Liban : Élections législatives sur fond de crise profonde
Les Libanais ont rendez-vous ce dimanche, avec les urnes pour élire de nouveaux députés, sur fond de crise économique, financière et politique.
Ces élections législatives, sont aussi les premières, depuis l’explosion dévastatrice d’il y a deux ans dans le port de Beyrouth. L’accident avait fait plus de 200 morts, des milliers de blessés et autant de déplacés.
« Beaucoup de Libanais estiment que l’absence d’une enquête complète et appropriée est révélatrice de l’inertie du système politique », s’accordent à dires des observateurs.
Au-delà, les libanais sont plutôt préoccupés par les difficultés socioéconomiques. La flambée des prix du carburant, qui fait de chaque déplacement en voiture un luxe, pourrait dissuader de nombreux Libanais d’aller voter. Selon un rapport publié en avril par l’ONG Oxfam, seul 54 % des 4 670 personnes interrogées ont déclaré vouloir mettre un bulletin dans l’urne.
Le constat de la Banque mondiale est également peu reluisant : « le Liban connaît l’une des pires crises économiques au monde depuis le milieu du XIXe siècle. Sous le poids de l’inflation, la monnaie libanaise a perdu plus de 90 % de sa valeur et près de 80 % de la population a sombré dans la pauvreté », avait-elle relevé.
Une situation qui a incité de nombreux Libanais à fuir leur pays. D’après l’Observatoire de la crise de l’Université américaine de Beyrouth, la crise économique actuelle a entraîné le départ de 300 000 personnes en seulement deux ans, ce qui en fait le troisième exode massif de l’histoire du pays.
« La combinaison de ces crises a incité des militants connus et de nombreux groupes d’activistes à se jeter dans la mêlée politique pour tenter de résoudre les problèmes du pays. Mais la transformation de ce mouvement en entité politique s’est vite heurtée au système politique libanais, semé d’embuches bureaucratiques, de dilemmes idéologiques et de défis organisationnels », analyse-t-on.
Alors ce vote de 2022 sera-t-il l’occasion attendue de rabattre les cartes ? La question mérite d’être posée puisque celui-ci, « constitue le premier test électoral majeur depuis le mouvement de contestation qui a émergé en octobre 2019 ».
«Je m’attends à un parlement plus fragmenté où l’opposition pourra se ressaisir et être un moteur de changement et de réforme», estime Sami Nader, directeur de l’Institut du Levant pour les affaires stratégiques, cité par France 24.
Mais le plus grand « bouleversement du scrutin de 2022 » est sans nul doute l’absence de Saad Hariri.
En janvier dernier, l’ancien Premier ministre a annoncé de manière fracassante que ni lui, ni son parti – le Courant du Futur –, ne se présenteraient à des élections ultérieures.
Avec le retrait de Saad Hariri, de nombreux sunnites libanais se sentent privés de leurs droits et leur taux de participation devrait diminuer. Près de 30 % des personnes ayant voté dans les districts des bastions sunnites en 2018 ont déclaré qu’elles ne participeraient pas au scrutin, a prévenu le sondeur Kamal Feghali, dans un entretien accordé à l’agence Reuters.
Y.Y