gouvernement l’invite à la table des négociations. En vain ! Depuis plusieurs semaines, les représentants des pompistes donc tentent de porter leurs préoccupations au ministre de tutelle mais ce dernier fait la sourde oreille. Face à une attitude aussi irresponsable, la Fédération se dit surprise et annonce une grève nationale bientôt pour préserver les droits des stations-service, lesquels sont aujourd’hui sous «la menace d’un arrêt de leurs activités». Il faut rappeler à ce propos que le Maroc sort d’une série de grèves contre la flambée des tarifsdes carburants et des marges bénéficiaires des distributeurs d’hydrocarbures. Au moins six syndicats des transporteurs routiers marocains auxquels se sont joints 75% des transporteurs de marchandises et même les taxieurs, exigeaient alors le plafonnement du tarif des carburants et des marges bénéficiaires des distributeurs d’hydrocarbures depuis l’envolée des prix à la pompe, accentuée par l’invasion russe en Ukraine. Il s’agit là d’un dossier bien explosif pour le gouvernement et qui n’est pas le seul. Car, l’escalade des prix ne touche pas que les carburants, mais aussi des denrées de base, ce qui a provoqué des manifestations, pour l’instant éparses, contre la cherté de la vie. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, le Maroc est accablé par une sécheresse exceptionnelle, alors que son économie est très tributaire du secteur agricole, premier contributeur au PIB, à hauteur de 14 %. C’est dire que le royaume chérifien est assis sur une poudrière et la colère populaire va bientôt explosée.
H.Y.